Adieu

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Ça n'a duré qu'une seconde. J'ai simplement vu son doigt appuyer sur la détente.

On pense souvent que ça fait mal. Que lorsque la balle nous traverse le coeur, la douleur est insoutenable. Moi, je n'ai rien senti. À vrai dire, je n'avais jamais eu peur de la mort. Par contre j'étais terrifié par l'agonie, ce moment où votre vie, votre âme, vos souvenirs, s'en vont.

Je n'ai vu que ma vie. Ma vie qui défilait devant mes yeux.

Une petite fille assise sur une balançoire, une marguerite glissée derrière l'oreille. Les cookies de ma mère, dorés. Le dernier jour de l'école, quand je lançais mon cartable en l'air. Mon bon vieux chien, Stigri. Mon diplôme, ma fierté. Ma minuscule chambre d'étudiant, remplie de livres. La plus magnifique des femmes qui me sourit, à mon mariage. Une minuscule petite fille que je tiens au creux de mes bras. Un appel menaçant, à trois heure du matin. Une lutte douloureuse contre deux colosse dont je ne connais même pas le nom.

Tout cela n'est qu'un terrible malentendu. Je devrais être avec ma femme et ma fille. Alors pourquoi ai-je ce bout de métal dans le coeur? Pourquoi les hommes ont-ils inventé de quoi empêcher un homme de profiter de sa vie plus lontemps? Pourquoi?

Si j'avais une minute, je courrais voir ma famille. Je leur dirais que je les aime, que je suis un homme heureux grâce à eux, que ce sont de formidables personnes.

Mais comme je l'ai dit, ça n'a duré qu'une seconde.

Pensées vagabondes Où les histoires vivent. Découvrez maintenant