Hermione s'apprêtait à entrer dans sa salle de bains lorsqu'un bruit dans le salon attira son attention. Ce n'était pas celui du sort d'alerte qui indiquait que quelqu'un venait d'entrer dans l'infirmerie, celui-là était conçu pour résonner à l'endroit où elle se trouvait, où qu'elle soit dans le château. Elle retourna dans la pièce qu'elle venait de quitter.
« Hermione ? Tu es là ? »
La voix désincarnée venait de la cheminée et précéda de peu le visage d'une jeune femme qui apparut au travers d'un rideau de flammes vertes. Dès le lendemain, se promit-elle, elle installerait un pare-feu, elle avait toujours trouvé d'une rare indiscrétion ce système de communication. Même si la plupart des gens avaient la correction de vous prévenir, il fallait qu'il y en ait toujours quelques-uns pour débarquer dans votre salon à l'improviste. Heureusement qu'à Poudlard, elle avait la possibilité de filtrer les matérialisations complètes ! Un pare-feu ne condamnerait pas la cheminée, mais aurait au moins le mérite de cacher la pièce aux regards indiscrets.
—Ginny ? A cette heure ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
—C'est Harry. Il ne va pas bien. Il a eu une crise terrible aujourd'hui, et depuis, il est complètement amorphe, il ne bouge pas, il ne parle pas, il ne semble même pas me voir. Je ne l'avais jamais vu comme ça depuis la fin de la guerre, depuis que... tu te souviens, pendant la période...
Dix ans après, Ginny avait toujours autant de mal à parler des frères et du père que la guerre lui avait enlevés. « Est-ce que tu pourrais venir ? »
La mort de son meilleur ami avait achevé de ruiner la santé morale du 'Sauveur du Monde Sorcier', après toutes les autres pertes qu'il avait subies, elle avait été la goutte d'eau qui avait fait basculer Harry dans une profonde dépression qui s'était traduite, pendant plusieurs années, par des pulsions morbides, des recours temporaires mais réguliers à des substances plus ou moins licites, et plusieurs tentatives de mettre fin à ses jours.
—Je ne peux pas quitter l'infirmerie sans prévenir personne, surtout un jour, ou plutôt une nuit, de rentrée. Je vais essayer de prévenir Snape, en espérant qu'il ne soit pas couché. J'arrive le plus vite possible, sinon je te rappelle.
—Merci Hermione, essaye de faire vite. S'il te plait !
—Bien sûr, ne t'inquiète pas.
La tête disparut et les flammes prirent une couleur normale avant de se dissiper à leur tour, pendant qu'elle invoquait un Patronus, dictant une demande d'entrevue urgente au directeur. Quelques minutes plus tard, la voix du Maître des potions jaillit de l'âtre.
« Vous pouvez monter, je vous ouvre la cheminée. »
Une poignée de poudre de Cheminette plus tard, elle débarquait en toussant et en époussetant les traces de suie sur sa robe, dans le bureau directorial, sous le regard mi courroucé mi narquois de Severus Snape. Seigneur qu'elle haïssait ce moyen de transport !
—Vous avez vu l'heure, Granger ? Vous avez intérêt à ce que ça en vaille la peine ! Que se passe-t-il ? Minerva a trop sniffé d'herbe à chat et elle déambule sur les toits en nuisette à fanfreluches ? Trelawney fait un coma éthylique et il faut l'envoyer d'urgence à Ste Mangouste ? Un élève est à l'agonie ?
—Vous espérez trop pour un premier jour, monsieur le directeur, ironisa-t-elle en lui donnant intentionnellement son titre. « Non, Ginny vient de m'appeler. Harry est souffrant et elle me demande si je peux faire un saut chez eux. »
—Potter ? Saint Potter est malade ? Et il n'y a pas de Médicomages à Londres ? Le personnel de Ste Mangouste s'est mis en grève ? Quoi qu'il en soit et jusqu'à nouvel ordre, monsieur Potter est un être humain, que je sache, et un simple médecin moldu ferait tout aussi bien l'affaire pour la plupart des pathologies, en quoi a-t-il besoin de faire venir un Médicomage d'Écosse ?
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Vulnera
Fiksi PenggemarLa guerre a laissé, sur les corps et dans les esprits, de profondes cicatrices, souvent encore à vif, et les plus cachées ne sont pas celles qui saignent le moins. Nos héros réussiront-ils à guérir les blessures du passé pour pouvoir construire l'a...