TROIS

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Charlie était recroquevillée sur elle-même, contre le mur froid et dur de la Base. Elle observait Léon et Cassien au loin : le plus grand donnait une leçon au plus jeune, en le pointant du doigt et en faisant des gestes incompréhensifs. Cassien avait l'air de ne rien écouter, et ne semblait pas non plus répondre, impassible.
Charlie tentait d'entendre leur discussion, mais les cris assourdissants des autres adolescents s'entraînant ou rien l'empêchaient de comprendre quoi que ce soit.
Au bout de quelques minutes, corrompue de toute patience, Charlie décida de rejoindre les deux garçons. Quand elle vit Cassien, posé sur les tapis empilés, qui faisait pendre ses jambes dans le vide, la tête sur ses mains, et la mine boudeuse, puis Léon qui soupirait, elle sût que "parler" n'avais pas été la meilleure idée que ce dernier ait eu. Elle s'approcha de lui discrètement.

- J'aime beaucoup tes idées, vraiment.

- C'est comme parler à un mur, se plaignit Léon en désignant Cassien.

La jeune fille se posta devant Cassien, droite et le regard dur. Il leva les yeux, étonné de cette réaction et la questionna du regard. Elle lâcha simplement :

- C'était un test. Et...

- Un test ?

- ...Tu as réussi. Seulement, il va falloir arrêter de faire la tête et se remettre au travail. Je voulais pas que ça te vexes.

Cassien était ébahi. Il avait été profondément touché, et il ne pouvait pas le cacher. Dire à voix haute ce qu'il pensait lui-même tout bas de lui, ça lui avait fait un choc. La rage s'était emparé de son corps sans qu'il ne s'en soit rendu compte, sans qu'il n'est eu à réfléchir. Un réflexe, une colère spontanée : rien n'avait été contrôlé. Les paroles de Léon avait fait ressortir toute sa haine et sa tristesse d'un seul coup, sans qu'il ne s'y attende. Voilà pourquoi Cassien ne parlait pas et restait froid après cela : il ne s'était pas contrôlé, il a découvert en lui la force que sa rage et son mal-être pouvait avoir, et ses intérêts. Était-ce bien ? C'était ce à quoi il se questionnait, et c'était aussi ce qui lui faisait peur, d'où sa rancoeur contre Léon et Charlie.

- Je ne comprends pas, quel était le but ?

Charlie n'hésita pas une seconde à dévoiler sa manigance à Cassien, même s'il y avait des risques qu'il la haïsse encore plus après cela.

- Je voulais utiliser ta faiblesse - ton manque de confiance en toi -, pour te mettre à bout. Je voulais que tu fasses ressortir toute ta colère et que tu en oublies ta peur.

Un silence pesant s'installa autour des trois adolescents. Cassien plissait seulement les yeux, et les muscles de son visage crispé se détendaient de plus en plus.

- Quelle peur ?

- Ta peur de t'éffondrer, d'échouer.

- C'était stupide, rétorqua Cassien, les sourcils froncés.

- C'était stupide ?

Léon s'était tût lors de leurs échanges, pensant que ses paroles ne feraient qu'empirer les choses, mais à ce moment précis, il s'était dit qu'il n'avait plus rien à perdre. Et il avait raison.

- Si ça avait été stupide, tu ne te serais pas défendue, tu ne m'aurais pas frappé et causé ces douleurs, tu ne m'aurais pas humilié et tu aurais échoué. Et d'après Charlie, tu as réussi. Tu t'es battu Cassien, contre moi, alors que je te fichais la trouille. Alors maintenant arrête de réagir comme un gosse, retrouve le Cassien de toute à l'heure qui était déterminé et laisse Charlie t'aider.

Léon attendait une réponse de la part de Cassien, un simple "d'accord" ou même un geste. Mais l'intéressé fronça simplement les sourcils en regardant le bout de ses chaussures, et, finalement, releva la tête pour partir calmement en laissant ses deux autres coéquipiers, ahuris, derrière lui.
Charlie lança un regard assassin à Léon.

La Vengeance Du MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant