«Ain't no sunshine when she's gone.»

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Ouais, Bill Withers, moi aussi, quand j'la quitte du regard c'est comme si un nuage noir se formait au d'ssus d'ma tête, assombrissant mon horizon. C'est comme si, sans aucun putain d'avertissement, toute source de lumière disparaissait en même temps qu'elle. Alors quand elle est là, et que j'peux la voir, elle et ses cheveux, ses yeux, ses lèvres, et son sourire en coin qui pourrait me damner, quand j'peux la voir, toute entière, des fois, j'en perds la tête. J'me rappelle d'nos nuits passées et d'nos futures. J'imagine inconsciemment l'goût d'sa bouche rosée et humide, la saveur de sa peau pâle que j'voudrais croquer à pleines dents ainsi que chaque ligne d'son corps frêle qui frémit doucement sous mes doigts vagabonds. J'nous imagine, dansant sur un standar d'jazz ou secouant la tête sur un bon vieux rock crachant sur l'monde. Je m'imagine la faire virvolter sur une piste faite d'étoiles jaunes, satins, et indigo s'il le faut, parce qu'il faut pas s'mentir, elle est belle c'te couleur. Ou j'm'imagine bien l'enlever sur les routes cabossées d'Écosse, chevauchant la vieille Triumph rafistolée. Pis, nous nous envolerons vers Mars, Neptune et Jupiter pour s'enrouler dans les anneaux d'cette dernière, histoire d'être au chaud dans not' p'tit espace ((même si moi, j'préfère ses bras)).
Et là, j'me rappelle que jamais j'pourrais réaliser tous ces fantasmes.
Bah tout simplement, parce qu'en fait, elle n'existe pas.

Doux ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant