( vreoye se prononce vrôille [un vreoye c'est comme un protégé pauvre à la cour].)
J'étais à Versailles, à l'époque du roi Louis XIV, il était veuf. J'allais être marier au roi. J'arrive dans une magnifique salle aux couleurs chaudes et aux dorures brillantes. Un comptoir en marbre était placé au milieu de cette grande pièce, seuls trois ou quatre chaises étaient disposées contre et au milieu des murs. De grandes vitres entrecoupées par des piliers éclairaient la salle. Une femme et un homme étaient derrière, assis. Je me dirigeai vers le comptoir en arc de cercle de marbre blanc. L'homme se leva et me salua d'une modeste révérence. Je lui rendis sa salutation.
"Il est mon veoye, dis-je peu confiante sur la prononciation du nom ; je répétai à voix basse et hésitante pour me corriger, vreoye...
L'homme se releva et vint de mon côté du comptoir, détaillant mon vreoye : un homme plutôt grand, les yeux marrons, les cheveux bruns ou châtains, la peau légèrement bronzée, vêtu de tissus sales et bien trop ample pour sa corpulence, bien qu'il était plutôt musclé.
- Oui, c'est un vreoye."
Avait-il annoncé sur un ton mixte entre la mesquinerie et la franchise officielle de son poste.
Le mot s'écrivit devant mes yeux. La femme à côté de l'homme bien vêtu, bien portant, se leva et me dit avec un sourire de joie que j'allais dormir dans la chambre de la sœur du roi.
Une servante apparut et elle semblait être ma confidente. Nous gloussions en cherchant la dite-chambre, et puis la jeune femme qui m'accompagnait ouvrit une porte blanche. Derrière, la pièce n'était pas la plus grande, mais elle était simple : un lit, un bureau, une chaise et une autre porte communiquant avec cette pièce. La chambrée était cosy, le lit était fait et de part et d'autre de l'oreiller, il y avait des planches de bois sculptées et peintes en blanches tandis que les arabesques taillés étaient en jaunes. Nous redescendions dans le hall où par mégarde, j'avais laissé sans allié mon vreoye. J'arrivais presque en courant, stressée, mais c'était difficile avec cette robe bien trop large.
L'homme qui était derrière le comptoir n'y était plus. Il courrait après mon vreoye dans le morceau de jardin derrière les vitres de la pièce. Je voyais les deux hommes se poursuivre, l'homme qui était d'apparence plus riche que mon vreoye le rattrapait par moment mais manquer de glisser à chaque fois : ses épaules plongeaient en avant mais il arrivait à se redresser, laissant un peu de marge à mon vreoye. Ils courraient entre les gens qui se promenaient. Je voulus courir vers lui pour l'aider, mon premier pas touchait le sol pour le rejoindre pendant que quelqu'un me retenait par le bras pour que je n'aille pas l'aider. Il me tenait avec force, comme une mère tient son enfant impoli. Je me laissai tomber sur les jupons de ma robes plus que sur mes genoux. Je me sentis impuissante, prisonnière, désespérée. L'homme me tenait encore l'avant-bras. Je commençai à laisser mes larmes couler.
"Lâche-moi... Là où il est je ne pourrais pas le rejoindre... Soufflai-je dans mon désarroi à l'attention du boulet qui me retenait."
Il me lâcha. Je relevai mon regard vers mon vreoye, je clignai des yeux et je le vis en train de choir. Mes yeux s'écarquillèrent et mes pupilles se rétractèrent. Je me levai et courus vers lui, en tout cas assez vite pour que l'homme derrière moi ne puisse me retenir une seconde fois. Je m'avançai rapidement vers l'homme qui était tombé sur le dos. Je me laissai tomber sur les jupons dans l'herbe, la terre et la boue. Je me fichais bien que de la terre soit sur une de mes robes. Ma robe étant très ample (ou plutôt bien trop large), j'étais plus loin de son visage que si j'avais mis une robe plus près du corps. Je pris dans mes mains sa tête frêle, il était devenu vulnérable... Je criai quelque chose dans mes pleurs, je crois que je l'appelai mais impossible de me souvenir de son prénom. J'allongeais mes jambes sous les épaules de mon vreoye et je déposai délicatement le haut de son corps sur ma jupe, caressant son visage dans l'espoir de le voir se réveiller.
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Un Monde Étrange : Rêves
Short StoryDans ce livre numérique, je raconterais mes rêves ; et quand vous le lirez vous comprendrez le sens de "étrange" dans le titre. Par rapport aux histoires en elles-mêmes, il y aura assez peu de détails mais bon... C'est compliqué de retranscrire un r...