Tim se détache de moi, embrasse mon front et prend Lonny resté à côté de nous, sur ses épaules. Puis nous descendons.
_ BON ANNIVERSAIRE !!! Me crient en chuchotant Kimberley, Matthew, mes parents, Lonny et Tim.
Je ris aux éclats, comme une gamine sauf que je fête mes 22 ans, déjà.
Tous me prennent dans leurs bras, mis à part ma mère. Elle et moi c'est une autre histoire.
Kimberley et Matthew sont de très bons amis que j'ai rencontré via Tim à la fac, ils ont perdu leur famille lorsque tout a commencé alors mon père leur a volontiers ouvert la porte.
Depuis que je suis petite, ma mère et moi ne nous entendons pas très bien, ou devrai-je plutôt dire que la communication mère-fille ne s'est jamais faite. Elle n'est pas attachée aux enfants, je me demande d'ailleurs pourquoi elle en a fait au final, peut être pour mon père. Elle n'a jamais été vraiment présente, elle m'a appris à me taire lorsque je ne devais pas parler, valeur qui s'est brisée quand j'ai atteint l'âge ou j'étais en mesure de comprendre les choses et me faire une opinion. Elle m'a appris la politesse, la ponctualité, je crois avoir fais le tour. Je ne lui en veux pas, je la regrette simplement.
_ Bon anniversaire mon trésor! Me dit mon père en venant à moi.
Hans, c'est le nom de mon père. Il a des origines allemandes et russes. Lui et moi avons toujours été proches. Il m'a initié à la course à pied lorsque j'avais 6-7 ans, et j'ai commencé par faire des cross à l'école puis j'ai fais de plus longues distances. J'ai couru mon premier marathon lors de mes 18 ans, avec mon père. Cet homme est comme mon frère mais en plus grand, en un peu plus vieux, c'est tout. Je peux compter sur lui, je peux lui dire ce que je ressens sans craindre aucune réaction mal placée. Il a toujours été là, à la place de ma mère en quelques sortes.
Il me tend une petite boîte noire fine et rectangulaire.
_ Papa.. Lui dis-je, gênée.
_ Ouvres-la Wandy, ne t'en fais pas.
Il me sourit.
J'ai simplement peur qu'il ait pris des risques pour m'offrir ce cadeau, ce n'est plus le moment de s'aventurer dans les magasins.
Je prend l'objet et ouvre la boîte. Sur un coussinet blanc se trouve une gourmette en or fine et discrète. Sur la plaque est inscrit "don't lose faith.". Mon père a une conception du monde différente du reste des gens que je connais. Et j'adhère à la sienne. Ne pas perdre l'objectif de vue, ne pas abandonner. Cette foi dont il parle, c'est celle que l'on a en nous, il ne croit pas aux présences divines, au supérieur, contrairement à ma mère.
Je me demande aussi comment ils ont fait pour s'entendre tellement ils sont différents.
Cette foi en la vie, en notre existence, celle qui nous pousse à respirer, à faire battre notre cœur, c'est en celle là qu'il faut croire. C'est en celle la que je crois moi aussi. Et il m'a appris qu'il est bien plus honorable de mourir d'épuisement pendant la course que de peur derrière la ligne de départ.
Il me prend dans ses bras avant que je n'ai le temps de dire ou faire quoique ce soit. Mon père est grand, mince et brun aux yeux bleus éclatants, ma mère, elle, est petite, blonde et a des yeux grands et ambres. C'est d'elle que je la tiens, et de mon père mes yeux.
_ Merci..
Je le serre contre moi, puis il dépose un baiser sur mon front, comme il l'a toujours fait.
Kimberley et Matthew me serrent à leur tour dans leurs bras tandis que je vois ma mère se reculer en cuisine.
Je m'assois sur une chaise, la table est illuminée de bougie, et je suis tout de suite absorbée par les flammes qui voltigent, me ramenant à certains souvenirs.
Un virus a contaminé plusieurs personnes qui ont été hospitalisées, elles avaient une fièvre inhumaine qui les a d'ailleurs achevé mais les médecins n'ont jamais su d'où venait l'infection. Le problème, c'est que ces morts se sont réveillés au bout de deux heures, avec une soif de sang et de chair humaine assez extraordinaire.
Je conte ça avec beaucoup d'ironie, car aujourd'hui j'ai compris que tout avait changé pour toujours.
Ils ont mordu d'autres malade, non touchés par le virus qui sont morts et qui se sont réveillés, la moitié du centre hospitalier était contaminé en 24h, les médecins ont fuis, les infirmiers on fuis, tout le monde a fuit. Les télés se sont arrêtées ce jour là, seules quelques lignes de radios ont continué de diffuser des informations. C'est dans cet hôpital que le père de Tim se trouvait, nous ne savons pas ce qu'il est devenu. Les CRS ont eut pour ordre de bombarder la ville deux jours après le début de l'épidémie. Notre ville a sauté, et à ce qu'il paraît, les autoroutes étaient pleines à craquer lorsque les bombardements ont commencé. Nous étions chez nous, nous ne savions pas quoi faire mais mon père nous a assuré que fuir n'était pas une bonne chose. Nous avons donc barricadé toutes les issues de la maison à l'aide de planches et de meubles pour que personne ne puisse rentrer. Seule l'entrée et la porte de la cave menant à l'extérieur sont restées intact, biens que nous les ayons bloquées avec des meubles et des gros bloc de pierre que nous gardions dans la cave, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs.
Nous avons assisté à la fuite des familles habitants dans notre quartier. C'était un massacre, une boucherie, car les "mort-vivants" avaient commencé à errer dans les rues. J'ai vu des enfants de l'âge de Lonny se faire arracher la chair, j'ai leurs pleurs dans les oreilles. Les parents qui courraient, qui s'épuisaient avec leurs sacs et leur bébé dans les bras pour certains. Ces créatures qui les mangeaient jusqu'à l'os. Et nous les avons vu s'amasser par dizaine devant des maisons d'où venait du bruit, de la lumière, des cris, des pleurs, des voix trop fortes, puis casser les portes et les fenêtres pour se nourrir des personnes qui étaient à l'intérieur.
Je tenais Lonny contre ma poitrine, en lui bouchant les oreilles pendant que tout cela arrivait. Nous étions enfermés dans une pièce avec le reste de la maisonnée, dans le noir, et regardions la scène par les minuscules espaces entre les planches qui bloquaient la fenêtre de la chambre.
_ Wanwan !
Une petite voix me sort de mes pensées, c'est Lonny qui essaie de monter sur mes genoux. Je le prend et il s'assoit.
_ Alors tu veux faire un cache cache ? Je lui demande. Il adore ce jeu.
_ Oui ! Me répond-il.
_ Avant ça il y a le petit déjeuner, primordial !
Nous ne contredisons pas mon père qui nous sert une salade de fruit et une tartine chacun avec une attention particulière à mon égard car une bougie est allumée sur l'une d'elles. Il la pose devant moi et tout le monde sourit.
_ Fais un vœu ! Me dit Kimberley, toute joyeuse bien qu'ayant l'air un peu fatiguée.
Je ferme les yeux et me concentre pendant que mon frère joue avec mes cheveux. Je n'ai jamais cru à la destinée, je n'ai jamais cru à la réalisation de souhaits, ni aux miracles. Alors je fais mine d'en faire un et rouvre les yeux, puis souffle la bougie qui est sur ma tartine.
Ils me soutiennent tous, même Tim semble sourire pour de vrai, c'en est presque flippant.
Nous mangeons en silence, puis mon père prend la parole.
_ Je me souviens quand tu étais encore petite et que tu courrais avant d'avoir appris à marcher, une casse coup je t'assure tu t'es pris la porte de la cuisine je ne sais combien de fois !
Je ris doucement, tout comme les autres, et je regarde leurs visages. Ce jour semble amener la paix, ils sont tous paisibles, je suis sereine du moins presque. Tout est silencieux, et c'est tellement agréable. J'aimerai que ça reste toujours comme ça.
Ma mère semble gênée et repart encore une fois dans la cuisine. Je la suis et ferme la porte en faisant mine de ranger quelque chose dans le placard de derrière. Je ne sais pas ce que je fais la, je ne sais pas ce que je cherche, mais je trifouille les étagères en attendant que quelque chose se passe. Et quelques secondes plus tard, un son que je n'ai pas entendu depuis longtemps vient caresser mes oreilles..
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The Walkers
FanfictionWandy a perdue sa vie le jour de son anniversaire. Ses amis ont fuit, ses parents ont fuit, son fiancé a fuit. Seul son petit frère de 8 ans, n'a pas lâché sa main. Lonny et Wandy ne se sont jamais abandonnés, et tous deux luttent pour survivre dan...