La princesse pirate

Chapitre 1

Parmi ces îles, régnait un jeune roi, pacifique, et sa reine, aimante et douce. Ensemble, ils avaient accueilli dans leur royaume une petite fille, Olivia, qui symbolisait l'espoir d'un avenir radieux. Malheureusement, la joie des jeunes parents fut de courte durée : quelques mois après la naissance de leur fille, la reine trouva la mort, laissant le roi dans un profond chagrin. Incapable de surmonter son deuil, il abandonna le trône, se retirant dans les montagnes, d'où il ne revint jamais.

Le roi, assis sur le trône, observait d'un regard froid les couloirs sombres du palais. Frère du souverain déchu, il avait usurpé le pouvoir en exploitant la vulnérabilité du royaume. Il se délectait de son autorité nouvellement acquise, ignorant les murmures de mécontentement qui grandissaient parmi les sujets qu'il régnait d'une main de fer. Dans son esprit, l'enfant qui symbolisait l'espoir, Olivia, n'était rien d'autre qu'une menace à son règne. Pour maintenir sa domination, il avait choisi de la malmener, faisant d'elle une ombre de son ancien moi, une pièce sur l'échiquier de son pouvoir.

Olivia, bien que jeune, avait hérité de la sagesse de sa mère et de la force de son père. Elle savait que son oncle, à la stature imposante, ne voyait en elle qu'un obstacle à sa tyrannie. Les jours se succédaient dans le palais, où la mélancolie régnait en maître, et elle se réfugiait dans les jardins, le seul endroit où elle pouvait encore ressentir la lumière du jour sur sa peau. Là, elle se cultivait en secret à lire les livres de la bibliothèque royale, nourrissant son esprit de récits de bravoure et de révolte des pirates qu'elle avait appris à admirer. La mer, avec son murmure apaisant et ses promesses de liberté, l'appelait sans cesse, la rendant nostalgique d'un monde où elle pourrait être elle-même, loin des chaînes de la cour.

La répression s'intensifiait chaque jour sous le règne de son oncle. Des innocents étaient arrêtés et exécutés sous prétexte qu'ils portaient une marque de rébellion, même celle qui n'était qu'une cicatrice d'enfance. Les rumeurs circulaient dans les villages voisins, des murmures de révolte, mais la peur paralysait le cœur des habitants. Olivia sentait son indignation grandir, alors qu'elle observait l'injustice se répandre comme une marée noire sur son royaume.

Un soir, alors que la lune baignait le palais d'une lumière argentée, une résolution se forma dans l'esprit d'Olivia. Elle devait agir. Elle avait entendu parler d'un groupe de résistants, des anciens pirates et des alliés du royaume, qui s'étaient unis pour renverser le tyran. Dans son cœur, elle savait que c'était là sa seule chance de sauver son royaume. Lorsque Olivia s'échappa du château, elle portait une tenue sobre mais pensée pour la discrétion et l'agilité. Sa longue chevelure brune, habituellement laissée libre, était tressée pour ne pas entraver ses mouvements. Elle portait une tunique en lin foncé, d'un gris ardoise, ajustée à sa taille avec une ceinture en cuir souple, où elle avait glissé une petite dague. La tunique arrivait à mi-cuisses, permettant une plus grande liberté de mouvement. Ses yeux bleus, brillants d'une intensité déterminée, ressortaient encore plus sous l'éclat de la lune qui baignait la nuit. Par-dessus sa tunique, elle avait enfilé une cape légère, d'un noir profond, qui se fondait dans l'obscurité et la protégeait des regards curieux. Des bottes en cuir usées mais solides, lacées jusqu'à ses genoux, lui permettaient de se déplacer rapidement sans faire de bruit. Elle n'avait emporté aucun bijou, préférant la simplicité pour cette fuite risquée. Pourtant, malgré la simplicité de sa tenue, son allure restait noble, son port de tête altier, trahissant ses origines royales.

La détermination gravée sur son visage, elle se glissa hors de sa chambre. Ses pas résonnaient faiblement dans les couloirs silencieux, où l'ombre semblait prendre vie autour d'elle. Elle évita habilement les gardes endormis, sa respiration se synchronisant avec le rythme de son cœur qui battait la chamade. Finalement, elle atteignit l'entrée secrète des jardins. L'odeur du sel, mélangée à la fraîcheur de la nuit, la réconforta, lui donnant l'élan nécessaire pour avancer.