Tremblant de colère, il sortit de la maison et suivit au millimètre près les traces de pneus de la voiture qui avait enlevée sa bien-aimée. Le froid s'intensifiait, la lune disparaissait quelques fois sous les épais nuages et laissait derrière elle une nuit à chaque fois un peu plus noire. Le jeune homme suivit les traces qui le faisaient longer entièrement le quartier gris sans pour autant y pénétrer, c'est au bout d'une quarantaine de minutes qu'il tomba sur un vieil homme assis à même le sol glacial sur le trottoir. La tête baissée, il donnait l'impression de dormir, mais Anthony ne s'en préoccupa pas.
- Excusez-moi ?
À ces mots, le vieillard releva la tête, laissant apparaître un visage en sang, presque défiguré.
- Vous auriez-vu une voiture passer ici ? Continua le jeune homme
- À mon grand malheur mon p'tit gars ...
Des gouttes de sang coulaient encore à travers les plaies de l'homme.
- Qui vous a fait ça ?
- Des ... des voyous qui ne s'en prennent qu'à moins fort qu'eux ... Répondit-il entre deux gémissement de douleur
- Ils étaient en voiture ?
- Ils étaient ... ils étaient plusieurs ...
- Il y avait une fille avec eux ?
- Ils m'ont tabassés parce qu'ils voulaient ma gourde ... je n'ai pas pu leur résister.
Le vieil homme ignorant toujours les questions de son interlocuteur, invita ce dernier à s'asseoir à ses côtés en tapotant le sol de sa main. Par politesse, il s'assit aux côtés du blessé sans trop comprendre ce que voulait ce dernier.
- Tu t'appelles comment p'tit gars ?
- Anthony.
- Moi c'est Joshua.
- Enchanté ! Dit le jeune homme d'un ton pressé
Joshua releva la tête, observant le ciel d'où tombait encore une pluie de flocons puis soupira :
- Vu mon état, je ne tiendrai pas la nuit.
- Pourquoi vous dites ça ?
L'homme ricana.
- Tu as vu mon visage ? Le ... pire, c'est qu'ils m'ont également tabassés les côtes ! Déclara-t-il en se tordant de douleur, si je survis, il ne me faudra pas longtemps pour passer l'arme à gauche.
Anthony ne répondit pas, il prenait pitié de cet homme qui semblait tout à fait conscient de son état plus que grave.
- Tu voulais savoir si une fille était avec eux ?
Le jeune homme hocha la tête.
- Et bien j'en sais rien, j'étais trop .. ah bordel ça fait un mal de chien ... j'étais trop occupé à me cacher le visage, même si visiblement ça n'a pas suffit.
Son interlocuteur resta toujours muet.
- J'ai toujours vécu dans ce vieux quartier de merde là, j'ai jamais pu avoir la moitié de ce que je voulais. J'ai jamais bouffé de fruits mûrs, jamais bu de café, jamais participé à des repas de familles ... tous ces trucs dont les riches parlent à chaque fois qu'ils passent à côté de nous en faisant mine de ne pas nous voir.
Il marqua une pause afin d'évacuer trois éternuement d'affilée et toussa à en cracher ses poumons, puis reprit ses dires.
- Toi tu ... tu ne vis pas ici je me trompe p'tit gars ?
- Non.
- Tu ne devrais pas être ici alors, c'est un endroit réservé aux personnes qui sont mourantes dès leurs naissances, naître ici c'est s'octroyer toutes les maladies du monde.
- Les hommes en voiture, ils sont passés récemment ? Insista Anthony
L'homme fronça les sourcils.
- Ça doit bien faire dix, vingt, quarante minutes, voir deux heures ! Je ne sais pas je n'ai jamais pu apprendre à lire l'heure.
- Vous ... vous voudriez en finir avec tout ça ?
- Comment ça ?
- Toute cette vie.
- Elle est déjà finie, ce n'est qu'une question de temps maintenant ... S'attrista le pauvre homme
- Excusez-moi alors. Déclara Anthony d'un ton compatissant
Il sortit un morceau de verre pointu de sa poche et d'un geste vif, il planta ce dernier dans le cou du vieillard qui n'opposa aucune résistance, et mourut rapidement sous un grognement de douleur.
Une larme coula sur la joue d'Anthony. C'était la dernière chose qu'il avait envie de faire, et c'était la deuxième fois de sa vie qu'il tuait quelqu'un. Le temps pressait, il fallait qu'il obtienne rapidement des réponses de l'homme et les souvenirs les plus récents de ce dernier pouvaient l'aider.
Il retira lentement le morceau de verre qu'il avait récupéré avant de partir de la maison de Ciel de la gorge de sa victime et posa sa main gelée par le froid sur le front de ce dernier.
- Donnes-moi ta putain de gourde connard ! Hurla l'assaillant
- S'il-vous-plaît arrêtez ! Supplia Joshua au sol
- Dépêches toi Ford nous attends au Taudis là ! Lança un homme assis dans la voiture à l'arrêt
L'assaillant rua le pauvre homme de coups de pieds au visage, et ce n'est que lorsque ce dernier lâcha sa gourde d'eau qu'il s'arrêta pour la prendre.
- Bah voilà ! C'était pas si compliqué non ? Railla l'homme en marchant en direction de la voiture, la gourde à la main.
Le visage ensanglanté, Joshua lâcha quelques larmes à la vue de son unique trésor qui s'éloignait de lui.
Anthony retira sa main moite du front du cadavre. Il avait les informations qu'il voulait, les personnes qui avaient attaquées Joshua étaient bel et bien les hommes qui avaient enlevés Ciel, la voiture était identique et le même lieu avait été prononcé, le Taudis. Anthony ne connaissait pas cet endroit, mais il allait bientôt le découvrir ; en plus de cela, un nouveau nom avait intrigué le jeune homme, celui de Ford.
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Remember Me
ParanormalElle, originaire de Londre, ses parents ont dû fuir illégalement l'Angleterre pour échapper aux dettes de son père, un éternel alcoolique. Lui, né sous le soleil d'Espagne, ses parents ont décidés de l'envoyer chez sa tante à Berlin pour qu'il puiss...