Chapitre 24: Et par un beau matin...

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PDV Grey
Le soleil était déjà levé depuis quelques heures, le doux piaillement des oiseaux sonnant à mes oreilles comme la mélodie d'une petite boîte à musique, semblable à celles qui enchantent les enfants et désespèrent les parents. Quelque peu à contre-cœur, c'est un aveux que je vous fais là, je m'étirai et ouvris un œil, observant la place vide dans le lit à côté de moi. Tiens ? Où était donc passé ma princesse ? Se pourrait-il que j'ai rêvé ? Que les événements d'hier soir n'aient été que le simple fruit de mon imagination ? Pourtant je sentais encore sa peau contre la mienne, le goût de ses lèvres, le son de sa voix... Une douleur, pas fulgurante, juste assez pour faire un beau bleu, si vous voulez mon avis, traversa ma colonne vertébrale. Par réflexe je me retournais, et tombais nez-à-nez avec six hommes. Je reconnaissais immédiatement l'uniforme des gardes royaux du pays d'Agoa sur cinq d'entre eux. Quand au sixième, c'était sans doute la personne que j'avais le moins envie de voir au monde, et ce malgré notre lien de parenté. Le premier prince de Frozen arborait un air triste sur lequel ses vêtements riches et colorés juraient. L'un des gardes retenait Juvia contre lui, tenant fermement ses bras bloqués derrière son dos. Elle n'était vêtue que d'une simple nuisette qui ne montrait que bien trop ce qui m'appartenait et ses yeux était remplis de larmes, mélange de douleur et d'une profonde terreur. Je serrais les poings. Comment nous avaient-ils retrouvé ?! J'avais pris garde à donner un faux nom à chaque fois ! Faut croire que nos réputations à nous deux étaient plus étendues que je ne le pensais...

- Mes soldats viennent me prévenir ce matin qu'ils ont retrouvé ma fiancée. J'arrive et, que vois-je ? Mon frère au lit avec ma promise ?! Quel ignoble découverte ! Lança mon frère avec son fameux air théâtral.

Il se moucha bruyamment dans un tissus blanc cassé fourni par l'un des gardes. Ça y est ! Voilà qu'il se la jouait vierge éploré ! Alors qu'il continuait son monologue sur l'horrible découverte que pouvait être le fait de découvrir que la princesse qu'il devait épouser avait préféré s'envoyer en l'air avec son petit frère, je jetais un rapide coup d'œil autour de nous. La porte était fermé et l'un des garde se tenait devant, la fenêtre était obstruée par la présence d'un Lyon « effondré » et ils retenaient Juvia prisonnière. Aucune échappatoire n'était possible et puis, de toute façon, je n'avais pas très envie de me balader dehors avec le haricot à l'air. Non pas que ça me gêne, surtout vu le nombre de fois où des servantes avaient retrouvé mon aîné dans un accoutrement similaire en train de cuver son vin dans l'un des nombreux couloirs du palais de glace, mais surtout parce que je me voyais très mal entrer dans une boutique en disant « Bonjour ! Je voudrais des vêtements parce que j'ai pas put récupérer les miens au moment où m'ont frère m'a surpris à dormir avec sa future épouse ! ». Je soupirais. Je n'avais plus le choix, je ne pouvais plus m'enfuir. Du moins, pas sans prendre le risque de devoir leur laisser Juvia, et c'était à présent le genre de risque que je n'étais plus prêt à prendre.

- C'est bon Lyon !! Ferme-la !! On se rend, ok ? Pas la peine de nous faire ton sketch encore des heures ! Le coupais-je, espérant mettre fin à ses déblatération incessante.

Un des soldat posa la main sur la garde de son épée, prêt à dégainer pour me faire payer mon insolence, mais Lyon lui intima de ne rien faire. Dans le mépris le plus total de ce qu'ils pouvaient me faire, je ramassais mon caleçon et l'enfilait. Je sautais sur mes pieds et leur adressait un regard de défi, accompagné de ce sourire ironique que m'inspire la royauté.

- Alors on y va ? C'est pas tout ça mais je risque d'attraper froid, si vous vous grouillez pas.


PDV Juvia
Assise sur la confortable banquette du fiacre royal, le dos droit, les mains serrées sur les cuisses, je regardait par la fenêtre. Les paysages défilaient, dans le sens inverse de ceux que j'avais vu lorsque j'étais encore avec Grey. En arrivant ici, Lyon avait tout prévu. Craignant pour son image, bien que, d'après ce que j'ai vu du personnage, je pense qu'il s'agisse d'une décision venant d'un conseiller ou d'un autre poste chargé de communication, il m'avait fait préparer une robe de rechange, et un coiffeur avait remis de l'ordre dans mes boucles emmêlées par cette nuit. J'étais à nouveau la même personne qu'avant. Cette princesse formatée, dont la prétendu perfection n'était dut qu'à une stupidité et une naïveté qui me faisait honte. Une princesse robotique, au idée toujours rêvées sans jamais être réalisées. Une idiote sans cervelle qui ne réfléchissait jamais au conséquences de ses actes. Mais non, je ne voulais plus être cette personne. Quelque chose au fond de moi avait changé, il m'avait changé. Je ne voulais plus continuer à subir. Je soupirais. Me voilà en train d'avoir des pensées révolutionnaires, maintenant. Hors tout cela omettait un détails bien trop important : Que pouvais-je faire seule ? Malgré mon titre je n'étais rien. On a de crédible que ce que nous accordent les gens autour de nous. Et moi, ils ne m'accordaient rien. Rien de plus que le rôle de la pauvre petite princesse sans défense à qui on pouvait faire faire tout ce que l'on voulait. Et puis, Grey ne m'avait-il pas déjà abandonné en se rendant ? Je sentis une main attraper la mienne comme cela se fait dans la royauté. Je me retournais au moment où le prince Lyon déposait un baiser sur le dos de ma main.

- Tu me sembles bien soucieuse, Juvia. Ne veux-tu pas dire à ton fiancé quel est la chose qui te tracasse ?

Était-il stupide au point de ne pas savoir ou alors faisait-il exprès de ne pas y faire référence ? À vrai dire, la première solution me paraissait la plus probable. Avec un air de dégoût, je détournais le regard de lui pour le reposer sur le paysage extérieur. Non qu'il soit si intéressant, juste que je n'avais pas envie d'avoir à lui répondre. Je sentis ses lèvres glisser sur ma main gantée, remontant lentement mais sûrement le long de mon bras. Alors que je m'apprêtait à lui retirer la peau sur laquelle il s'acharnait, il ne la tint que plus fermement et sa main droite vint presser sur mon ventre, collant mon dos contre son torse. Je me rappelais que Grey avait eu un comportement similaire, mais mes sentiments étaient tout autres. Là où dans les gestes du plus jeune des frères je n'avais ressentit que désir et amour, je voyais dans les gestes de l'aîné une forme d'avidité malsaine qui ne pouvait obtenir de moi qu'un profond dégoût. Sa voix, trahissant une certaine colère, à la limite de la haine, se glissa à mon oreille.

- Tu rêves encore à Grey, n'est-ce pas ? Quel dommage qu'une princesse comme toi se gâche pour un idiot tel que lui...

- Ce n'est pas un idiot !!

Les mots étaient sortis tout seuls, sans que j'ai put envisager un instant de les retenir. Comment pouvait-il se permettre de l'insulter, lui, son propre frère ?! De plus, il n'avait rien fait de mal, à part peut-être le fait de refuser les injustices ! Il était juste différent, et c'était pour ça que je l'aimais. Alors que je le fusillais du regard, Lyon éclata d'un rire sonore :

- Et bien ! Tu es vraiment amoureuse, dit moi !

Puis son rire se transforma en un sourire cruel, me rappelant étrangement celui d'un loup blanc que j'avais rencontré avant que tout cela ne commence.

- Mais crois moi, un jour c'est moi que tu aimeras. De gré, ou de force !

C'est à ce moment là, je crois, que j'ai commencé à prendre conscience que je devais avoir peur.

[Fairy Tail] Juvia princesse plus si parfaiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant