After School [boyxboy]

20. Évadés

Le jeudi, César laisse une enveloppe dans le bureau, avant d'aller en cours. Il gare la Volvo hors de la vue des étudiants, loin de la cour de récré. Ils vont s'enfuir juste après avoir mangé à la cantine. « On va pas partir le ventre vide », a insisté César. Hier, il en a encore profité pour retirer de l'argent au distributeur du centre-ville. Il s'est rendu compte que lui aussi voulait fuguer. Ses parents ont prévu de rester à la maison pour Pâques, mais ça ne lui plaît pas. Il souhaite oublier un peu Karen et se changer les idées. Mathieu aura besoin de son soutien, et puis deux semaines sans lui, c'est bien trop long. Bien entendu, sa mère sera furax, mais il s'en fiche.

En arrivant, il devine déjà Mathieu, sa planche à roulettes à la main, qui discute avec Bertrand et Emma. Il se joint à eux, en saluant tout le monde. Mathieu lui dit :

MATHIEU — Demain, c'est l'anniversaire de Bertrand.

BERTRAND — Je me demande bien si quelqu'un a prévu des cadeaux.

EMMA — Oui, si tu es gentil, t'auras le droit à une bougie sur ta purée à la cantine.

Le groupe rit joyeusement.

CÉSAR – Peut-être même qu'elle t'offrira un verre d'eau pour l'occasion.

EMMA — Tu vois, la belle-famille est toujours généreuse. Une fois, César m'a donné un dessin comme cadeau de Noël.

CÉSAR – Oui, mais c'était fait avec tout l'amour d'un grand frère.

Pendant que les autres se moquent, César constate que le sac de sports de Mathieu semble bien rempli. Il veut le lui faire remarquer, mais il est déjà temps de rejoindre les salles de classe. Ils doivent attendre la récré pour parler de leur projet à demi-mot :

CÉSAR — J'ai retiré plus de liquide et on a presque le plein d'essence.

MATHIEU — Cool, j'ai planqué ma trousse de toilette et des habits de rechange dans mes affaires d'école.

CÉSAR — T'as pas oublié le caleçon de bain ?

MATHIEU — Bien sûr, tu crois quoi ? Si je voulais aller à la mer, c'est pas juste pour regarder. En plus, j'ai rempli le sac de sports de biscuits et de friandises.

César sourit à la réponse de son ami.

CÉSAR — T'as pensé à tout.

MATHIEU — Toi aussi.

Lors du déjeuner, ils mangent plus rapidement que d'habitude. Une fois l'assiette de macaronis avalée, ils sortent séparément du réfectoire. Mathieu attend son compère dans le hall et lui emboîte le pas dès son arrivée. Ils font un détour par les casiers pour récupérer leurs affaires. Personne. Puis en revenant, ils évitent de justesse le professeur Gauthier qui va prendre sa pause.

La Volvo est dissimulée derrière une haie de thuyas. Avant de monter à bord, Mathieu en profite pour glisser un bisou à son chéri.

MATHIEU — Merci de m'accompagner.

CÉSAR — Ça va être amusant, j'en suis sûr.

Le moteur vrombit un peu trop fort pour César, il aimerait passer inaperçu. Il s'identifie au côté pimpant du break rouge, mais aujourd'hui, ça n'arrange pas vraiment leur fuite. Les gens sont partis déjeuner. Il compte sur ce fait, pour ne pas être repéré. Assez nerveux, regardant souvent dans le rétroviseur, il contourne le centre-ville par les petites routes. Cela les mène dans la direction de la ville voisine. Une fois arrivé sur la voie rapide, César se détend, alors que l'autoradio grésille. Il demande à Mathieu :