Plagg

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Suivre la Seine pour rejoindre Paris, la cale pleine de provision, n'étaient pas une mince affaire. Pour un jeune homme de la trempe de Jehan, taillé dans le cristal plutôt que dans la roche, les trajets en bateau étaient une vraie pose dans sa journée. Il pouvait se reposer au soleil, étant trop  frêle pour tenir la barre. Il posaient ses yeux noisette entouré de long cils sur le papier épais des livres anciens. De sa plume, il faisait vivre des guerriers sans peur et sans reproche affrontant des enchanteresses aussi belle que maléfique ; de jeunes pèlerins traversant le désert où ils y rencontraient djinns et iffrits. Sous ses doigts se dessinaient des lettres calligraphiés par des doigts expert, ayant recopié des textes sacrés de nombreuses religion. Sous ses doigts, les lettres latines respiraient la calligraphie orientale. Il ne comprenait que très rarement les textes recopiés. Le latin et l'arabe lui était aussi peut lisible que le sélénite. On le gardait à bord car il savait lire et écrire, ce qui était indispensable pour les voyages entre la Seine et la Mer Rouge.
Aujourd'hui, ils arrivaient au port. Toute la semaine, il dépenserait le pécule durement gagné. Sa mâchoire fine et ses grands yeux au cils recourbé lui valaient d'être le chouchou de la tenancière de l'auberge où il dormait, et où il aidait pour arrondir ses biens maigres économies. Mais il n'était pas malheureux, loin de là, et passait son temps dans un café chique où il rencontrait les grands de ce siècle. Les cafés étaient un lieu ou les esprits affutés se réunissait pour discuter de problèmes du temps. Le tenancier acceptait la présence de ce garçon qui lisait les livres oubliés par des philosophes pressés, sans bruit, il ne prenait qu'une chaise.

Jehan était un artiste, tout Paris le savaient. Il avait la tournure d'esprit nécessaire à la survie en milieu éduqué. Il pouvait même lancer quelques traits d'esprit à la volé quand l'envie lui en prenait, ne laissant qu'un vexé cherchent de ses yeux fou l'auteur de la plaisanterie. Il n'était pas grand poète, mais à l'auberge on lui commandait ici une lettre d'amour, là un pamphlet, ici-bas une plaidoirie. Être lettré et savoir lire ne vous situait pas par-dessus les autres, mais vous permet d'exercer un pouvoir sur eux là ou la force n'est pas à votre avantage.

En se dirigeant vers le café, il vit un vieil homme en prise avec un jeune seigneur.
"Écarte-toi de mon chemin, manant!" beugla d'une voix rauque le seigneur.
"Pardon je ne voulais pas...
- Tu n'es qu'un faquin, méritant que je te perce de ma lame! Perturber un homme de ma condition!" À ces mots, il sortit de son fourreau une lame blanche et brillante, sur laquelle le soleil se reflétait. Il la brandis un instant, éblouissant les badauds, quand une voix dit : " Messires les gardes royaux apprécieraient guère quelque élan colérique d'un homme de votre condition."
Silence.
"Qui a dit ça?" La voix résonnait dans les rues alentours.
Silence.
"Je répète : qui a dit ça?" Il détachait chaque syllabe, essayant de faire ressortir chaque mot.
Silence.
Il descendit son épée et la rangea dans son fourreau. "Tu t'en sort bien, vieil homme, mais la prochaine fois sera bien différente. Ne t'avise pas de recroiser mon chemin." À ces mots, il continua son chemin d'un air digne et puissant. Il rayonnait si puisement que les mouches mêmes faisaient silence.

La vie reprit son cour. Le vieil homme s'approcha de Jehan.
"Tu es sois courageux, sois fou pour tenir tête ainsi à un seigneur de cette condition, mon Cher Jehan. Tient, dans cette boîte tu trouvera un porte bonheur qui te protégera." Sur ces paroles, il continua son chemin pour aller se perde dans la foule, laissant un Jehan confus, une boîte à la main.

Il rentra à l'auberge, perdu dans ses pensés.

Le plus simple fut de monter dans sa chambre. Il faisait partis des meubles ici. Le fait de se faire accoster par un vieil homme de cette façon était certes peu courante. Mais l'avenir n'était-il pas fait d'imprévus? Il s'installa sur sa couche, et prit l'étrange objet dans sa main. Cette boîte, octogonale, se passera de description pour un lecteur attentif. D'une pichenette, Jehan l'ouvrit, pour en sortir une étrange bague noire comme l'ébène, ornée de l'empreint d'un chat vert émeraude et brillant comme du diamant. Quand il s'en saisi, une étrange créature apparu juste sous son nez. Le bizarre d'une tel situation lui effleura l'esprit, mais il ne prit mesure de l'étrangeté des événements bien après. La créature était très petite, aussi grande que sa paume, et ressemblait à un chat noir à grosse tête et à yeux vert.

"Tu n'as pas les yeux vert à ce que je vois."

Jehan lui répondit d'un regard mêlée de curiosité et d'incompréhension.

"Ce n'est pas grave, mais les habitudes on la dent dure. Qwami, blablabla, pouvoir antique, blablabla, je vais pas te faire un speech complet, mais en gros ta bague te permet de te transformer, tu récupère un bâton magique incassable qui peut changer de taille à volonté, et tu peux utiliser le "Cat-aclysme" pour réduire en poussière la prochaine chose que tu touche. Par contre, tu dispose ensuite de 5 minutes avant de te détransformer. Sinon tu as juste à porter la bague et à dire "Transforme-moi". Voilà voila. Des questions?

- Je n...

-Non? Parfait. J'entends déjà l'appelle du devoir, donc tu ferais bien de te remuer un peu.

-Euh... D'accord? Plagg, transforme-moi!

A ces mots, deux oreilles de chat en cuire lui apparurent dans les cheveux. Un bandeau lui recouvrait la bouche et le nez, dissimulant ses traits, alors que ses cheveux lui cachaient le visage. Une chemise de tissue noire lui recouvrit les épaules, et un pantalon de soie tout aussi noire se répandit sur ces jambes. Enfin, une paire de gant fin lui recouvrit les mains. Il s'admira quelques instant dans le miroir, et, entendant un cris au loin, utilisa son bâton pour se promener sur les toits. C'était un chat, après tout.

Miraculous : 300 ans en arrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant