Chapitre 5

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-Je ne sais plus exactement tout ce qu'il s'est passé, j'ai juste... perdu le contrôle.
Ça, au moins, c'était la vérité.
Je pouvais de nouveau ressentir toutes ces émotions qui m'avaient traversée.

L'intense rage qui m'avait parcourue, embrasant tout mon corps et mon esprit. Mais je pouvais désormais analyser celles que j'avais alors simplement mises en arrière-plan.
Il y avait eu la peur, la peur de quoi? De ne pas comprendre ce qu'il se passait? La peur de ce qu'il pourrait dire d'autre? La peur de vraiment croire que mes parents auraient honte de moi s'ils me voyaient? Je ne savais pas. Il y avait aussi eu le bonheur. D'où provenait-il? De l'euphorie de la course et du tour que j'avais joué à Alex? Ou bien d'ailleurs? Mais si c'était le cas, d'où ça?

Il y avait eu de la tristesse, ou plutôt une douleur habituelle, comme si j'avais vécu depuis toujours avec, et que j'avais appris à passer outre, que j'avais abandonné de lutter contre. Cependant, celle que je ressentais à cause des drames de mon passé n'avait rien à voir avec celle-là. La mienne était bien plus présente dans mon être et je me battais chaque jour pour garder le dessus et la surmonter. Ce mal-être que j'avais perçu ne laissait aucune place à l'espoir. J'en eus des frissons rien qu'en y repensant.

Une des dernières émotions avait été celle d'une immense curiosité, comme si j'allais découvrir quelque chose à tout moment. Mais qu'est-ce qu'il y avait donc à explorer ou à trouver?
Je m'en rappelai d'une autre, mais beaucoup plus intense. Je n'avais jamais ressenti rien de tel! De la surprise? Non, c'était plus fort. De l'émerveillement? Non, ce n'était pas ça... pourtant je pouvais presque la ressentir de nouveau. C'était très perturbant. J'essayais de la chasser de mon esprit mais toutes mes interrogations vinrent prendre sa place.

Je ne me souvenais que de cette tornade d'émotions et d'une image au loin, une image floue dont je n'avais pas eu conscience d'avoir vu dans ma panique. Je retenais mon souffle. Oui! J'avais bien vu quelque chose! Mais quoi? Je pouvais seulement distinguer une sorte de tache marron sur un fond noir. Je me concentrais de toutes mes forces mais toujours rien.
Je me pris la tête à deux mains ayant l'impression qu'elle allait exploser. Je devenais vraiment folle.

-Manon, Manon. Arrête tu me fais peur!
Je m'extirpai de mes pensées en entendant la voix d'Ilona qui me fixait avec anxiété. Elle s'était rapprochée sans que je ne m'en rende compte.
-Je... je vais bien, balbutiai-je.
-Oui! C'est sûr, tu en avais l'air! Rétorqua-t-elle en levant les bras au ciel, qu'est-ce qu'il se passe vraiment?

Elles me connaissaient vraiment bien, mon dieu! Je ne savais pas si je devais en être impressionnée ou agacée. Mais je fus sauvée par Léna qui n'avait pas pris la parole depuis un moment. Elle semblait aussi inquiète qu'Ilona.

-Nous devrions te laisser te reposer et intégrer ce qu'il vient de se passer, mais n'oublie pas que tu peux TOUT nous dire, me dit-elle avec un étrange regard qui me donna la chair de poule sans raison apparente, mais qui ne dura qu'une seconde, si bien que je crus l'avoir imaginée, surtout avec le sourire rassurant et sincère qu'elle me lança en s'approchant pour me prendre dans ses bras.

-Tu as raison, merci, dis-je simplement en lui rendant son sourire.
-Très bien, appelle nous vite alors! Me commanda Alicia en m'enlaçant à son tour suivie d'Ilona.
Elles me lancèrent un dernier signe de la main et partirent.

Je me laissais retomber sur l'oreiller en fermant les yeux. Je me sentais épuisée, complétement perdue et vidée mais aussi bizarrement complète comme si... je venais de réaliser une évidence inconsciemment mais laquelle?
Je soupirai, exaspérée et tentai de de me vider la tête pour décompresser.

Je me rendis compte que je m'étais assoupie seulement lorsque j'entendis des voix qui vinrent me tirer des bras de Morphée. Avec une grande concentration pour me tirer des limbes qui m'enveloppaient, je pus reconnaître une voix masculine et une voix féminine qui me semblèrent vaguement familière.

-Tu peux le sentir toi aussi? Dit l'homme.
-Je ne sais pas ce que c'est, répondit la femme qui semblait sur la défensive.
-Il est en train de s'éveiller. Il est faible mais pourtant si puissant! Je n'avais encore jamais vu ça! Tu crois que...
Mais de qui parlait-il? Qui était ce "il" si puissant? Et puis, qui utilisait cet adjectif pour désigner quelqu'un.
-On ne sait pas ce que c'est, insista la femme, ne tirons pas de conclusion hâtive.

Je ne comprenais rien et j'essayais toujours de ne pas me rendormir. Je dus faire un effort surhumain pour ouvrir les yeux. On m'avait injecté un médicament ou quoi?
Je me retrouvais face au plafond gris de l'infirmerie. Les voix s'étaient tues. Je tournai la tête pour voir les chaises vides où s'étaient assises Léna et Ilona plus tôt dans la journée. Personne n'y était installé. Je jetai un œil de l'autre côté, pour voir une petite table de chevet toute abîmée en bois avec sur celle-ci posée une petite lampe de bureau et des petits bacs pour prévoir les nausées.

Plus loin, se trouvait une porte fermée menant sûrement au bureau des infirmières, et toujours personne.
Je me frottai les yeux en me remémorant tous les évènements de la journée. J'essayais ensuite de me rappeler le son de la voix de la femme et de l'homme qui avaient été là quelques instants auparavant. Mais j'abandonnai rapidement. Ce n'était pas mes affaires et j'avais déjà assez de problèmes à gérer. Par ailleurs, il se pouvait très bien que je les aie tout simplement rêvés!

Combien de temps avais-je dormi, d'ailleurs?
Je regardai dehors, il faisait encore beau mais un peu sombre. On devait être vers la fin d'après-midi. J'entendis une porte s'ouvrir et vis Alex apparaitre dans le cadre de celle-ci. Il avait changé de vêtements ce qui me fit sourire intérieurement. Il était vêtu d'un t-shirt bleu simple et d'un jean. Il avait seulement gardé les mêmes baskets. Ses cheveux étaient toujours décoiffés mais j'étais pourtant certaine qu'il prenait beaucoup de temps pour arriver à ce résultat.

J'étais mal à l'aise ce qui m'arrivait rarement et surprise de me retrouver si rapidement face à lui après ce qui s'était passé et je sentais que l'atmosphère de la pièce était tendue. Il ne parla pas. Il me regardait seulement.
Je tentai d'agir comme si je n'avais pas remarqué en plaisantant:

-Tu t'es changé à ce que je vois, ricanais-je faussement.

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Voilà le chapitre 5

Il n'est pas très long mais je n'ai pas eu beaucoup de temps.

J'espère qu'il vous a plu. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez pour que je m'améliore.

J'espère aussi que vous aimez notre amie Manon et les aventures qu'il lui arrive ainsi qu'a Alex que j'adore! (Je sais pas vous😊)

Le Témoin recherchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant