Chapitre 1 - Le réveil

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*Ploc...ploc...ploc*

C'est ce son que j'entendis en premier. Ce bruit lancinant et répétitif d'une goutte d'eau tombant sur une surface dure et qui, à force d'insistance, avait fini par me sortir de mon sommeil. Où étais-je me demandai-je en ouvrant les yeux. Mais j'eu beau les écarquiller le plus possible...c'était le noir absolu. Je sentis une angoisse sourde se diffuser dans tout mon corps tandis que mon cœur accélérait brutalement et que l'adrénaline inondait mon cerveau.

Puis les souvenirs me revinrent...l'accident ! J'avais perdu sans raison le contrôle de ma voiture et avais percuté un arbre. Je devais certainement me trouver à l'hôpital et...si je n'y voyais rien c'était sans doute à cause de ma blessure à la tête. Bien que ce constat ne fût pas très rassurant, il calma quand même légèrement les battements effrénés de mon cœur et me permit de me ressaisir un peu.

Mon premier réflexe fut de lever mes mains vers mon visage pour passer ces dernières sur mes yeux. À peine avais-je esquissé mon mouvement, qu'une terrible douleur se diffusa dans tous mon crâne, me laissant nauséeuse et à nouveau au bord de l'évanouissement. Je laissai passer le malaise, puis réitérai mon geste plus lentement. Je n'avais rien sur le visage, aucune compresse ou bandage de quelque sorte que ce soit. Je senti mon cœur se serrer à cette constatation alarmante, se pourrait-il que le choc m'ait rendu aveugle ? Si c'était cela je pouvais dire adieu à ma carrière, commençai-je à me morfondre sentant les larmes poindre derrières mes paupières.

— Hé oh...il y a quelqu'un ? appelai-je d'une voix rauque et tremblotante.

Seul un silence assourdissant me répondit. À part cette satanée goutte d'eau, aucun autre son ne parvenait jusqu'à mes oreilles, qui maintenant que je n'y voyais plus, me paraissaient hyper sensible.

— S'il vous plait...je suis réveillée, essayai-je à nouveau sans plus de succès que précédemment.

Je sentis l'angoisse faire son retour avec fracas tandis que je commençai à chercher frénétiquement un bouton d'appel sur le côté de mon lit...sauf que je n'étais pas dans un lit me rendis-je compte avec horreur lorsque mes doigts effleurèrent une surface dure et rugueuse. L'angoisse se transforma en panique quand je pris conscience que je me trouvais sur un matelas poser à même le sol. Mon dieu...ce devait être un cauchemar !

Je ne m'étais pas plus tôt fais cette réflexion, qu'un bruit de raclement métallique se fit entendre, me faisant machinalement lever la tête. Une lumière grise et blafarde tomba sur mon visage, semblant me crever les rétines et m'éblouissant totalement. J'entendis quelque chose tomber sur le sol dans un bruit mat, avant que le raclement sinistre de la trappe se refermant ne se fasse de nouveau entendre, me plongeant dans la confusion et le désespoir.

— Attendez ?! Qui êtes-vous ?! Au secours...venez m'aider, criai-je d'une voix rauque et désespérée.

Je me recroquevillai sur le sol crasseux, cherchant à démêler toutes les émotions qui se bousculait dans ma tête. Au tout début il y avait eu le soulagement...je n'étais pas aveugle mais simplement plongée dans un noir quasi-absolu. Suivi presque instantanément de l'angoisse puis de la terreur, quand j'avais compris que j'étais prisonnière. Quelle autre explication plausible pouvait-il y avoir à ce qu'il venait de se passer ?

Non je devais me tromper, tout cela ne pouvait pas m'arriver, pas à moi, pas maintenant ! Je tentai de calmer ma respiration heurtée, rendue erratique par la peur et tentai de rouvrir les yeux.

À ma grande surprise, une très faible lumière éclairait à présent l'endroit, la trappe se situant à plusieurs mètres au-dessus de ma tête ayant été laissé entrouverte. Avant de tenter quoique ce soit, je regardai autour de moi, essayant de comprendre où je me trouvais. Mais ce que je vis ne fit que me plonger un peu plus dans l'angoisse et la désolation, sans rien m'apprendre d'utile.

Je me trouvais dans une pièce totalement circulaire, qui ne devait pas faire plus de trois mètres de diamètre. Le sol inégal était recouvert de saletés et d'une espèce de dépôt ressemblant à de la vase séchée. Un matelas crasseux, posé à même le sol approximativement au centre de cet étrange endroit, était le seul mobilier de cette...cellule. Ce n'était pas un cauchemar, constatai-je en sentant la bile me remonter dans la gorge. J'avais été enlevée et étais maintenant retenue prisonnière.

La panique s'empara de moi et je me levai d'un bond, sans tenir compte des douleurs nombreuses et variées qui envahirent mon corps, à ce mouvement précipité. Je me ruai ensuite sur les murs, cherchant frénétiquement une issue...une porte...n'importe quoi, qui puisse me redonner un peu d'espoir. Mais j'eu beau m'acharner...rien. Toutes les surfaces étaient désespérément vierges et lisses.

— Ramassez-le ! M'ordonna soudain une voix étrange et effrayante qui me fit violemment sursauter.

Mon regard se porta machinalement sur l'objet qu'il m'avait lancé et qui se trouvait à quelques centimètres à droite du matelas. Durant une fraction de seconde j'hésitai à faire ce qu'il m'ordonnait, avant de me ressaisir dans un frisson de rage.

— Qui êtes-vous ? Qu'est-ce-que vous me voulez ? demandai-je à la place, en tournant sur moi-même pour essayer d'apercevoir quelque chose à travers l'infime ouverture.

Aucune réponse.

— Je suis sûre que l'on peut discuter...laissez-moi partir d'ici...

— Ramassez-le...maintenant ! réitéra-t-il d'un ton menaçant et sans réplique.

— Vous me laisserez partir si je le ramasse ?

De nouveau...aucune réponse.

— Je suis flic vous savez ! Mes collègues vont me chercher...

— Vous avez cinq secondes, m'interrompit-il d'une voix implacable et dénuée de toute émotion.

— Je ne vous obéirai pas, lui répondis-je d'une voix pleine de rage.

— 5...4...3...

— Allez-vous faire...mais qu'est-ce que je fais là, à la fin ! hurlai-je au comble du désespoir.

— 2...

— Je ne le ramasserai pas votre truc !

— 1...

— Argh... ! Fut tout ce que je parvins à émettre comme son, tellement je me sentais impuissante.

— 0...Trop tard...Adieu

— Non...attendez ! criai-je désespérée, en entendant la trappe grincer une dernière fois, me replongeant inexorablement dans les ténèbres.

Cry for meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant