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Deux -

Printemps 1990, Iran, village de Cham-e-Riz.

O M N I S C I E N T

Une dizaine de jours étaient passés, Elnaz enchaînait les allers-retours entre chez Ehsan et chez elle. Elle s'occupait du petit Hesam comme si il était son propre fils, elle le nourrissait, jouait, riait avec lui jusqu'à que son père revienne de sa journée de travail. Hesam comblait ce manque d'amour, l'amour d'un fils.

Mehran, quant à lui, le fait que sa femme entre et ressorte de la maison d'un autre homme que lui l'arrangeait. Il attendait juste le moment venu pour mettre son plan à exécution. En attendant il discutait de ses idées contre Elnaz avec l'imam. Celui-ci, aussi sournois et diabolique que  Mehran, approuvait totalement cela, n'appréciant pas Elnaz également. Il fallait juste qu'il en discute avec Ehsan ainsi que le maire.

Tout n'est plus qu'une question de temps.

- « Laisse moi te soigner Kazem ! » cria Elnaz.

« Ne me touches pas ! Éloigne toi de moi ou tu vas en subir les conséquences. » répondit Kazem, son fils, en levant la main.

- « Tu saignes, laisse moi juste te bander le bras.. »

Kazem se releva, le bras ensanglanté  – d'une couleur rouge à en faire fuir plus d'un –. Le liquide rougeâtre coulait sur le bras musclé de son fils et arrivé jusqu'à sa main. Il leva sa main et claqua sa mère d'une puissance spectaculaire à la faire tomber, avant de cracher à ses pieds.

– « Sale putain. » répliqua Kazem avant de partir.

- « Mon fils.. » dit Elnaz en pleurs.

Après le départ de Kazem, c'est Shahin et Sohrab – jumeaux – qui rentrent, l'un avec l'arcade sourcilière ouverte et l'autre l'aidant à marcher.

- « Qu'est-ce qui s'est passé ? » accourût Elnaz apeurée et la joue rougie par la claque de Kazem.

« Tu me touches pas. » dis Shahin en repoussant sa mère. « Ramène moi juste de quoi me soigner et casse toi. »

Le regard de la jeune femme s'adoucit, elle était contente de pouvoir se rendre utile pour l'un de ses enfants au moins, malgré que les trois garçons la détestaient toujours autant.

« J'ai pas tout ton temps, dépêche toi. Et prépare de quoi manger, on a faim. »

Elnaz hocha la tête et se précipite vers l'armoire où était la trousse de secours avant de repartir vers la cuisine pour nourrir ses deux garçons.

Voilà à quoi se résumait la haine que ses fils lui apportait.

Aujourd'hui Ehsan avait rendez-vous avec l'imam et Mehran. Ils devaient lui parler de leur plan, comme ils l'avaient fait avec le maire. Celui ci était une simple tâche d'ailleurs, quelques rials – devise iranienne – et le tour était joué. Mais ils savaient que Ehsan serait beaucoup plus compliqué à acheter...

- « Vous m'avez demandé ? » questionna Ehsan.

– « Ah Ehsan ! Entre mon fils, entre. Nous avons moi et Mehran, à te parler. » dis l'imam.

Ehsan s'avança vers les deux hommes qui l'invitèrent à s'assoir, ce qu'il fit, méfiant.

– « Alors comment tu vas ? Ton fils ? Tout vas bien ? » commença l'imam.

- « Tout vas pour le mieux, merci. Que le voulez vous ? Pourquoi m'avoir appelé ? »

– « Tu es pressé à ce que je vois.. Elnaz travaille bien pour toi ? »

- « Oui, elle est vraiment valeureuse cette femme. Tu as de la chance de l'avoir Mehran. »

– « Hm. Trêve de plaisanterie. Elle est surtout vicieuse. Dis moi.. Elle n'a jamais essayé quoi que ce soit avec toi ? Des attouchements ou autre ? »

- « Non, non, elle repart toujours chez elle deux minutes avant que je revienne. »

– « Pourtant, certains habitants m'ont fait part des gémissements qu'ils entendaient lorsque tu rentrais.. »

- « Mensonge ! Jamais je n'oserais et elle non plus ! »

— « Écoute Ehsan, inutile de la défendre. Cela fait plusieurs fois qu'on me répète cela. Dis nous la vérité, elle sera morte au plus tard après demain et plus jamais on entendra parler de cette créature immonde. » dis Mehran, agacé, qui ne parlait depuis tout à l'heure.

– « N'avez vous pas honte ? Accuser une pauvre femme à tord ? N'avez vous pas honte de vous fiez aux mauvaises langues ? Je m'en vais. » riposta Ehsan avant de s'en aller. »

La première tentative était, en tout cas, un échec spectaculaire, la tâche va s'avérer plus dure qu'ils ne le croyaient.

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« Le récit d'une lapidée. »

@MentalStoique

Le récit d'une lapidée. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant