huitième sünde

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Cela faisait maintenant quelques jours que Luhan était un parfait citoyen de Cheonjin. Il réussissait, tant bien que mal, à s'adapter à sa nouvelle vie d'esclave. Les glaces ne lui suffisant tout naturellement pas, luhan se levait chaque soir, et descendait les escaliers en sueur. Et pendant que tout le monde dormait, le jeune chinois allait faire ses petites courses sous le regard accusateur du perroquet.

Luhan volait, mais il se consolait en se disant qu'il le faisait uniquement pour sa propre survie.

Curieusement, son ventre appelait rarement à l'aide en pleine journée. Les yeux de Hyemin et les glaces toujours fondues parvenaient étrangement à le satisfaire. Mais quand le soleil se couchait et que les lumières s'éteignaient, les tomates grises et les paquets de chips trop salés ne parvenaient jamais à combler sa faim. Et tout comme les coins qui substituaient les pièces, Luhan ignorait que les glaces à l'eau remplaçaient la nourriture à Cheonjin.

Ce soir-là, il avait pioché des produits au hasard et s'apprêtait à retourner dans sa chambre. Sa conscience le laissant enfin tranquille, il se permettait de baisser sa garde et se promener dans tout le magasin sereinement. Et cette nuit-là, sa tranquillité l'empêcha notamment de faire attention à la nouvelle figure qui l'observait, les bras croisés, déambuler entre les rayons.

Elle le contempla se débattre avec ses produits alors qu'il cherchait difficilement à saisir le poignée de la porte, dans l'espoir de s'échapper. Quand la porte s'ouvrit enfin, les deux personnes présentes dans la pièce lâchèrent un long soupir au même moment. Celui de Luhan était un mélange de soulagement et d'autosatisfaction, tandis que l'autre n'était que pur épuisement avec peut-être un soupçon de déception. Voilà pourquoi il était impossible d'accorder sa confiance à Cheonjin. Elle avait pensé pendant une seconde qu'il allait faire demi-tour et déposer quelques coins près de la caisse. Mais rien de tout cela n'eut lieu. Le chinois restait un chinois.

Hyemin s'avança rapidement vers lui, et pour le retenir, saisit brutalement ses cheveux.

Le cri strident du jeune blond servit au moins à lui arracher un grand sourire.

- Mais t'es sérieux toi ? Tu pars sans payer ! Cria-t-elle en cachant difficilement son sourire satisfait.

Le jeune Luhan, devenu tout rouge, bouillonnait de l'intérieur. L'embarras, l'angoisse et l'inquiétude l'empêchait de réfléchir correctement. Une fois lâché et après avoir eu conscience de la situation compromettante dans laquelle il se trouvait, Luhan se retourna lentement vers elle et déglutit bruyamment à sa vue. Elle se tenait à quelques centimètres de lui et son visage en disait long sur ses sentiments à son égard. Il venait, une nouvelle fois de brûler toutes ses chances avec elle.

Mais Luhan et son esprit distordu ignoraient qu'il n'avait jamais eu d'éventuelle chance avec elle en premier lieu.

- Ah...faut payer !? Répondit le jeune étudiant en jouant sa dernière carte, l'incompréhension.

Il semblait même, aux yeux de Hyemin, offusqué par la tournure des choses.

Luhan était un bon acteur et jouer le rôle de la victime était certainement commode chez lui. Si voler ne le dérangeait plus, alors mentir était devenu tout simplement une accoutumance.

- Mais t'as crû la vie c'était du riz, p'tit chinois ? Se moqua-t-elle en reprenant les produits qu'il avait entre les mains.

Sans lui laisser le temps de répondre à sa remarque absurde, Hyemin alla les ranger. Néanmoins le regard ahuri de ce ''chinois'' la suivait toujours.

En plaçant les chips et les deux boites de thon dans leurs rayons, Hyemin ne put s'empêcher de penser à Cheonjin. Il n'y avait dans cette société aucun privilégié, et encore moins, là où elle travaillait. Pardonner l'autre était presque chose interdite, et personne n'échappait à la règle. A vrai dire, personne ne s'échappait de Cheonjin.

Dommage car Luhan devenait presque, presque le quatrième membre de la famille et il venait de tout gâcher.

Mais Luhan ne s'avouait pas vaincu.

Car voilà ce qu'il était venu chercher à Cheonjin. 




(in)convenience store // [LUHAN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant