post mortem

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Mon cher John.
Ces heures qui nous séparent d'hier sont des années de souffrance vides de but, pleines d'une rancoeur incertaine.

La mort a troqué sa faux contre deux sabres : l'un s'appelle amour et l'autre illusion. Elle a laissé au temps son rôle de poison. Ce temps âcre et fétide, ce temps sanglant et cruel, ce temps déchiré de mélancolie qui ne demande qu'à s'interrompre. Ce temps qui ralentit sa course avant de retomber dans un trou sans issue. C'est ce temps-là qui aura raison de moi.

Quand tu liras cette lettre, je serai mort de ne plus te voir, de ne plus t'entendre. J'aurai fini de me noyer dans mes larmes. Je serai tombé à terre, une main sur le coeur, très théâtralement, puis mon corps aura regagné la poussière, d'où je t'ai toujours observé.

Il faut que tu restes debout, pour rendre à ma place ce monde meilleur, rêver tous les rêves que je ne rêverai pas. Un unique songe pour deux. Fais cette marche vers la liberté que je n'embrasserai pas. Une derrière marche avant le repos éternel.

Puis rejoins-moi.

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