Le jeune homme retira rapidement sa main du crâne froid. De larges gouttes de sueur perlaient sur son front, sa bouche restait béante et ses yeux écarquillés reflétaient toutes les émotions qu'il venait de ressentir en quelques minutes seulement.
Qui sont ces gens ?! Se demandait-il
Un claquement de porte se fit entendre à l'étage, suivit de bruits de pas lourds qui descendaient les escaliers. Surpris, Anthony chercha un endroit où se cacher, mais la pièce ne possédant que le canapé et la table basse, il décida de se positionner derrière la porte qui était à présent ouverte.
Les bruits de pas s'approchèrent de plus en plus, jusqu'à ce que le jeune homme se rende compte que quelqu'un se tenait juste devant lui, derrière la porte. Il retenait sa respiration le plus longtemps possible tandis que l'inconnu soufflait comme un buffle avec une haleine qui semblait empester le whisky.
Toujours caché derrière la porte, Anthony vit l'homme qui s'approcha bouteille à la main du cadavre de l'alcoolique et qui caressa le crâne de ce dernier.
Ne te retournes pas s'il-te-plaît ... Pria le jeune homme
D'une démarche instable, l'inconnu se retourna et trouva Anthony caché derrière la porte ; il lâcha la bouteille de sa main la laissant se briser en une dizaine de morceaux sur le sol et ferma d'un violent coup la porte de sorte à ce que le jeune homme soit entièrement à découvert.
- Qu'est-ce que tu fous là p'tit merdeux ? Demanda le barbu d'une voix rocailleuse
Anthony se tut, il dévisagea l'homme qui luttait pour rester droit, ce dernier penchait de gauche à droite tout en étant presque sur le point de s'écrouler. Anthony en déduit que ce dernier était saoul.
- J't'ai posé une question l'merdeux là ... rép *hic* réponds !
Toujours muet, le jeune homme se décala vers la gauche se positionnant ainsi pile juste devant la porte toujours fermée espérant sortir de la pièce. Mais l'alcoolique impatient d'obtenir une réponse, fonça sur le jeune homme et le plaqua contre la porte.
- Réponds sale gosse ! Hurla l'homme
- Lâchez-moi ! Rétorqua Anthony
Il agrippa son assaillant et le poussa sur le canapé avant de le faire tomber au sol. Bien que saoul, l'homme avait une carrure conséquente, bien plus que lui, il savait donc qu'il n'avait que peu de chance face à son adversaire ; il regarda les morceaux de verres qui appartenaient à la bouteille de whisky brisée, prit le plus long et le plus pointu et brandit ce dernier en direction du barbu.
- Qui êtes-vous ?! Demanda-t-il le bras tremblant
L'homme se releva.
- Celui qui va t'étrangler sale merdeux !
Il fonça à nouveau sur le jeune homme et le plaqua cette fois-ci au sol là où se trouvaient les bouts de verres. Un petit cris se fit entendre sur le choc. Il leva la tête, les yeux grands ouverts, plongés dans ceux d'Anthony et se releva aussitôt la bouche béante laissant s'échapper un léger gémissement. En baissant la tête, il observa le morceau de verre qu'avait brandit sa victime planté en plein milieu de sa poitrine.
- Sale ...
Il s'écroula au sol sur un bruit sourd la main sur le torse.
- Oh putain ... Chuchota Anthony suant
Ce dernier se releva mais une douleur lui déchira le dos qui lui fit pousser un léger cris de douleur. Il tourna délicatement le buste et pu observer à sa taille trois petits bouts de verres qui avaient transpercés son T-shirt pour pénétrer dans sa peau, laissant ainsi trois ronds rouges sur son haut.
- Ah merde ! Grogna-t-il
Il releva son t-shirt et les retira avec délicatesse, lâchant quelques grognement à cause de la douleur. Ne sachant quoi faire, il se dirigea vers le cadavre de celui qu'il venait de tuer et le traîna à côté du canapé. C'était la première fois de sa vie qu'il tuait quelqu'un, mais il s'en foutait, il ne ressentait aucune empathie pour l'homme qui avait tenté de le tuer lui.
- J'espère pour toi que tu ne lui as rien fait. Marmonna-t-il au cadavre qu'il traînait
Il s'assit sur le canapé, se pencha vers le corps au sol et posa sa main d'un geste déterminé sur le front de ce dernier.
- On fait quoi de c'te mec maintenant ? Demanda le barbu en pointant le cadavre du vieil homme
- On le laisse là, pas le temps de s'occuper d'lui répondit un blond qui possédait une barbe de trois jours.
- Ici ?
- Oui, fait disparaître toutes les pièces d'identités, brûles les papiers et déchires toutes les photos. Au moins personne ne viendra à nous pour elle.
- Ça marche. Répondit le barbu en prenant une gorgée de whisky
- On se retrouve au Taudis.
Le blond sorti de la maison laissant ainsi son acolyte seul. Ce dernier se rendit dans toutes les pièces du rez-de-chaussée avec sa bouteille à la main, fouillant tous les tiroirs et placards afin de réduire à néant tous les objets qui pouvaient permettre à des visiteurs de trouver rapidement l'identité du vieil homme. Tous les papiers qu'il trouvait, il les déchirait, les pièces d'identités il les rassemblait avec les quelques photos qu'il prenait des cadres et les jetait à la poubelle avant d'y verser quelques gouttes de son alcool pour ensuite y jeter une allumette qu'il sortait tout droit de la poche de son manteau.
Lorsqu'il s'aperçut qu'il avait terminé sa bouteille, il décida de monter à l'étage où il en trouva une nouvelle avec un grand sourire, et répéta le processus de destruction, trouver, déchirer, rassembler, brûler. Toutes les trente secondes il prenait une gorgée, devenant ainsi de plus en plus instable. Il ne marchait plus droit, titubait le long des couloirs et sentait sa propre haleine mielleuse lorsqu'il ouvrait la bouche pour prendre d'insuffisantes bouffées d'air. Mais avant même de terminer son précieux trésors, il s'allongea au sol afin de prendre une pause.
- Enfoiré d'alcoolique. Lâcha-t-il
Il ferma les yeux et s'assoupit en quelques secondes.
Des bruits de pas le réveillèrent, il ouvrit les yeux et regarda autour de lui, rien. Il se releva maladroitement, toujours saoul, prit sa bouteille presque vide et resta debout immobile en plein milieu de la pièce dans laquelle il se trouvait. Sa vision était floue, il ne savait même plus différencier un bureau d'un canapé et n'avait aucune idée du temps qu'il venait de passer à roupiller. La tête qui tourne, il se dirigea alors vers la porte des escaliers, l'ouvrit involontairement d'un coup sec et vit au pied de ces derniers la porte d'entrée qui était grande ouverte, ainsi que celle de la pièce où le corps du vieil homme était. Il descendit le plus discrètement possible les marches, mais c'était discret uniquement de son point de vue, car de par son état, il ne se rendait pas compte qu'il posait ses pieds le plus brutalement qui soit sur chacune des marches, produisant un bruit monstre dans toute la maison.
- J'pas ouvert la porte mon dieu d'merde ... grommela-t-il
Anthony retira sa main, il ne suait pas comme précédemment, non seulement car il n'avait aucune pitié pour celui qu'il venait de tuer, mais également car il connaissait la fin. Bizarrement, il eut comme une étrange sensation de fierté dans ce qu'il avait fait, il était désormais déterminé à en savoir plus sur la disparition de Ciel.
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Remember Me
ParanormaleElle, originaire de Londre, ses parents ont dû fuir illégalement l'Angleterre pour échapper aux dettes de son père, un éternel alcoolique. Lui, né sous le soleil d'Espagne, ses parents ont décidés de l'envoyer chez sa tante à Berlin pour qu'il puiss...