SEPT

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- Putain, mais laissez-lui de l'air !

Raven avait une nouvelle fois fait usage de sa voix pour faire réagir le groupe. Tous réculèrent soudain de deux mètres de la couchette. Seule Charlie avait refusé de s'éloigner de Cassien, inconscient. Son visage enfantin d'auparavant avait bien changé, sa tête était maculée de terre et de sang, sa joue gauche était défigurée par une terrible et profonde griffure. Il ne ressemblait plus à l'enfant innocent au sourire malicieux mais bel et bien au guerrier et courageux adolescent qu'il était devenu ces derniers mois. Sa jambe gauche avait aussi été ouverte de la même façon que sa joue, d'une griffure sanglante, profonde. Il perdait beaucoup de sang et n'avait toujours pas reprit connaissance.

- Ça a dû s'infecter, il respire trop rapidement, marmonna André pour lui-même. Poussez-vous, allez plus loin !

André se fraya un chemin entre les adolescents qui faisaient rempart autour du blessé. Il s'accroupit et ouvrit une boîte en fer où tout un kit de soin était minutieusement rangé. Il sortit un flacon d'alcool et en imbiba un mouchoir. L'improvisé médecin fit un coup de coude à Dewan pour que celui-ci applique le mouchoir sur la plaie de la jambe, tandis qu'André s'occupait de la joue. Un troisième garçon s'affairait autour de la victime : Evan nettoyait le visage de Cassien avec un chiffon mouillé déjà sale, tout en fronçant les sourcils face à la blessure.

- Ok, on finit de désinfecter et ensuite on recoud sa joue et sa jambe, expliqua sereinement André. Dewan tu restes avec moi, les autres barrez-vous de cette foutue tente !

- Vous avez entendu les gars, dégagez ! Tout le monde dehors. ...Toi aussi Charlie, hop !

André se retourna, arqua un sourcil et soupira :

- Raven, ferme-la et barre-toi.

Charlie se releva et suivit ce dernier qui se dirigeait vers l'extérieur. Raven avait le physique parfait d'un soldat : corps robuste, musclé, il était fait pour ça. Sa chevelure brune coupée très court le rendait encore plus militaire malgré ses nombreux défauts et traits de caractères contraires aux principes de l'Armée. Son nez long et droit, et ses yeux noirs cernés rendaient son visage mystérieux et quelque peu attirant. Il s'arrêta soudain devant l'ouverture de la tente, poussa la toile et attendit Charlie avec un sourire arrogant puis la laissa passer.

- C'est marrant, quand le Général à demandé par talkie-walkie à tout le monde si t'étais avec nous, j'étais sûr que, même si on affirmait que non, je te retrouverais là.

- Ouais, et moi j'étais sûre de regretter d'être venue en voyant que tu ne t'es pas fait avalé par un Monstre au cours du voyage. Dommage, on a jamais ce qu'on veut.

Raven rit excessivement et frappa l'épaule de Charlie avant de s'éloigner vers le petit groupe de garçons autour d'un feu. Charlie ne put s'empêcher de sourire et chercha rapidement Adam du regard. Celui-ci était appuyé contre un arbre, les bras croisés, face à Wendel, Amsès et Luis en pleine discussion sérieuse.

- ... On a entendu des cris, mais ça ressemblait plus à des gémissements. Alors on s'est demandé qui ça pouvait être et on a suivi sa voix. On s'attendait à voir un survivant, pas un des nôtres. Cassien était dans un arbre, il devait se sentir en sécurité en hauteur, je sais pas. Il était allongé sur une grosse branche, il s'y était même attaché avec une corde par précaution, pour ne pas tomber. Je pense qu'il... qu'il se sentait déjà partir. Luis est allé le détacher et le descendre de sa branche et au moment où j'allais lui poser des questions sur son état il a perdu connaissance.

Wendel termina ses explications avec une moue de gêne, comme s'il se sentait responsable et impuissant. Luis commençait à chercher des explications sur les blessures et l'état de Cassien quand il vit Charlie arriver. Il changea soudainement de sujet et d'humeur.

La Vengeance Du MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant