Episode 4

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Précédemment

Elle esquissa un petit sourire. Je lui pris la main et nous nous dirigeâmes vers sa chambre lorsque la porte de la nouvelle s'ouvrit. Papa en sortit avec tante Fatou. Lorsqu'elle nous vit, avec nos visages plus rongés par la gêne que par la colère, elle réalisa que nous avions assisté, malgré nous, à ses mamours. Elle se contenta d'esquisser un petit sourire narquois jusqu'à ce que papa s'en aille, nous ignorant complètement, puis entre dans sa chambre, comme si de rien n'étais.

Tante Fatou, s'adressant à ma mère lorsqu'il fut assez loin : Hey toi, tu devrais commencer à faire tes valises parce que, à ce rythme, je vais vite tomber enceinte et j'en aurai tous les soirs pour mon compte. Tu finiras complètement délaissée vieille pie.

Voyant nos airs abasourdis après ses paroles, elle rit quelques minutes, puis s'approcha de quelques pas vers nous.

Tante Fatou: Je mettrai au monde le digne héritier de la famille. Oui, l'héritier de cette ...

Maman: Tais-toi tout de suite petite dévergondée. Si, dans ta famille, on ne t'a jamais appris le respect ni les bonnes manières envers des aînés, épargne moi tes délires.

Tante Fatou: Comment oses-tu me parler comme ça, s'énerva-t-elle. Tu verras, tu vas le regretter amèrement...

Elle tourna les talons, se dirigea avec furie vers sa chambre, claqua bruyamment la porte et s'enferma à double tour. Je ne pus m'empêcher de m'amuser face à sa réaction disproportionnée. Cette nuit là, je la passa avec ma mère, dans sa chambre. Je fis tout mon possible pour l'apaiser et la faire rire. Au fond de moi, je savais que, même si je n'avais pas enlevé grand chose à sa peine, je lui avais quand même procuré le réconfort d'avoir l'amour et le soutient de ses enfants. Elle pourra toujours compter sur moi car c'est ma celle qui m'a toujours épaulé et je l'aime plus que tout.

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Lundi 29 Mai 2017, 15:27
Bamako, Mali
Cour familiale des Mohammad

Deux semaines sont passées depuis l'installation de Tante Fatou à la maison. Les rapports entre elles et les autres habitants de la maison ne se sont pas améliorés mais, pour une raison qui m'échappe, elle se fait un peu plus discrète, presque toujours isolée dans sa chambre avec son époux. Forcément, la jalousie de Tante Maimouna n'est pas du tout apaisée malgré le replis de sa rivale, surtout à cause de la présence de mon père à ses côtés, mais la maison était redevenue un peu plus vivable.

Assise à l'arrière du taxi qui me ramene à la maison, j'observe les rues de Bamako. Aujourd'hui, mon oncle a dû faire un voyage à l'étranger alors, je suis obligée de rentrer toute seule de l'université. Je ne dis pas que je me complais dans cette surveillance étroite autour de ma personne mais, après une journée de cours aussi épuisante que celle-ci, je préfère limiter les efforts qu'il me reste à fournir avant de rentrer chez moi. Hélas, comme les choses ne se passe presque jamais comme je le souhaite, je dû batailler pour en trouver un de libre, malgré l'heure de pointe, et qui veulent bien me conduire jusqu'à ma maison, assez éloignée de la route principale.

La main posée sur ma mini bombe lacrymogène en cas de pépins, mes pensées vagabondes parviennent, pour la première fois depuis ces dernières deux semaines, à m'extirper de la tête ma situation familiale. Je veux à tout prix réussir mes examens et je n'y arriverai jamais si je reste aussi pensive et tourmentée.

Mariée de force à un vieillard, j'ai dû m'enfuir pour survivre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant