Et après ?

➰Chapitre 8➰

Alice sourit et ses yeux bleus me lancent un regard amusé.

-Evidemment, c'est mon grand frère ! m'annonce-t-elle comme s'il s'agissait de la chose la plus évidente au monde.

Mon coeur loupe un battement. Je m'arrête net en manquant de m'écrouler dans le sable.

Son... frère ??!

Et dire que je m'attendais au pire en m'imaginant qu'il devait s'agir d'une connaissance qu'elle s'était faite sur place. Après tout, ils auraient pu se donner rendez-vous pour manger avec tout un groupe de jeunes. Mais non, il faut que ce soit son frère, ce qui est pire que tout.

Ils me semblent à la fois si semblables et si différents. Physiquement, la ressemblance est frappante et je m'étonne de ne pas avoir fait le rapprochement plus tôt. Il ont les mêmes cheveux châtains bien que ceux de Derek tirent plus vers le brun, mais surtout ce même regard perçant et ces grand yeux bleus absolument captivants. Mais Alice me semble être une fille tellement gentille, douce et souriante. Tout le contraire de son frère, dont mes derniers souvenirs affichent un garçon froid et méprisant.

-Euh Ella, ça va ?

La voix d'Alice me tire de mes pensées et je me rends compte que je suis immobile depuis plusieurs secondes.

Je tente de reprendre mes esprits et de paraître la plus naturelle possible. Il est hors de question de lui parler de ma soirée de la veille et de lui avouer les actes de son frère.

-Oui oui, je... j'étais en train de me dire que vous vous ressembliez beaucoup. Mais je vais te laisser du coup, bon appétit !

-Merci, me répond-elle souriante comme toujours.

Nous nous séparons et rejoignons chacune notre famille respective. Je ne peux m'empêcher d'avoir l'impression d'être frappée par une triste injustice. Il a d'abord fallu qu'un garçon se serve de moi pour faire le malin devant ses potes en s'empochant une petite somme d'argent, qu'il se montre par la suite affreusement froid et distant pour finalement se trouver être le frère de la seule fille avec qui j'ai créé une quelconque affinité ici... Je me dis que je m'étais probablement réjouie trop vite et que cela me servira de leçon. Après tout, je n'appréhendais bel et bien pas ce voyage pour rien...

Après manger, on retourne à la plage. En la longeant, j'aperçois Arthur affalé sur un transat, feuilletant un magasine. Il est en maillot et mâchouille une des branches de ses lunettes de soleil dont il n'a apparemment pas besoin. Ses jambes sont croisées et ses genoux légèrement relevés. L'expression de son visage change en fonction de ce qu'il lit, et il me paraît fatigué. Malgré ça, je ne peux m'empêcher de le trouver craquant.

Je me précipite vers mon siège afin d'y déposer mes affaires et de me mettre en maillot. Quand c'est fait, je n'attends pas une seconde avant de retourner auprès de lui.

Comme pratiquement à chaque fois que je le vois, mon "côté gamine" prend le dessus. L'occasion était beaucoup trop tentante et je ne peux m'empêcher de me placer derrière lui et de poser mes mains sur ses yeux.

-Devine qui c'est !

-Hum, je dirais une grande girafe brune, extrêmement maladroite, qui raffole des spaghettis.

Il se retourne et je lui lance un regard mi vexé, mi amusé. Il suffit que je repense à notre première rencontre pour ressentir à nouveau le profond malaise qui m'avait envahie au moment même.