Chapitre 27

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Le voyage se passa assez rapidement. Quand un contrôleur passait, nous nous cachions aux toilettes en pouffant de rire. C'était vraiment très amusant. Arrivés à la gare de Nice sans se faire prendre, nous nous dirigeâmes vers le camping. Le revoir me rappela tant de souvenirs. Il s'était passé tellement de choses en un mois ! La peur, le doute, la tristesse, la culpabilité mais aussi la joie, la fierté et l'amour m'avaient habité tout ce mois de juillet. J'avais rencontré des personnes formidables. Il me tardait de revoir Sheilynia et Regen.
Arrivés devant leur bungalow, je la vis avec Solaris et Roccia dans le jardin. Je me précipitai vers eux en créant une étreinte.
-Alors toi ! me dit Regen. Tu ne fais pas les choses à moitié ! Tu es vraiment venue en passager clandestin ?
J'eus un petit rire avant de hocher la tête. Mes deux autres amis furent très surpris. Il fallait dire que ce n'était pas tous les jours que je faisais cela. Je leur expliquai alors que Gryf m'y avait aidé. Mes trois se retournèrent vers lui avant d'aller le saluer. Je souris. C'était tellement agréable de voir que nos amis s'entendent aussi bien avec d'autres de nos amis. J'en profitai por aller saluer la mère de Regen. Elle fut ravie de me revoir. Puis nous allâmes tous ensemble à l'hôpital de ma mère. Regen se plaça à côté de sa mère, Roccia dans le coffre où nous avions mis un siège, Gryf au milieu de la banquette arrière, Solaris à sa droite et moi à sa gauche.
Arrivés devant, je sortis seule de la voiture. Les autres avaient décidé de m'attendre sur le parking. J'entrai dans la chambre de ma mère. Elle lisait une revue.
-Maman ?
Elle leva la tête de son magasine. En me voyant, un sourire illumina son visage. Ses yeux brillaient de joie. La revoir ainsi me fit chaud au cœur. Je me précipitai dans ses bras en laissant couler quelques larmes.
-Oh Shimy ! Tu m'as tellement manqué ! Je suis vraiment heureuse que tu ailles bien !
-Moi aussi maman.
Nous nous éloignâmes un peu pour laisser respirer l'autre.
-Dis-moi, demandai-je, que s'est-il passé après que je vous ai quitté ?
-Oh, soupira-t-elle, j'ai continué à me disputer avec ton père. Puis nous avons vu les gens paniqués courir vers nous. Pas la peine que je te rappelle cet évènement. Alors ton père et moi, nous nous sommes mis à courir comme des dingues. Seulement, je l'ai perdu de vue. Je ne sais pas ce qu'il est devenu. Pire encore, mon problème respiration s'est déclenché pendant ma course. Je sais juste que j'ai sombré dans l'inconscience.
-Il est mort, murmurai-je d'une voix étranglée.
-Pardon ?
-Papa est mort ! répétai-je plus fort en laissant passer quelques larmes. Il est mort dans cet attentat. Et, d'après le diagnostic, tu as fait un vol plané en percutant la voiture. Tu ne pourras plus jamais marcher.
Ma mère me regarda avec des yeux ronds. Est-ce que je lui avais appris des choses ??
-Je sais pour mes jambes, murmura cette dernière tristement en baissant la tête. Mais je ne savais pas pour Albion. Je suis sincèrement désolée.
-Tu n'as pas à l'être. C'est arrivé, on n'y peut rien.
Ma mère soupira avant de me demander ce qu'il m'était arrivé depuis notre séparation. Je lui racontai tout, sauf le voyage clandestin que j'avais fait. Elle fut impressionnée de voir à quel point je savais me débrouiller et elle souhaitait vraiment rencontrer Sheilynia. Après avoir bien discuté avec elle, je repartis de l'hôpital.
  En ouvrant la porte de la voiture, je vis mes trois amis du camping me dévisager avec un malin sourire. Gryf, lui, rougissait fortement.
-Quoi ?? demandai-je.
-Alors ce premier rendez-vous ? me questionna Solaris. C'était comment ?
-Hé ! C'est pas vos affaires !
Ils éclatèrent tous les trois de rire avant que la mère de Regen leur demander de se calmer, au risque d'arriver en retard au camping.
  Effectivement, nous n'étions pas à l'heure à notre rendez-vous : deux femmes attendaient devant la porte de la maison. La première m'était inconnue mais la deuxième me disait quelque chose. Quand je sortis de la voiture, je la reconnus : c'était la mère de la petite Amy ! Elle avait donc survécu ! J'étais vraiment très heureuse ! Quand elle me vit, un sourire illumina son visage. Elle en déduisit que j'avais bien survécu.
  Curieuse de savoir ce qu'il s'était passé après s'être quittées, elle m'expliqua qu'elle avait trouvé un hôtel où elle avait pu s'y cacher et se reposer. Puis elle était allée chez sa sœur qui l'avait logé. Comme elle ignorait si nous étions toutes les deux en vie, elle avait lancé un avis de recherche. Regen, qui ne pouvait pas les regarder, ne l'avait pas vu. Pendant deux semaines, elle attendait une réponse. Plus le temps passait, plus elle désespérait. Heureusement que mon amie avait réussi à les retrouver, sinon elle aurait fait une grosse dépression.
  En retour, elle me demanda ce qu'il s'était passé de mon côté. Je lui racontai tous les évènements qui m'étaient arrivés.
-Je suis vraiment désolée, compatit-elle à la fin de mon récit. Tu as eu beaucoup moins de chance que moi. Et merci beaucoup d'avoir pris soin de ma fille.
-Mais pourquoi... euh... votre mari ? Enfin je ne sais pas si c'est le bon terme mais le père de l'enfant a refusé de la reconnaître ?
-Oh, soupira-t-elle, vous connaissez là BD « Lou ! » ?
-Oui.
-Et bien le père a fait la même chose qu'avec la mère de Lou : il est parti car il n'était pas prêt à être père.
-C'est triste, dis-je, vraiment très triste.
-Oh tu sais Petite, la vie est ainsi.
Nous discutâmes encore un peu avant qu'elle ne reparte avec sa fille. Amy allait beaucoup me manquer. Elle avait fait partie de mes joies quand je ne me sentais pas très bien. Mais elle avait retrouvé sa famille. Que demander de plus ? Juste du bonheur. Oui, tout ce que je voulais pour tous les gens que j'aimais et pour moi-même c'était simplement du bonheur.

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