Une fêlure

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Une fêlure. Une craquelure; enfouie au plus profond de mon âme. Une blessure à vif, jamais traitée; et qui ne guérira jamais. Elle est ancrée dans mon âme désormais; rien ni personne ne saurait l'en déloger. Presque insignifiante, elle est pourtant la cause de tout le reste. La peur. Le vide. La solitude. L'échec... tout ce qu'il y a de plus négatif en moi; vient de là.

De cette écorchure, ce presque rien pourtant pas si insignifiant. Longtemps j'ai essayé de l'effacer, avant d'essayer de l'oublier. Mais j'ai échoué. Dans les deux cas. Parce que c'est toujours là, après tout ce temps; après tous mes efforts. C'est toujours là à me pourrir la vie, à me ronger l'âme et à me réveiller la nuit; avec des sueurs froides et des cris à faire trembler les morts.

C'est toujours en moi. C'est gravé à l'intérieur, indélébile. J'ai beau l'avoir refoulé, ça a fini par remonter à la surface. Et j'aurais beau le refouler encore et encore, ça n'en fera qu'à sa tête: toujours remontant à la surface, sans laisser mon cœur devenir de glace.


Pourtant c'est ce que je voudrais, un cœur de glace. Ne plus rien ressentir, ni même sentir tout court. Une vie, des évènements, des choses qui se passent autour de nous; mais rien qui ne me concerne ni ne m'atteigne. De vagues échos me revenant, mais toujours ce cœur de glace persistant, comme si plus rien n'avait d'importance. La solitude? Rien à faire. La peur? Envolée. Le vide? Comblé. Oublié. L'échec? Transformé. Transformé oui, en une grande réussite: je ne ressens plus rien. Je ne vis plus, je ne souffre plus. Je suis là, j'existe; mais n'interagit pas avec ce qui m'entoure. Parce que clairement; j'en ai rien à foutre. Les problèmes des autres, leurs exigences, leurs petites vies bien rangées; ça ne me concerne en rien. Ils peuvent bien mourir sous mes yeux, agoniser, hurler, pleurer, supplier... la glace engloutit tout. Mes émotions; celles des autres. Tout.


Tout...

Inspirations d'ici et làWhere stories live. Discover now