Chapitre 1

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On m'avait dit un jour : "La volonté est la seule qualité dont tu ai besoin pour que le monde t'appartienne".
Je n'avais rien répondu, seulement pensé : Pourquoi pas?
Aujourd'hui, je pouvais clairement répondre : Non, elle n'est pas la seule nécessaire et pour cause, j'y ai cru et ça n'a pas été suffisant.

Tout avait commencé par cette matinée en Mars à Besançon en France. Ce début de journée qui aurait dû être banal mais qui ne cessait de hanter mon esprit. J'étais alors à l'université, en licence de lettres. On avait cours de littérature. J'étais assise au fond de la classe, ma place favorite. "Loin du monde, loin des problèmes" était ma devise personnelle.

Je connaissais tous les élèves de ma classe puisqu'on était peu mais je ne m'attachais pas à eux, sachant que l'on finirait tous par perdre contact. Autant prendre de l'avance, non? Je ne les aimais pas et c'était réciproque.

J'entendais souvent des chuchotements à mon sujet comme : "Mais que fait-elle encore ici? Elle aurait dû être virée il y longtemps déjà!", "C'est une sauvage!" Ou bien "Encore une de ces ratées insociables et complètement dingues, je la plains!"
Des remarques et des rumeurs les plus absurdes les unes que les autres étaient lancées à mon sujet.

Je m'étais souvent demandée si ces stupides idées avaient plutôt été inspirées de mon physique ou de mon comportement:

Manon Dawkins, une jeune fille de vingt ans, assez grande dans les environs des 1 mètre 70, avec de longs cheveux bruns presque noirs, raides tombant jusqu'au milieu du dos. Mes yeux étaient d'une teinte noisette. Constatation? J'étais totalement banale, hormis le fait que je m'habillais principalement de vêtements amples. J'affectionnais par conséquent, mes vieux joggings et t-shirts de sport. L'ensemble, en effet, n'était pas franchement glamour, mais au moins je me sentais à mon aise.

Mon caractère était aussi peu conventionnel que mon apparence pour une jeune étudiante en lettres. Sarcastique, arrogante et casse-cou, je n'avais rien de l'image timide et réservée qu'on se fait des littéraires. Au contraire, je parlais ouvertement
Ne faisant aucune distinction entre les paroles qui pourraient blesser ou à l'inverse, plaire. Tant que c'était la vérité, ou du moins ce que j'en pensais, je ne voyais pas la différence. Mais je n'étais pas méchante ou brusque, j'étais seulement assez solitaire.

J'étais donc, installée à ma place habituelle, attendant que le cours commence, lorsque j'aperçus une ombre derrière moi.
Je me retournai vivement pour me retrouver face à "Mr je sais ce que je vaux"de son vrai nom Alex Dixon.

C'était un garçon de ma classe qui m'énervait et m'amusait au plus haut point en même temps, ce qui m'agaçait d'autant plus. Il était arrivé au début d'année, c'est-à-dire il y a six mois. On ne s'était encore jamais adressé la parole mais il était lui aussi doté d'un franc parlé légendaire qui lui, contrairement à moi, séduisait tout le monde.

Ici, il n'y avait nullement besoin d'être un génie pour comprendre pourquoi. Il avait une silhouette élancée aux larges épaules, sa musculature se devinait à travers son t-shirt fin. Des cheveux bruns décoiffés lui tombant légèrement sur le front et des yeux d'un vert émeraude complétaient le tableau. Un "parfait abruti" seraient les mots qui, d'après moi, lui correspondraient le mieux.

Pourquoi? Parce qu'hormis ce corps d'Apollon qu'était le sien, il était hautain et prétentieux. Depuis qu'il était arrivé, il passait son temps à la recherche de nouvelles filles. J'avais dû le voir au moins avec une dizaine de filles différentes depuis son arrivée mais aucune d'elles ne restait bien longtemps. Dieu seul savait ce qui se passait entre eux! Et cet air suffisant qu'il prenait avec tout le monde ne m'impressionnait pas du tout. Mais je n'avais jamais vraiment eu à m'en soucier car il respectait normalement, comme les autres, mon espace personnel de 25 mètres minimum.

Le Témoin recherchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant