Chapitre 12

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Cette dernière vision la frappa comme un coup de poignard. La douleur d'une trahison silencieuse, insidieuse, se propagea dans sa poitrine. Elle aurait préféré qu'il se dresse contre elle ouvertement, qu'il la défie, qu'il la haïsse même. Mais cette indifférence ? C'était pire que tout.

Tandis que les gardes la traînaient hors du tribunal, les cris de la foule s'estompaient peu à peu, remplacés par un silence glacial. Olivia, la tête basse, les pensées lourdes, s'abandonnait aux échos de ce que sa vie avait été : des promesses non tenues, des illusions qui s'effondraient, des alliances trahies.

En traversant les longs corridors du château, elle sentit pour la première fois le poids de sa solitude. Cette fois, il n'y avait plus de retour possible. Ce n'était pas qu'une cellule qui l'attendait ; c'était l'obscurité d'une vie réduite au silence, comme un secret honteux que l'on enferme au plus profond de la terre. Mais, malgré le désespoir, une flamme continuait de brûler en elle. La lueur ténue d'un espoir lointain, d'un rêve de liberté, que personne – pas même Kylian – ne pourrait lui enlever.

Olivia, les poignets liés et escortée par des gardes, entendit les bruits au loin. Elle aurait reconnu ces sons entre mille : le martèlement sourd des marteaux, les éclats métalliques des chaînes, le murmure anxieux du peuple. La foule s'assemblait, impatiente, autour d'un échafaud imposant qui prenait forme sur la place centrale. La potence.

La vision d'Olivia se brouilla un instant. Elle jeta un regard vers le ciel, espérant y trouver un signe, une lueur de réconfort. Mais les nuages d'orage s'amoncelaient, lourds, menaçants, comme pour sceller le destin du roi et de sa nièce dans cette atmosphère oppressante. À ses côtés, le roi, maintenu fermement par deux soldats, gardait un silence glacial, son regard fier défiant encore le peuple qui l'avait autrefois acclamé.

Le peuple s'était massé sur la place, regardant avec avidité l'échafaud grandir sous leurs yeux, symbole de justice enfin rendue après des années de souffrance et de privation. Des cris montaient de la foule, entre impatience et soif de vengeance, réclamant le sang du tyran et de la « traîtresse ». Olivia sentit son cœur se serrer à nouveau.

Alors que les derniers préparatifs se terminaient, les juges apparurent pour prononcer le verdict final. L'un d'eux, le visage sévère, leva la main pour demander le silence. Une fois le calme revenu, sa voix résonna dans l'air chargé d'électricité :

« Peuple, aujourd'hui, justice sera faite. Le roi, qui a oppressé ce royaume, est condamné pour trahison envers son peuple. Quant à la princesse Olivia, jugée coupable d'avoir comploté à ses côtés, elle subira le même sort. »

Les cris de la foule éclatèrent, un mélange de satisfaction et de ferveur. Olivia, les poings serrés, jeta un regard furtif à la potence, sentant la peur grandir en elle, mais aussi une étrange sérénité. Si ce devait être la fin, elle ferait face, tête haute.

Au moment où les gardes les menaient vers l'échafaud, un murmure attira son attention. Dans la foule, certains commençaient à chuchoter, échanger des regards inquiets. Soudain, une voix s'éleva, nette et claire, tranchant le tumulte :

« Laissez-les vivre ! Punir la tyrannie, oui, mais devons-nous détruire tout ce qui reste de cette lignée ? Elle n'a fait que grandir dans cette ombre ! »

Un homme se tenait là, le regard fixe. Elias. Olivia sentit un éclat d'espoir renaître en elle. Il continua, sa voix vibrante résonnant dans la place :

« Olivia n'est pas coupable ! Elle est victime de ce règne, tout autant que vous et moi ! Elle s'est battue, discrètement, pour notre liberté ! Ne voyez-vous pas ? »

Un murmure parcourut la foule. Quelques-uns semblaient douter, regardant Olivia avec un mélange de compassion et d'incertitude. Mais le roi, d'un sourire mauvais, se tourna vers elle et murmura à voix basse, pour qu'elle seule l'entende :

La princesse pirateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant