Chapitre 6

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- J'aimerais aller me promener... balbutia-je.

- Aller te promener ? Mais pourquoi ? Tu ne peux pas te promener, tu ne peux plus. Plus jamais. Tu es condamnée à rester cloîtrée ici Morgane. Je suis désolée.

- Pourquoi ?

- Tu sais très bien.

- Redis-le moi.

- Non. Si tu veux sortir, ce sera avec Andy. Même lui n'est pas si fiable. Il peut te dénoncer à tout moment. Ah oui, au fait, Alycia s'est faite capturée par les keufs. Vous n'êtes plus que deux.

Si je comprenais bien, je devais rester ici pour me protéger ? Mais de quoi ? Des flics ? Qu'avais-je fait ? Traffic de drogue ? Vols ? Meurtres ? Je devais être très dangereuse en tous cas... Ou sinon elle me mentait pour me faire rester ici c'était une excuse. Ça avait l'air tellement vrai...

- Qu'est-ce que je vais faire ici ?

- Te cacher.

- Je veux sortir. Juste une fois.

- Non. C'est trop tard.

- Je suis comme dans une prison ici ! Même pire ! J'en ai marre de vivre dans la peur ! Je veux sortir, tu comprends ?

J'incarnais parfaitement mon rôle.

- Arrête d'insister ! Je vais chercher Andy.

Elle passa devant moi en trombe, me poussa d'une force incroyable vers le fond de la pièce, et avant que je n'aie pû faire le moindre geste, prit une clef dans sa poche, l'inséra dans la serrure, la tourna 2-3 fois, ouvrit la porte avant de la refermer à clef derrière elle. Elle était si rapide que je ne pouvais pas la stopper.

Elle revint 1 heure plus tard, enfin je pense, je n'avais aucune notion du temps, seul le soleil m'indiquait un peu l'heure qu'il était. Je regrettai de ne pas m'être assez intéressée à lui dans mon autre vie. J'aurai pû lire avec précision l'heure. Enfin peut-être, je n'y connaissais rien. Je pensais qu'il n'était là que pour brûler les yeux, mettre un peu de chaleur mais pour moi la chaleur était le démon tandis que l'ange était la froideur. Je ne savais pas pourquoi, pour moi c'était comme ça. En fait j'étais ingrate. Sans soleil, nous ne vivrions pas. Il fait pousser les plantes, mûrir les fruits, fleurir les fleurs, il nous donne des conditions de vie agréables.

Pourquoi faut-il que l'on se plaigne toujours ?

Mais bon. Toujours est-il qu'elle rentra. Je me rendis compte que je ne connaissais toujours pas son prénom. Alors que c'était ma mère. Enfin... vous voyez. Un garçon d'à peut près 18 ans la suivait. Il était mince, grand et avait une de ces têtes déprimantes qu'il suffisait de regarder pour l'être à son tour. Tout reflétait la tristesse en lui : ses cheveux bruns ébouriffés et gras, ses cernes plus grosses que ses yeux couleur océan, sa peau d'une extrême blancheur presque maladive. Mais il avait un charme incontestable.

Il me lança un regard avant de me parler.

- Salut Morgane. Il paraît que tu veux t'enfuir ?

- Non, non... pas du tout... c'est juste que... euh... je veux sortir un peu... me promener... voir la vie quoi.

Il rigola.

- Tu rêves Morgane. Tu ne peux plus faire ça. Et tu le sais. Si les flics te voient, t'es morte. Tout le monde veut ta peau. La chef d'une bande comme la tienne. On est les deux derniers en cavale, t'es au courant ? Tu regrettes ?

Qu'est-ce que je devrais répondre ?

- Oui...

Il eut un sourire bizarre.

- Ben ça sert à rien. Ça t'enlèvera pas le sang que tu garderas à jamais sur tes mains. Tu as changé peut-être, mais quand tu es dans une galère pareille, tu t'en sors plus tu sais.

Dans la peau d'une AutreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant