À lire avec l'audio à souhait !
Intrigué, il zyeuta le sol pour trouver d'éventuels indices qui pouvaient l'aider à en savoir plus. Quelques peu effacées par la neige qui continuait de tomber, des traces de pas étaient imprimées dans la fine boue qui jonchait le sol tout le long de l'allée. Il regarda à droite puis à gauche pour être sûr d'être seul, s'accroupit et examina avec rigueur les potentiels indices qu'il venait de trouver car en effet, il devina avec facilité les traces de chaussures de Ciel, qui possédaient des cercles en guise motifs sous la semelle. C'était un des cadeaux qu'Anthony lui avait offert lors de la dernière Saint Valentin qu'ils avaient passés ensemble.
Un détail le perturba, il vit à côté de ces marques, d'autres traces de pas tout autour de celles de Ciel.
Simple coïncidence ... se disait-il
Mais lorsqu'il fit le lien entre les traces de pas et la bague qu'il avait trouvé au beau milieu de tous ces détails, il pensa au pire.
- Que s'est-il passé ... ? Chuchota-t-il d'un air dramatique
Il regarda vers la porte de la maison qui se tenait en face de lui et sans réfléchir, s'avança vers elle pour s'arrêter juste devant.
Il n'y a pas d'autres moyens. Pensa-t-il
Il leva son poing pour s'apprêter à toquer et donna un bref coup sur la porte. Cette dernière s'ouvrit lentement sur un grincement sinistre qui donnait l'impression de hurler à la mort.
Ce n'est pas normal.
La porte étant entrouverte, il décida d'y jeter un léger coup d'œil dans l'étroite fente qui donnait visiblement sur un salon dont l'ambiance qui y ressortait paressait pesante. L'étranger des lieux regarda derrière lui d'un air prudent et décida de prendre les choses en main.
- Il ... il y a quelqu'un ?
Il poussa délicatement la porte qui reprit le train de son infernal bruit, et entra dans une pièce dénuée de lumière. Le peu de luminosité qui parvenait à pénétrer les lieux provenait principalement des murs dont les planches de bois commençaient à pourrir, laissant apparaître des trous plus ou moins larges. À peine venait-il d'entrer qu'une étrange odeur repoussante lui agressait les narines. Il recouvrit son nez du col de son t-shirt afin d'en être le moins écœuré possible, et prit le temps de déposer l'anneau qu'il avait trouvé dans le creux de la poche de son pantalon.
Malgré le parfum peu commun des lieux, il ne constata rien d'anormal, devant lui se trouvait des escaliers, à sa gauche une cuisine avec le strict minimum en terme d'ustensiles et à droite, une porte entrouverte. Il décida d'emprunter le chemin la porte, mais lorsqu'il l'ouvrit, il découvrit un homme de dos, assis sur un canapé en mauvais état devant une table basse. Le jeune homme ne bougea pas, il observa le crâne dégarnie de l'homme qui se tenait complètement immobile.
- Je ... je croyais qu'il n'y avait personne. Dit Anthony d'un ton peu sûr
Aucune réponse. Il s'avança alors sur le côté gauche du canapé, et constata une fois devant, une scène atroce. En effet, l'homme qui se tenait immobile devant lui était décédé. On le devinait non seulement par sa bouche béante et ses yeux dignement fermés, mais également par la large tâche de sang qui traversait son pull et son t-shirt au niveau de l'abdomen. À cette vision, le jeune homme eut un haut-le-cœur. C'était là la principale raison de la présence de l'odeur nauséabonde qui habitait les lieux.
- Oh non ... c'est son père ... frissonna-t-il
Il plaça ses deux mains sur son visage comme pour se retenir de pleurer. Le chagrin commença à l'envahir, il venait de découvrir le cadavre du père de la fille qu'il aimait, et savait ce que cela engendrait car en effet, Anthony n'était pas comme les autres, il possédait un don unique ; celui de voyager dans la mémoire des défunts. Le problème, c'est qu'il n'appréciait guère ce don, non seulement car c'était peu respectueux et glauque, mais également car il pouvait ressentir toutes les émotions que le défunt avait vécu durant ses derniers instants, sentiments, sensations, douleurs et souffrances. Cependant, il était obligé de le faire, car il avait bien compris que quelque chose d'anormal s'était déroulé dans cette maison, et que la disparition de Ciel devait sûrement être liée à cela. Toujours en retenant ses émotions, il s'assit aux côtés du cadavre avec un certain dégoût dû à l'odeur, et d'une main tremblante, toucha le crâne de ce dernier.
- Vous ... vous n'avez pas le droit ! Hurla le vieil homme enragé
- Recules vieillard, on fait ce qui nous chante ! C'est tant pis pour toi maintenant dégages ! Ordonna un blond dont une barbe de trois jours siégeait le visage
Malgré la réponse de son interlocuteur, le vieil homme bouscula ce dernier et sorti du palier de sa porte découvrir devant sa maison, une voiture qui démarrait.
- Arrêtez ! Non ! S'écria-t-il d'une voix faiblarde
- Papa !!! Cria une voix féminine à l'intérieur du véhicule qui commençait à s'éloigner doucement.
Deux barbus attrapèrent le vieil homme par les épaules et l'empêchèrent de poursuivre la voiture.
- Lâchez-moi pauvres nazis ! Se débattit-il
- Papa aides-moi !!!
La voiture s'éloigna de plus en plus jusqu'à tourner à un carrefour, et disparut de la vision du vieil homme.
- Lâchez-moi !
La colère. C'était la seule émotion qui l'animait, il était fou de rage. Il voulait absolument mettre une raclée à ses deux assaillants, mais ses vieux os ne le lui permettaient plus. Malgré son âge, il réussit à s'échapper de leur étreinte et se dirigea au beau milieu de la route, juste devant sa porte d'entrée. Des bruits de boue visqueux se firent entendre à chaque pas de ce dernier qui ne tarda pas à s'écrouler de tristesse.
- Allez viens là vieillard. Dit un barbu en le prenant par l'épaule.
Il le ramena à l'intérieur de sa propre demeure suivit par son acolyte qui était aussi barbu et le jeta comme un malpropre sur son canapé. Le vieil homme gémit. En se redressant maladroitement, il vit devant lui une bouteille de whisky à moitié pleine posée sur la table basse. Il tendit son bras ...
- Non ! Dit un des deux barbu en piquant la bouteille, ça c'est finit pour toi l'ivrogne ! Tu va pouvoir t'en passer à partir de maintenant. Déclara ce dernier d'une voix rocailleuse
Il but une grosse gorgée du liquide, et passa la bouteille à son acolyte.
- Tu peux en vouloir qu'à toi même vieux débris ! Railla-t-il
Une larme coula le long de la joue du vieil homme.
- T'es triste ? Ah ah ! Attends.
Il prit l'alcool, s'approcha du vieil homme toujours assis et tendit son bras pour proposer la bouteille à ce dernier. Les yeux de l'alcoolique s'écarquillèrent face à cette proposition. Sans se faire prier, d'un large sourire, toujours les larmes aux yeux, il leva ses deux mains, et alors qu'il s'apprêtait à prendre la bouteille, le barbu recula son bras et avança sa main gauche dévoilant un poignard qu'il planta directement dans l'abdomen du vieil homme.
- Meurt en silence, ivrogne ! Menaça-t-il en le regardant dans le blanc des yeux
Le vieil homme gémit de douleur.
- Regardes ! Il couine ! Rit l'assassin
Les deux hommes esquissèrent un sourire malsain. Ce n'est que lorsque les gémissements du vieillard furent éteints que l'un des deux retira violemment le poignard, laissant le pauvre homme à l'agonie sur son canapé, vivant ses derniers instants, sans une seule goutte de whisky.
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Remember Me
ParanormalElle, originaire de Londre, ses parents ont dû fuir illégalement l'Angleterre pour échapper aux dettes de son père, un éternel alcoolique. Lui, né sous le soleil d'Espagne, ses parents ont décidés de l'envoyer chez sa tante à Berlin pour qu'il puiss...