La salle du trône avait été construite pour être impressionnante. Elle était beaucoup trop grande pour l'utilité que Lucifer en avait, mais le but n'était pas de rentabiliser l'espace dans ce cas précis. Non, l'objectif était d'en mettre plein la vue. C'était d'ailleurs pour ça que la décoration n'avait presque jamais changé depuis sa conception – malgré les supplications répétées de Chaamos.
Elle avait été creusée à même la roche. Au départ, le Palais Impérial avait été installé dans les grottes de l'île au centre de Lux. Avec le temps, le terrain avait été aplanie, la pierre dégagée, mais la salle du trône conservée. Le plafond était haut et on ne pouvait que difficilement le distinguer à cause de sa noirceur profonde. La seule lumière dans la pièce était apportée par des torches et autres lanternes. Le sol de la salle circulaire était en marbre sombre poli. Un long tapis menait au trône au fond, en face de l'entrée principale. Le siège de Lucifer était le seul à avoir été modifié donc, parce que le plus important restait le confort. Lorsque l'Impératrice n'avait pas d'autre choix que de tenir audience pendant des heures, il fallait au moins que son popotin profite d'une assise moelleuse. Par contre, les misérables à genoux sur le sol pouvaient toujours crever la bouche ouverte. Elle n'en avait que faire. Baal n'allait pas la juger : elle aurait réagi de la même manière à sa place.
C'était ce à quoi la Générale des Armées pensait alors qu'elle rongeait son frein dans un coin en attendant de présenter et plaider pour son cas – à savoir obtenir l'autorisation de virer (tuer) un subordonné d'Eurynome. Parfois Lucifer accédait à ses demandes, parfois non. Elle perdait souvent contre le Juge de l'Enfer, mais qui ne tente rien, n'a rien...
Il y avait encore deux Démons devant Baal et elle commençait à s'impatienter franchement.
Toutefois, l'ennui de Baal ne dura pas longtemps. Et elle en aurait presque remercié Baalberith si ce dernier n'avait pas hurlé un subtil 'Sus à l'Impératrice ! Gloire à Satan, l'Elu du Peuple !' en ouvrant à la volée la porte principale.
Juste après, il agrippa la lance qu'il avait amené avec lui, avant de s'élancer vers l'Impératrice de l'Enfer. Tout s'était passé très vite et pourtant, le temps sembla comme s'arrêter pour Baal.
Malheureusement pour Baalberith, qui avait l'air déterminé à agresser Lucifer, il y avait donc la Générale des Armées dans la pièce. Il n'avait pas dû prévoir ce détail puisqu'elle était venue ici à l'improviste. Baal le cueillit au vol. Un placage en bonne et due forme. L'impact fut violent et le masque de Baalberith se brisa sous l'impact. Baal n'en avait que faire. Sans réfléchir d'avantage aux conséquences, elle lui mit un poing en plein milieu de la figure. Le craquement – une douce musique à ses oreilles –, lui fit très plaisir, à l'inverse du stylet que le Grand Pontife parvint à lui planter dans la cuisse alors qu'elle le chevauchait. Baal ne lui fit même pas grâce d'une expression de douleur. A la place, elle se leva en l'empoignant par sa tignasse grasse.
Elle adressa à Baalberith un sourire féroce et lui lança au visage :
« Je sais pas ce que tu fabriques, sale vermine, mais tu viens d'illuminer ma journée avec ta tentative d'assassinat parce que je vais pouvoir te tuer sans qu'on me le reproche !
- Ne le tue pas ! cria Lucifer de son siège en l'entendant dire. »
Elle n'avait absolument pas bougé et regardait la scène comme si elle était devant un film au cinéma. Il ne lui manquait plus que le pop-corn hors de prix. Baal allait ignorer la remarque – ce qui lui aurait valu une sévère punition – mais par chance (ou malchance), Baalberith saisit l'opportunité. Il mobilisa ses dons en matière de Sorcellerie et un souffle de feu engloutit la Générale des Armées. Par réflexe, cette dernière lança tomber le Grand Pontife.
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Appelez-Moi Lucy
ParanormalAprès une tentative d'assassinat sur sa personne lamentablement échouée, Lucifer annonce qu'elle va prendre des vacances dans la ville de Rouen, en France. Son objectif est uniquement de découvrir les joies du statut d'étudiante en Histoire, de se f...