{14 Juillet 2013}
Accoudé au balcon de son appartement, dans sa petite ville tranquille, Min YoonGi regarde sans grand intérêt le spectacle coloré qui se déroule un peu plus loin. Au dessus de la rivière située juste en face, des éclats de poudre en feu scintillent dans le ciel nocturne, qui jusque là était paisible.
Une combustion de potassium, puis de strontium, les différents éléments s'enflamment dans le ciel pour lui donner des couleurs vives, contrairement aux astres habituels qui circulent dans la stratosphère.
Le jeune homme, lui, souffle la fumée de sa cigarette, qu'il tient au bout de ses deux doigts. En 20 ans de vie, des feux d'artifices, il en a vu passer tellement. Ce bruit de détonation, toujours un peu retardataire face à l'explosion de la poudre, il le connaît bien maintenant. Ses oreilles ne souffrent plus de ce bruit là, mais surtout, son cœur ne répond plus à ce « boum ». Il reste fermé dans sa poitrine, sans émotion, sans un battement plus fort que l'autre. Oui, ce fameux « boum » ne lui fait plus d'effet, il ne le ressent plus dans sa carcasse fatiguée.
Un soupire las, un mégot écrasé dans le cendrier, et le jeune homme aux cheveux gris s'assoit dans une chaise en plastique, continuant de vaguement observer le calcium mélangé à l'antimoine s'enflammer dans la nuit. Gris oui, ses cheveux sont gris. C'est la façon dont il voit la vie, titane ou aluminium. Pour lui, il n'y a pas de bonheur, de bien, de malheur ou de mal. Tout n'est qu'un mélange quelconque d'événements, d'éléments, menant tous à une teinte cendrée, inexpressive.
Le bouquet final, tout se déchaîne, ce genre de tempête sonore, cette agression auditive que tout le monde semble adorer. Les gens plus bas, attroupés sur le pont, ont l'air ravis, émerveillés. Ils se rendent compte qu'une partie de leur fric passe dans cette stupidité ? Oui, c'est un peu ça aussi, ce qui crame dans le firmament. Le vert du baryum, plus éclatant que celui des billets qu'ils ont tous lâché pour fêter l'événement. Pour quelques explosions bruyantes, trop colorés, artificielles, YoonGi aussi, voit son argent s'envoler. Il s'en fout, il n'en tire ni satisfaction, ni colère. Ce n'était que du papier. Ce n'est que de la poudre brûlée.
L'orchestre des artificiers finit de se jouer. Le public applaudit, ses oreilles sont rassasiées, ses yeux sont pétillants, son cœur bat encore comme s'il rejouait le morceau. A l'image d'une seule entité, la foule fait demi-tour, dans un brouhaha moins harmonieux que le précédent, puis se coupe de façon fluide, prenant deux chemins différents. Certains vont au bal, à la buvette. Ils s'amusent, dansent, et tentent d'oublier la routine d'une vie normale à la presque campagne. D'autres rentrent maintenant chez eux, il se fait tard après tout, il faut coucher les enfants, et les grands parents.
YoonGi scrute le ciel, recouvert d'un voile de fumée blanchâtre. Il n'y a pas de vent aujourd'hui, elle mettra donc du temps à se dissiper. Il ne pourra pas regarder les étoiles ce soir. Pourquoi fait-il ça d'ailleurs ? Même lui ne le sait pas. Au fond, peut être qu'il attend que l'une d'elles tombe du ciel. C'est ridicule, il en pouffe ironiquement de rire en secouant la tête.
Le cendré se relève et range sa chaise. Il entre à l'intérieur, il y fait déjà plus lourd, il laissera donc sa fenêtre ouverte. Il faut maintenant coucher les jeunes adultes délaissés.___________ ☄____________
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Fireworks
FanfictionChaque nuit, de chaque 14 Juillet, au beau milieu de l'été, se joue un orchestre poudreux effectué par des artificiers. Et chaque nuit, de chaque 14 Juillet, sur le balcon d'un immeuble français, se retrouvent deux âmes qui, par le destin, ont été l...