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Un -
« La condition des femmes est, ainsi que toutes les autres, heureuse quand on a les vertus qu'elle demande ; malheureuse, quand on se livre aux passions violentes, à l'amour qui nous égare, à l'ambition qui nous rend intrigantes, à l'orgueil qui nous corrompt et nous dénature. L'homme qui désirerait être une femme serait un lâche, la femme qui voudrait pouvoir devenir un homme ne serait déjà plus une femme. »

- Madame de Genlis.

Printemps 1990, Iran, village de Cham-e-Riz.

O M N I S C I E N T

La nuit venait de tomber sur le village de Cham-e-Riz, tout les habitants de notre petit village iranien étaient cloîtré chez eux entrain de manger ou de dormir.

Sauf lui. Lui qui cherchait en pleine nuit, à cette heure encore grise qui n'appartient pas tout à fait aux vivants, une idée, un petit mensonge qui pourrait le séparer de sa femme.

Sa femme, Elnaz, mère de ses enfants, qu'il jugeait un peu vielle, – malgré qu'elle venait d'avoir la trentaine –, insolente de temps en temps, et qui, ne l'intéressait plus, surtout. Cette femme qui s'est vu se marier de force à cet homme, cruel, sans pitié. Cette femme qui s'est offerte à lui de force, encore une fois. Cette femme qui à porter quatres enfant durant neuf mois. Cette femme qui lui prépare de quoi manger dans le silence.

Cette femme là, Elnaz, son mari n'en voulait plus. Et durant cette nuit ou la lune scintillait de mille feux, cet homme, Mehran, venait de trouver le mensonge qu'il lui fallait. Ce mensonge qui causera la perte de son ex bien-aimée.

Notre héroïne, Elnaz, venait d'enfiler son tchador, – voile noir qui recouvre la tête des femmes iraniennes musulmanes chiites retombant jusqu'au cheville – s'apprêtant à sortir elle et sa fille Elaleh voir une de ses amies, Firouzeh, pour lui confier ses peines et de se voir réconforter.

Elle toque deux fois, puis trois, avec une intervalle de cinq secondes afin que son amie sache que c'était bien elle. C'était un de leurs nombreux petits codes à elles deux, seulement. Firouzeh invita sa camarade à rentrer, deux verres de thé étaient disposés sur la table basse et les voilà déjà entrain de discuter.

- « Mes fils ne m'adressent plus la parole, ils me rejettent, selon eux je ne suis qu'une putain, une fille de joie qui ne sert strictement à rien mis à part pour les tâches ménagères. T'en rends-tu compte ? Mehran a réussi à les retourner contre moi, il ne me reste plus que ma fille.. » dit Elnaz, notre jeune iranienne, désespérée.

« Je ne saurais pas quoi te dire mon amie.. Cet homme est horrible. Et pourquoi te fait-il subir cela ? Tu n'en as donc aucune idée ? » questionna Firouzeh.

- « Ô Firouzeh ! Bien sûr que oui, bien sûr qu'il y a une raison à tout cela ! Si seulement tu savais.. Il veut ne veut plus de moi, il compte me jeter pour se remarier. »

Firouzeh – qui elle même s'était vu rejeter par son mari pour une autre – plaqua ses mains à sa bouche, surprise de ce qu'elle venait d'apprendre.

– « Et dis moi.. Tu ne connaîtrais pas cette femme avec qui il souhaite se marier ? »

- « Si, si.. Elle se nomme Reyhan. Tu sais, la fille de Soraya ? »

— « Elle n'a même pas encore quinze ans ! » s'exclama Firouzeh.

Elnaz haussa les épaules pour simple réponse et regarda sa fille qui jouait tranquillement avec la fille de Firouzeh. Si seulement elle savait que dans peu de temps, elle ne verra plus jamais sa mère se dit Elnaz intérieurement.

— « On va trouver une solution, je te sortirais de ce pétrin Elnaz. » finit Firouzeh le sourire aux lèvres.

Il était bientôt quatre heure de l'après-midi, l'Asr approchait à grand pas et les femmes devaient commencer à préparer le dîner pour leurs hommes.

Elnaz, manquant d'aneth pour son Baghali Polo – plat perse composé de riz aux fèves et à l'aneth accompagné d'agneau –, plat préféré de ses fils d'ailleurs, se prépara à re-sortir pour en acheter.

Arrivée au hanout – petite épicerie – géré par Ehsan, elle acheta tout de ce dont qu'elle avait besoin et discuta un peu avec Ehsan.

- « Ehsan, dis moi.. Comment va Hesam, ton fils ? »

– « Il est plutôt mal en ce moment, depuis la mort de sa mère, il est plutôt seul étant donné que je travaille et il manque de présence féminine.. »

- « Ô le pauvre.. Je m'excuse sincèrement. »

– « Dis moi Elnaz.. Tu aurais besoin d'argent ?  »

- « Non non, Ehsan, al hamdûliLah, pourquoi ça ? »

– « J'aimerais te demander un service..? » dit Ehsan gêné.

- « À propos de ton fils n'est-ce pas ? » demanda Elnaz perspicace.

« Exactement.. Cela te dérangerait de t'occuper de lui lorsque je ne suis pas présent ? »

- « Il n'y aucun soucis ! Évidemment Ehsan ! Ça sera avec plaisir. »

« Je te remercie Elnaz, sincèrement, merci.. » finit Ehsan, soulagé de savoir que son fils ne sera plus seul.

Si seulement Elnaz savait qu'en voulant rendre service, c'est Mehran qu'elle aidait à effectuer son idée diabolique..

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« Le récit d'une lapidée. »

@MentalStoique

Le récit d'une lapidée. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant