Chapitre 7 - Marquée

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Je lu de la surprise, puis de l'incrédulité sur ses traits taillés à la serpe, tandis qu'il m'observait soudain avec un œil nouveau et légèrement méfiant.

— Ce n'est pas possible ! Nous avons retrouvé sa voiture accidentée à plusieurs dizaines de kilomètres du lieu du délit de fuite et...

— Ce n'était pas un délit de fuite, le coupai-je pressée d'en arriver à l'essentiel. J'ai été enlevée et...torturée et...il y a peut-être d'autres femmes là-bas...il faut...

Ma voix se brisa et j'éclatai soudain en sanglot. Des sanglots profonds qui semblaient me déchirer la poitrine et venaient du plus profond de mon être. Je rivai mon regard perdu et dévasté à celui de l'inspecteur qui me faisait face, seul ancrage avec la réalité auquel je puisse me raccrocher et vis le choc et l'horreur passer dans ses yeux quand il comprit réellement.

Il s'approcha de moi et dans un mouvement souple et doux pour ne pas m'effrayer, s'assis sur le bord de mon lit et me saisit la main. Puis, semblant comprendre d'instinct que le contact visuel m'était indispensable, il verrouilla son regard au mien et ne me quitta pas des yeux tandis qu'il appelait quelqu'un dont je ne compris pas le nom.

— Non mais qu'est-ce-que vous avez fait ?! C'est inadmissi...commença l'infirmière d'une voix outrée, dès qu'elle entra dans la pièce.

— Taisez-vous cinq minutes et écoutez-moi, l'interrompit l'inspecteur d'une voix calme mais sans appel, ses yeux toujours au fond des miens. Cette jeune femme est l'inspecteur Julia Ormund de la police de Liberty et vient d'être victime d'un crime bien plus grave qu'un simple et banal délit de fuite. Alors, arrêtez de jacasser et allez tout de suite me chercher mon collègue et un médecin compétent...maintenant !

J'étais tellement occupée à tenter de retrouver une respiration normale et à faire cesser les spasmes et les tremblements provoqués par mes sanglots, que je ne sus même pas si elle avait obéi.

— Il faut...il faut retourner là-bas...tout de suite ! arrivai-je enfin à dire d'une voix hachée et voilée par mes larmes.

— Ne vous inquiétez pas de ça pour l'instant. On s'en occupe. Maintenant que l'on vous a retrouvé...

— Que se passe-t-il ? l'interrompit un jeune blond, grand et dégingandé, en entrant comme une fusée dans la chambre.

— Envoi tout de suite une unité sur le lieu du délit de fuite de cette nuit, lui ordonna-t-il d'un ton sec et sans réplique...mais visiblement pas pour le jeune blondinet.

— Mais pourquoi ?! ils...

— Ne discute pas mes ordres et fais ce que je te dis, je t'expliquerai plus tard !

— Ok...chef, répondit le jeune policier d'un ton rempli de rancœur en quittant la pièce d'un pas lourd et contrarié.

Il était à peine parti, qu'un médecin entra à son tour et s'approcha de mon lit, d'un pas rapide et pressé.

— Vous m'avez fait appelé ? Que se passe-t-il ? demanda-t-il à l'inspecteur d'une voix peu aimable.

— Quels examens à subit cette jeune femme à son arrivée ici, lui demanda-t-il s'autorisant seulement maintenant à lâcher mon regard.

— Examens classiques, prise de sang, etc...pourquoi ? Vous insinuez que nous avons mal fait notre travail ?

— Aucunement, lui répondit-il en se levant pour être sur un pied d'égalité avec son interlocuteur belliqueux. Seulement que vous n'avez pas eu les bonnes informations. Cette jeune femme fait partie de la police et vient d'être victime d'un enlèvement. Il lui faut d'autres examens et...le plus rapidement possible.

Le médecin ne répondit pas immédiatement, visiblement surpris par la demande, puis après m'avoir observé pendant plusieurs secondes, il fit un petit signe de tête et reparti aussi vite qu'il était arrivé.

— Il parait austère comme ça, mais il est très compétent me rassura l'inspecteur, tandis qu'il se rasseyait au bout du lit. Vous vous sentez capable de répondre à quelques questions en attendant que l'infirmière arrive ?

J'acquiesçai d'un signe de tête, au moment où il me tendit un mouchoir en papier tiré d'une boite posé sur la petite table à roulette. Je répondis à ses questions du mieux que je pus, essayant de réprimer les tremblements de plus en plus violents qui me saisissaient.

— Vous avez froid ? finit-il par me demander d'un ton légèrement inquiet. 

— Non, je ne sais pas pourquoi je tremble comme ça, lui répondis-je en claquant des dents.

— Une réaction au produit que l'on vous a sans doute administré, répondit une nouvelle infirmière qui entra en trombe, une perfusion dans les mains. Mais comment ils ont pu rater ça, ronchonna-t-elle entre ses dents, tandis qu'elle installait la poche de liquide clair sur la perche et connectait le tuyau à mon cathéter.

— Je suis désolée monsieur mais je vais vous demander de sortir, ajouta-t-elle d'un ton calme mais persuasif, tandis qu'elle tirait un rideau, me séparant visuellement de la porte vitrée.

— Maintenant, je vais vous examiner, me dit-elle gentiment, comme si elle avait peur de m'effrayer. Vous avez quelque chose à me dire avant ? Des souvenirs...des choses qui vous reviennent ?

— Non...rien, à part...commençai-je à bredouiller.

— Oui ? À part quoi ? Je vous écoute...me dit-elle, tout en vérifiant tout un tas de choses sur les machines qui m'entouraient, sans doute pour dédramatiser la situation et le plus fou...c'est que cela fonctionna.

— j'étais prisonnière, mais...je ne l'ai jamais vu...je ne sais pas...

— Chut, chut, chut... ! D'accord. Dans un premier temps, je vais juste vous examiner pour voir si vous n'avez pas des marques ou des blessures que mes collègues des urgences n'auraient pas remarqué...vous êtes d'accord ?!

J'acquiesçai d'un simple signe de tête et la laissai m'aider à enlever mon tee-shirt. Il n'y a qu'à l'instant où je vis le bout de tissus entre ses mains, que je compris que ce vêtement n'avait jamais été à moi. Mais alors que l'horreur de ce que cela pouvait impliquer, commençait à se faire un chemin jusqu'à ma conscience malmenée, sa dernière remarque me plongea dans la perplexité la plus complète.

— Vous avez un très joli tatouage !

— Pardon ? Comment-ça ? Je n'ai jamais eu de tatouage, commençai-je à lui répondre d'une voix difficile et nouée.

— Et bien si, là sur votre bras !

C'est avec la sensation horrible de vivre un nouveau cauchemar, que je tournai la tête vers biceps. Là, en plein milieu, tracé d'une magnifique écriture cursive était inscrit,

« Cry for me ».

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 09, 2021 ⏰

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