Plusieurs livres s'amoncèlent devant elle, elle ouvre leur page jaunit humant l'odeur âcre qui s'en dégage puis d'un œil attentif lit leur contenu. Gwen n'a jamais daigné ouvrir un livre auparavant pour son propre amusement et se félicite, du haut de ses six ans, de parcourir enfin cette bibliothèque. C'est un mélange exaltant que celui de lire seule pour la première fois couplé à celui de désobéir à l'autorité parentale qui lui a formellement interdit d'entrer dans cette pièce. Cependant Gwen est trop obnubilée par son bouquin sur les collections de plumes pour penser ne serait-ce qu' une seule fois à ses parents. De son autre main libre la jeune fille tient une plume rouge cramoisie aux reflets carmins. Elle s'était jurée n'avoir jamais vu une plume aussi belle quand elle l'avait trouvé dans la commode ébène de sa grand-mère."-Gwen que fais tu ici ?" s'égosille une voix provenant de l'embrasure de la porte
D'un bond la jeune fille se lève et tente vainement de cacher la plume derrière son dos tout en se tournant vers son interlocuteur. La femme d'une soixantaine d'années s'approche doucement de Gwen jetant un coup d'œil à tout les ouvrages exposés à même le sol et à l'expression d'effroi qui cille le visage de sa petite fille.
"-Dis moi jeune fille, que cache tu derrière ton dos?" demande t-elle en arquant un sourcils
Elle hésite d'abord, songe à mentir mais tend le poing fermé vers sa grand-mère. Délicatement Gwen entrouvre sa main ou loge la plume rouge coincée entre ses phalanges.
"-Je m'excuse d'avoir fouillé dans tes affaires et de t'avoir pris ta plume grand mère" clame enfin la voix de l'innocence."Je voulais voir à quel oiseau elle appartient".
Enfin un radieux sourire illumine le visage de la retraité, elle s'accroupie et passe l'une des mèches brunes de Gwen entre ses doigts. Madame Darling voit en Gwen l'esquisse perfection de l'enfant et se plait à la décrire habile et débordante d'une imagination fertile.
"-Ecoute Gwen "dit calmement madame Darling en saisissant la plume cramoisie", tu ne trouveras pas de quel oiseau vient cette plume car elle n'est pas de ce pays..."
Aussitôt le front de l'enfant se couvre de plis préoccupés, elle esquisse une moue pour signifier qu'elle ne comprend décemment pas ça grand-mère puis croise ses bras potelets sur son ventre.
"-Alors de quel pays vient elle ?"
Madame Darling secoue la tête un grand rictus sur les lèvres:
"-Du pays Imaginaire..."
***
Le crissement des planches qui fléchissent sous mon poids me pousse à accélérer et en moins de deux je me retrouve errante sur un trottoir de Londres à reluquer la poupée balafrée du mystérieux ravisseur. Seule la lumière tamisée des réverbères illumine mon visage endolori par la disparition plus ou moins inopinée de Danny. En proie à un désespoir accablant, je m'écroule sur le bitume en regrettant Danny et les étreintes de ma grand-mère qui m'aurait conforté.
"-Allons levez vous "s'indigne une voix gutturale
De l'obscurité du trottoir se détache une ombre, celle d'un homme au grand manteau noir et au chapeau feutre qui lui confèrent un air hautain et cèle son apparence. En relevant mon visage boursouflé je pointe mon doigt vers l'individu:
"-Vous êtes qui au juste?"
"-Monsieur Oliver Underwood Scott Stevens East" précise l'homme en saisissant mon coude pour me soulever."Un ami proche de votre grand-mère, Madame Darling."
Je blêmis et reste un moment prostrée quand il évoque son nom.
"-Comment connaissez vous ma grand-mère? "je demande d'une voix presque inaudible.
Il sort une montre gousset de sa poche et l'a consulte:
"-Il se fait tard , allons parler à l'intérieur."
Aussitôt, Monsieur Oliver me hisse jusqu'a la maison où il m'installe dans une chaise capitonnée près d'un feu crépitant dans l'âtre. Quand à ce dernier, il s'assoit sur un fauteuil en prenant une grosse goulée de son thé vert sans même ôter son pardessus.
"-Quand est elle partit ?"demande t-il d'une voix éteinte en remuant à peine les lèvres
"-Tôt dans la soirée."
Il me gratifie d'un sourire pincé tout en me tapotant légèrement le bras. Après quoi nous vantons les mérites de ma grand-mère en bruissant comme si cela était proscrit pendant une demie- heure puis Monsieur Oliver s'est borné à connaître le reste de ma soirée.
"-Et ce ravisseur? "s'enquit il
J'hausse les épaules.
"- Grâce à la poupée je sais désormais qu'il prêtant s'appeler Peter Pan comme dans ce sobriquet de conte."
Il s'est mordu la lèvre inférieur pour réprimander un rire.
"-Désolé d'être indiscrète mais d'où venez vous?"
Le vieil homme pose les mains sur les bras de son fauteuil pour se soulever puis vient me murmurer à l'oreille:
"-Du pays imaginaire..."
J'arrondis les yeux. Monsieur Oliver tout en embrassant la pièce du regard s'approche d'un miroir et pointe nonchalamment son doigt boudiné sur la vitre crasseuse et maculée de tâches de gras .Il murmure:
"Deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin."
Du miroir jaillit une spirale bleutée qui l'engloutit aussitôt. Je me suis retrouvée seule, hors d'haleine et qui plus est pétrifiée par la peur.
Sans réfléchir je me rue vers le miroir, le tâtonne fébrilement en proie à une nouvelle découverte. Un frisson de répulsion longe ma colonne lorsque je bougonne en pointant mon doigt:
"-Deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin"
A l'instar de Monsieur Oliver, une brume épaisse filtre sous mes pieds avant d'envelopper entièrement mon corps. Mes jambes flageolantes tressaillent quand un arc de lumière s'arrondit dans mon champs de vision. Peu à peu, envoutée par cette lumière assommante je me laisse emporter et ferme les yeux.
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Ce chapitre n'est pas génial du fait que je l'ai écrit en même pas deux heure car je n'ai pas le temps d'écrire donc je m'excuse d'avance des fautes et du reste. N'hésitez pas à me donner votre avis ;)