Toujours face au même vent glacial, au même sol gelé, les doigts frigorifiés, il suivait les traces de la voiture. À chacun de ses pas, une larme coulait de ses yeux humides pour ensuite s'écraser et geler sur le sol en quelques secondes. Bien sûr il était énervé, déterminé, fatigué, mais ce qui le faisait pleurer était le fait qu'il pensait au vieil homme qu'il venait de tuer de sang froid une dizaine de minutes plus tôt. Un pauvre homme en fin de vie qui ne demandait que paix et silence, eau et nourriture ... finalement, il n'a obtenu que cris et colère, violence et souffrance.
Mais il ne fallait pas qu'il se laisse abattre, il se rassura du mieux qu'il pu en se disant qu'il venait de rendre service à cette âme perdue. Ses pensées disparurent quand il cru voir, après plusieurs kilomètres de marche, la destination qu'il voulait tant rejoindre. Les yeux plissés, la bouche béante et le souffle coupé, il murmura :
- C'est elle ...
Les traces continuaient leur chemin une vingtaine de mètre plus loin, et il pu voir la voiture qu'il avait vu dans les souvenirs des défunts garées devant un grand bâtiment à l'allure délabrée dont les fenêtres étaient barricadées.
- J'arrive Ciel. Prononça-t-il en tenant l'anneau de sa petite amie entre les doigts
Il comprit rapidement pourquoi les malfaiteurs appelaient cet endroit le Taudis en observant les murs qui semblaient sur le point de s'écrouler, le sol presque peint de chewing-gum écrasés ou encore les fenêtres barricadées à l'aide de vieux morceaux de bois ainsi que les fissures qui ornaient les fondations du bâtiment.
L'absence de garde l'intriguait, seule la voiture était garée devant sans aucune surveillance. Il s'en approcha alors doucement, scrutant scrupuleusement chaque fenêtres toutes les deux secondes afin d'être sûr que personne n'épiait à travers de possibles trous, et finit par atteindre la vitre du siège passager de devant. Il observa l'intérieur le plus rapidement possible mais ne trouva rien.
Déçus, il s'étonna d'avoir recours à des pensées lugubres.
- L'apparition d'un cadavre juste devant moi ne serait pas de refus. Rit-il nerveusement
Non pas qu'il commençait à prendre goût au fait d'ôter la vie à certaine personnes, mais les souvenirs d'un homme récents à cet endroit auraient pu lui rendre la tâche plus facile, car il se demandait comment il allait entrer sans se faire repérer ?
Il commença à contourner discrètement le bâtiment et trouva à l'arrière, une fenêtre à moitié ouverte, sûrement l'une des seules qui n'était pas barricadée. Il passa sa tête au travers, rien, il y grimpa et se retrouva enfin à l'intérieur du Taudis. Il ne savait pas combien d'hommes se trouvaientt à l'intérieur, ni combien d'étages il y avait et par dessus tout, où pouvait se trouver Ciel. Le seul avantage qu'il avait était celui de la surprise, il ne devait surtout pas se faire prendre.
Nerveux et trempé à cause de la neige tombante, il décida de retirer délicatement ses chaussures afin de faire le moins de bruit possible sur le plancher, ôta ses vêtements inondés d'eau qui pouvaient laisser d'innombrables traces au sol et ne laissa que son t-shirt et son pantalon. Bien que le bâtiment avait une allure de ruine, la température y était modérée, il devait sûrement y avoir du chauffage. Il jeta ses vêtements par la fenêtre sans se préoccuper de leur état futur et se dirigea vers le premier escalier qui s'offrait à lui.
- Ford est à l'étage, interdit de l'emmerder, ordre de lui même ! Cria un barbu à haute voix au premier étage
En haut de l'escalier, Anthony se trouva devant une pote entrouverte. En regardant à travers, il vit le barbu affalé sur le canapé, bière à la main en train de regarder la télé bruyante.
- Et merde ... chuchota le jeune homme
Il se demandait comment il allait bien pouvoir passer sans se faire remarquer par le barbu qui était à plus de six mètres de lui. Un combat singulier ne jouerait sûrement pas en sa faveur, et il ne fallait pas que d'autres hommes rappliquent. Toujours nerveux, il sortit le bout de verre tâché de sang de sa poche, se plaqua silencieusement contre le mur derrière la porte et jeta l'objet tranchant tout en bas des escaliers qui produisit un léger fracas comme si un petit vase venait de tomber.
Le barbu poussa un grognement d'étonnement.
- C'est quoi cette merde ? Scott ? Scott ?! Putain mais ne me réponds pas surtout enculé ...
Anthony entendit l'homme se lever du canapé avant de poser brutalement sa bière sur la table et se diriger vers la porte qu'il ouvrit plutôt calmement. Il se trouvait à présent dos au mur, juste derrière le barbu qui restait là, immobile à observer le morceau de verre brisé au pied des escaliers.
- Il fou quoi cet abruti ... grogna l'homme qui commença à descendre les marches
Sans attendre, Anthony rentra le plus silencieusement possible et sur la pointe des pieds dans la pièce sans toucher la porte et sans attirer l'attention du barbu. Devant la télé et le canapé, il tourna sa tête vers la gauche et vit un nouvel escalier. Mais avant même qu'il n'entame de monter ce dernier, il entendit des pas provenant de cette même direction, quelqu'un descendait et se dirigeait vers lui !
Il n'avait aucune cachette et aucun morceau de verre pour le sauver, il ne savait pas à quoi ressemblait son prochain obstacle mais il était sûr qu'un combat à main nue ne serait pas bon pour lui. Il n'y avait dans la pièce qu'un canapé collé à l'angle du mur, un vieux rideau déchiré à la fenêtre, une table basse et la télé.
L'homme qui descendait trébucha dans les deux dernières marches et tomba à quatre pattes en amortissant le choc à l'aide de ses mains.
- Putain de MERDE ! Taudis d'merde, pas foutu d'avoir des marches normales !
Il se releva et se dirigea vers le canapé. Lorsqu'il vit la bouteille de bière encore pleine sur la table basse, il s'arrêta et regarda autour de lui.
- Qui c'est qui gaspille ça encore ? Se demanda-t-il en prenant la bouteille
Alors qu'il s'apprêtait à en boire une gorgée, ses yeux se focalisèrent sur le rideau. Il posa la bouteille, fronça les sourcils et pencha légèrement la tête comme s'il distinguait une étrange forme à travers le tissu. Il se dirigea alors en direction de la fenêtre tout en se prenant maladroitement le bord du canapé plutôt proche de la table basse et s'arrêta devant le voile.
- CONNARD ! Cria l'homme en arrachant le rideau de la main
Personne. Seule une fenêtre à moitié barricadée se trouvait derrière le tissus.
- Dan ?! Cria l'homme à haute voix
- J'suis en bas ! Résonna une voix provenant du rez-de-chaussée
L'homme se retourna, prit la bouteille de bière et quitta la pièce pour descendre en bas, là où se trouvait l'homme qu'Anthony avait feinté avec le morceau de verre.
Le bord du canapé se rapprocha étrangement un peu plus du bord de la table basse. D'un léger soupir, Anthony sortit de sa cachette et remit le canapé contre le mur.
- Merci mon enfance ... sourit-il en regardant le petit espace qui se tenait entre l'angle du canapé et l'angle du mur.
Un peu plus rassuré, il se dirigea à présent vers les escaliers qui donnaient sur l'étage supérieur, un escalier à plan carré. Il monta les marches d'un pas léger et arriva devant une nouvelle porte cette fois-ci complètement fermée.
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Remember Me
ParanormalElle, originaire de Londre, ses parents ont dû fuir illégalement l'Angleterre pour échapper aux dettes de son père, un éternel alcoolique. Lui, né sous le soleil d'Espagne, ses parents ont décidés de l'envoyer chez sa tante à Berlin pour qu'il puiss...