point de vue de deen
Quand la musique s'interrompit dans le casque posé sur mes oreilles, je pris enfin la peine de toussoter pour me gratter la gorge. Je me retins de grogner en comprenant que je tombais peu à peu malade et, qu'avec la chance que j'avais, d'ici deux jours, je serais cloué au lit. Apercevant Louis me faisant un signe de l'autre côté de la vitre, je lâchai un soupir, m'éloignai du micro, retirai mon casque, et je quittai la salle d'enregistrement du petit studio dans lequel j'avais passé la moitié de ma journée pour rejoindre mon ami.
Sans même attendre mon accord, il lança ce que je venais d'enregistrer pour me faire écouter le rendu. Si, intérieurement, je me retins de faire une grimace, n'étant absolument pas satisfait de mon travail, extérieurement, je restai impassible, m'asseyant sur la chaise à côté du brun, et sortant mon paquet de tabac pour me rouler une cigarette. Voyant, au bout de quelques secondes, que j'avais un peu de mal, il soupira et me tendit la sienne. Après avoir prit une taffe, je compris très rapidement que ce n'était pas une cigarette, mais je n'étais absolument pas d'humeur pour lutter contre ce genre de démon. Je me contentai donc de fumer, pour oublier la voix déchirée qui résonnait dans les enceintes de la pièce. La mienne.
Quand le son s'interrompit enfin, un seul de mes regards suffit à mon ami pour me comprendre, et tout en levant les yeux au ciel, il poussa un soupir, et supprima le fichier que nous venions d'écouter. Ce fut mon tour de pousser un soupir quand j'eus écrasé ce que je tenais dans la main dans le cendrier, et je pris enfin la peine de me lever de ma chaise pour m'étirer avant de lâcher un bâillement. J'allais prévenir Louis que j'étais bien trop crevé pour continuer le massacre de l'enregistrement de ce morceau, quand tout à coup, comme si le karma m'avait devancé, la porte du studio s'ouvrit sur Ben. Je me retins de faire un quelconque commentaire déplaisant, et je pris même sur moi, pour lui serrer la main qu'il me tendait. Autant dire que depuis l'histoire de Léane, deux mois plus tôt, notre amitié n'était clairement pas au meilleur de sa forme.
- Je vais y aller, je suis crevé, grommelai-je à Louis qui se contenta de hocher la tête, conscient de la tension présente dans la pièce depuis l'arrivée du nouvel individu.
J'attrapai ma veste en jean, et, sans prendre la peine de l'enfiler, je quittai la pièce, puis le bâtiment. Dehors, la nuit était déjà tombé sur Paris. Tout au maudissant la ruelle mal éclairée et l'air frais de ce mois de novembre, j'enfilais ma veste, et je commençai à me diriger d'un pas lent vers l'arrêt de bus le plus proche. Il devait sans doute être plus de vingt trois heures, et les rues étaient quasiment vides. Seuls quelques fêtards ou, comme moi, quelques solitaires dérogeaient à cette règle.
J'arrivais à l'arrêt quelques minutes plus tard, et quand je compris que la prochaine navette ne serait là que dans une dizaine de minutes, je lâchais de nouveau un soupir en m'asseyant sur ce banc. Ces derniers temps, je me sentais lessivé. Autant physiquement, que moralement. Aujourd'hui, plus particulièrement. Je sentais mes yeux se fermer tous seuls, et je me demandai bien si c'était à cause de la drogue, ou bien de la journée épuisante que j'avais passé en studio.
Je compris après ce qui me parut être quelques secondes, que fermer les yeux avait été une très mauvaise idée, puisque, quand un bruit de klaxon retentit à quelques rues de là, j'ouvris les yeux dans un sursaut. Quel con, j'ai faillis m'endormir.
Cette expérience me fit néanmoins assez flipper pour que j'arrive à me convaincre moi-même de garder les yeux ouverts tant que je n'étais pas dans mon lit. J'eus de la chance, car, pour une fois, ce fichu bus n'était pas en retard. Je ne pouvais plus compter le nombre de soirées où j'avais dû attendre vingt minutes de plus à ce foutu arrêt, car le bus n'était pas capable d'être à l'heure.
En montant à l'intérieur du véhicule après avoir payé mon ticket, je ne fus pas surpris de trouver l'habitacle quasiment vide. Qui viendrait prendre le bus à une heure aussi tardive ? Les pauvres cons qui ne sont pas capables d'emmener leurs voitures aux garagistes, me rétorqua une voix dans ma tête, me rappelant qu'en effet, il serait peut-être temps que je le fasse.
Voyant que l'arrière du bus était totalement libre, je m'y dirigeais sans grand enthousiasme pour finalement m'affaler sur l'un des sièges du fond, collé contre la vitre, me laissant un vue totalement libre sur l'abri-bus que je venais de quitter et sur le trottoir sur lequel il commençait à peine à pleuvoir. Je me mis à fouiller dans les poches de mon jean, dans l'espoir d'y trouver ma paire d'écouteur, mais je savais déjà au fond de moi que c'était en vain, puisque je me rappelais très exactement les avoir laissé sur la table de mon salon avant de quitter mon appartement. Je n'avais clairement pas prévu de rentrer aussi tard.
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la fille du bus
FanfictionAssis au fond du bus, j'ai pris un ticket sans arrêt, La tête contre la vitre, je ne pense à rien, je l'admets. Tout d'un coup une fille monte, nos regards ne se croiseront jamais, J'ai pris de quoi écrire et je l'ai décrite dans mon carnet. (loneps...