La soirée était bien avancée lorsqu'il avait quitté le bureau de Minerva... ou plutôt, si l'on tenait compte des réactions du château, son bureau. Il leur avait demandé de garder son retour secret jusqu'à la sortie. Cela leur donnerait à tous le temps de se retourner et d'inventer une belle fable pour expliquer sa soudaine réapparition.
C'était l'heure du repas, et il ne risquait pas de croiser grand monde dans les couloirs qui menaient aux cachots, qui n'étaient, avait-il appris, plus utilisés que pour les cours de potions, pour lesquels un environnement froid et un taux d'humidité élevé permettaient de limiter les accidents de chaudrons propres aux novices en cet art, et pour le stockage des ingrédients. Les quartiers de la Maison de Serpentard avaient en effet été déménagés.
Après la guerre, les Serpents s'était vue attribuer, à défaut de beaucoup plus de considération, de nouveaux locaux, plus salubres, dans une des tours jusqu'alors inoccupées, Minerva répondant ainsi à une demande qu'il avait réitérée d'année en année et à laquelle Albus avait toujours opposé la sacro-sainte tradition pour ne pas y accéder. La directrice avait voulu, par ce geste, rattraper un peu de la partialité dont elle avait toujours fait preuve envers les membres de la Maison de Salazar, en particulier pendant l'année qui avait précédé la grande bataille. C'était aussi peut-être une façon d'exprimer les remords qu'elle avait pu avoir vis à vis de lui, après avoir été mise en face de la vérité sur son rôle, une fois Voldemort vaincu.
Ses quartiers étaient déserts, et pour cause, personne en dix ans, pas même Filius Flitwick, qui ne dédaignait pas, parfois, de flirter avec les Arts Sombres, n'avait jamais pu désamorcer les sortilèges de garde de son invention qu'il y avait apposés. Il y serait donc tranquille, et les Elfes de Maison tiendraient leur langue. Malgré leur propension aux commérages, ils n'oseraient jamais désobéir à un ordre direct du véritable directeur de Poudlard.
Il avait retrouvé ses appartements exactement comme il les avait laissés. Personne, à part l'Elfe chargé de l'entretien, auquel il avait expressément interdit d'aider les humains à y pénétrer, n'avait réussi à franchir les protections qu'il avait mises en place lorsqu'il y vivait encore. Si, pendant la dernière année de la guerre, il n'avait pas pu échapper au bureau directorial, il n'avait, en effet, jamais pu se résoudre à occuper les appartements de Dumbledore.La magie qu'il sentait toujours crépiter tout autour de lui, lui confirmait une fois de plus que Poudlard le reconnaissait toujours comme son directeur en exercice. On aurait même dit qu'il était... heureux de le retrouver. Le château n'avait jamais vraiment reconnu la légitimité de Minerva, comme s'il avait toujours su, malgré les années écoulées, qu'il était toujours vivant et qu'il allait revenir un jour, mais il lui avait laissé une certaine marge de manœuvre. L'entité de pierre devait considérer que l'ancienne sous-directrice était la plus apte à assurer l'intérim, et avait, en quelque sorte, si l'on pouvait s'exprimer ainsi en parlant d'un bâtiment, 'joué le jeu'. Maintenant qu'il était de retour, Minerva avait reconnu, tout à l'heure, qu'elle ne contrôlait presque plus rien. Ils avaient convenu que la cérémonie de passation officielle des pouvoirs aurait lieu le dimanche suivant. Le rituel en était assez long, et ils auraient moins de risques d'être dérangés pendant le week-end.
C'était une sensation étrange, de se dire que le monde sorcier avait lavé son nom et reconnu ses mérites, et qu'il le devait en grande partie au témoignage de Potter. Il avait même appris qu'étant présumé mort, il avait reçu un Ordre de Merlin à titre posthume... Sous les regards ébahis de Minerva et Granger, il avait éclaté d'un rire amer, à cette nouvelle. La mort arrangeait bien des choses, aplanissait bien des différends, les cimetières ne sont-ils pas pleins de gens exceptionnels ? Comment ceux qui louaient sa mémoire accueilleraient-ils sa soudaine résurrection ?
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Vulnera
FanfictionLa guerre a laissé, sur les corps et dans les esprits, de profondes cicatrices, souvent encore à vif, et les plus cachées ne sont pas celles qui saignent le moins. Nos héros réussiront-ils à guérir les blessures du passé pour pouvoir construire l'a...