Discours de la brûlure illusoire

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Vous vous attachez à une valeur que vous avez créé. Elle n'est que presque essentiellement immatérielle et n'est constituée que de papier coloré et de morceaux de métal gravé. Pourquoi passez-vous votre vie à tenter de posséder cette chose, si c'est pour qu'elle vous file entre les doigts par la suite ? Pourquoi ne cesser de vivre que pour une chose qui ne vous rendra jamais la pareille ? Pourquoi tenter de ressembler à des gens qui ne sont pas, sans autre justification que parce qu'ils ont ce que vous n'avez pas ? Pourquoi oublier d'être our avoir ? Tout comme le roi décrit par La Boétie, cette flamme dévorante n'a d'importance que si vous lui en accordez. Elle vous brûle en vous donnant l'illusion qu'elle vous réchauffe mais ne peut le faire que si vous vous en approchez. Et si personne ne nourrit cette flamme, elle finira inévitablement par s'éteindre. Réfléchissez un peu. À quoi vous servent le papier bleu, rose, gris ; les pièces bronze, argent, or ? À décorer ? À échanger ? À posséder ? Rien de plus. Aujourd'hui, vous n'êtes rien si vous n'en avez pas, mais pourquoi laissez-vous quelque chose de si futile donner une valeur d'achat à votre vie ? À d'autres vies ? Humaine, animale ou végétale, cela ne fait aucune différence. La vie ne s'achète pas. On n'a qu'une vie pour se construire, pour profiter. Profiter du chant des oiseaux, de la chaleur du soleil sur la peau, des branches aux feuilles aux couleurs vives éclatantes découpant le ciel bleu, de l'odeur de la pluie. À quoi bon convoiter l'émeraude , le saphir et le rubis lorsqu'on trouve du vert dans les arbres, du bleu dans le ciel et du rouge dans nos veines ? L'argent n'a pas d'odeur, que de fades couleurs, il ne chante pas, ne danse pas au gré du vent. L'argent est laid et sans intérêt. Il n'a jamais apporté que la malheur tant par sa présence que par son absence, finançant les guerres, faisant s'entre-déchirer les Hommes et créant la misère là où il n'est pas. C'est une arme d'auto-destruction de masse. Comment a-t-on pu le laisser s'immiscer dans nos vies ? Il est une tempête de ce sable qui nous file entre les doigts et nous asphyxie jusqu'à ce que l'on pénètre l'oeil du cyclone où l'on est coupé du monde, d'où l'on ne peut plus profiter de rien, d'où l'on ne peut pas voir la vie s'épanouir à l'extérieur, où l'on est en sursis. S'éloigner de la tempête, trouver son oasis. Profiter, partager. Vivez.

Et si quelqu'un ne vous laisse pas faire, criez-lui : "I'm the master of my fate, I'm the captain of my soul". Invictus, W.E.Henley.  

"Finis de rêver, maintenant il faut dormir" Reccueil De NouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant