Premier sünde.

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 - Il ne nous manque plus que deux-cents coins et nous pourrons faire nos valises, Xing. Annonça-telle en rangeant discrètement l'argent dans sa poche arrière, avec un sourire tout aussi discret.

Derrière les caisses, Hyemin comptait une nouvelle fois son argent en bavardant avec Xing. Tous les jours, après huit heures et après avoir avalée son petit-déjeuner, elle faisait ce petit rituel.

Tous les jours, elle promettait à Xing qu'ils allaient bientôt partir.

Et tous les jours, elle se rendait compte qu'il lui manquait deux-cents coins.

- Plus que deux-cents coins et on pourra dire bye bye à Cheonjin ! Rétorqua-t-elle de nouveau en se retournant vers son ami.

Elle releva la tête et fronça les sourcils quand elle sentit qu'il n'allait pas lui répondre.

Qu'est-ce qu'il pouvait être têtu parfois.

- Mais réponds-moi, bon sang ! Xing ! Cria-t-elle à l'être en cage.

- Sauve-moi ! Sauve-moi ! Cria-il enfin.

Hyemin ne pût s'empêcher de sourire au doux son de cette voix. 

Elle se retourna alors vers ses billets et commença à fredonner au rythme d'une chanson inconnue qui passait à la radio, avec comme arrière fond la voix, toujours aussi douce, de son Xing.

Sauve-moi était la seule chose que Xing parvenait à prononcer.

Et il la répétait à chaque occasion qui se présentait à lui, car Xing n'était autre que son animal rouge et bleu.

Un perroquet qu'elle adorait car, pour la petite Hyemin, il s'agissait là du plus beau des cadeaux.

Il venait de ses parents, et était devenu aussitôt un membre de la famille.

Elle le choyait, le nourrissait, l'embrassait, et l'emprisonnait.

Il n'avait pas le droit de mettre un pied en dehors de sa cage et la malheureuse bête ne pouvait que lui répéter à tue-tête : « sauve-moi ».

La solitude était peut-être la cause de son attachement pour la pauvre bête, si elle avait eu d'autres amis, peut-être que Hyemin ne serait pas autant attachée à l'oiseau. 

La jeune brune finit par hausser les épaules.

En vérité, elle n'avait que faire de son ressenti, par contre, ce qui l'intéressait réellement était la somme d'argent dans ses poches, car oui encore une fois elle répéta : « Plus que deux-cents coins, Xing ! »

Comme les danaïdes, Hyemin était condamnée à récolter chaque jour de l'argent, pour ensuite la voir disparaître le lendemain. Ses yeux aveuglés par son envie de monter dans le bus 4 en direction de la grande ville, l'empêchaient de voir la réalité en face.

Au même moment, un jeune homme aux cheveux dorés descendit de ce même bus en provenance de la grande ville.

Le garçon semblait perdu et avait chaud malgré ses vêtements pourtant légers. 

Il promena son regard autour de lui et remarqua, avec consternation que la ville était différente de ce qu'il avait envisagé.

Il n'y avait que deux édifices (si on pouvait réellement appeler les deux petits magasins ainsi), ils se faisaient face et étaient entourés par les montagnes.

Ces montagnes qui les dominaient donnaient au lieu un aspect étrange...presque inconvenant.

L'étranger se retourna au moment où le bus disparût, et avec, la route menant vers la liberté.

Il avait fait le choix de venir ici, néanmoins, le silence du lieu ainsi que la chaleur étouffante du matin lui firent rapidement regretter son départ.

Si seulement il était resté en Chine.

Lentement, il s'approcha de ce qu'il lui semblait être un Conbini avant d'apercevoir une silhouette.

L'étranger se colla alors à la vitre et remarqua la présence d'une jeune brune se trémoussant derrière les caisses.

Il sourit immédiatement, oubliant sa fatigue, sa sueur, et sa déception.

Voilà ce qu'il était venu chercher à Cheonjin.

Les tintements des clochettes indiquèrent qu'un nouveau client pénétra dans le magasin.

Hyemin releva la tête de son comptoir et admira le fantôme, hébétée.

Même le perroquet semblait stupéfait.

Car, c'était la première fois, depuis des siècles, qu'un client venait leur rendre visite.


(in)convenience store // [LUHAN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant