Dans la peau d'une Autre

Chapitre 12

Nous allâmes dans un bar. Le barman était un peu gros, très grand, les cheveux courts, presque inexistants, avec un piercing sur un côté de sa lèvre et un tatouage tête de mort sur le bras.

- Salut Morgane et Andy. Quoi de neuf ? De la coke ?

Il nous connaissait... Et il m'appelait aussi Morgane... Et il faisait partie d'un traffic de drogue.

- Non, on a des trucs à te vendre.

- Quoi ? Des armes, de la drogue ?

- Non... tu devineras jamais.

Il fronça les sourcils.

- Quelque chose de cher ?

- On vient te le vendre à 20 000 euros.

Andy sortit un lingot d'or. Le barman écarquilla les yeux, surpris.

- Où vous avez trouvé ça ?

- Un vieux pas loin en cachait deux.

- Il est où le deuxième ?

Je sortis le deuxième lingot.

- Bien trouvé. J'ai un peu d'argent en ce moment, je peux vous en acheter un.

Je savais que ce n'était pas grâce à son bar ni à quelque chose de légal...

- Parfait.

- 10 000 ?

- Non.

- 15 000 ?

- 20 000 au minimum. File-moi ton fric.

- On peut pas négocier ?

- Non.

Il partit derrière son bar et revint avec plein de billets de 500 euros. J'en avais encore jamais vu. Douce Camille au milieu de traffiquants et devenue criminelle...

- Tiens le voilà.

Ils échangèrent argent-lingot.

- On en fait quoi de celui-là ? demandais-je.

Les deux hommes me fixèrent de leur regard insensible. J'avais un peu peur. Morgane n'aurait pas eu peur. Elle aurait su qui allait acheter son lingot.

- Un mec va arriver ici dans pas longtemps il vous l'achètera.

On s'installa à une table.

- J'vous sers quoi ?

- Comme d'hab.

- Dis Andy t'as un peu pris le contrôle sur Morgane non ? Elle a plus l'air chef, vous avez échangé vos rôles ?

Malgré son traffic de drogue et son apparence, le barman avait fait des études de psychologie, mais il n'avait pas trouvé de travail, et sa femme l'avait quitté pour un autre. Il avait alors sombré dans l'alcool, puis dans la drogue.

- Euh non mais elle est bizarre depuis hier...

- Ben qu'est-ce qu'y a ?

Les deux hommes se tournèrent vers moi. Si je disais que je n'étais pas Morgane :
☆ Soit ils me diraient "mais non, mais non tu dis n'importe quoi t'es pas réveillée" ou "tu es folle" ou "elle est drôle ta blague"
☆ Soit ils me casseraient la gueule.
Que faire ? Simple, faire croire que tout est normal, petit burn out ou coup de fatigue.

- Oh non, c'est juste que ça me saoule un peu ces histoires j'aimerais redevenir normale.

- Ah ça tu peux rien y faire...

Le barman partit, puis revint avec trois petits verres dans lesquels il avait versé de la Vodka. Il n'y avait aucun client, il s'assit alors à la table, à côté de moi. Le parfum qu'il dégagea me surprit : c'était un parfum pour hommes.

- Cul sec ? s'exclama-t-il, sourire aux lèvres.

- Cul sec ! confirma Andy en levant son verre au niveau de sa bouche.

Je n'avais pas le choix. Je devais boire cet alcool. Camille n'en buvait jamais... Je levai quand même mon verre et le bus aussi vite que les autres. Un sourire béat se forma sur mes lèvres.

Le barman nous en resservit 1 verre, 2, 3, et il enchaîna. Je n'étais pas grosse. J'étais totalement ivre. Je m'évanouis.