premier verbrechen

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Dès l'aurore, un paquet d'autocollants ainsi qu'une glace attendaient patiemment devant la porte du magasin.

Cela faisait maintenant quelques jours, voire quelques mois peut-être, que Hyemin recevait des présents sans même son accord. D'abord réticente, elle finit tout de même par baisser la garde et s'accoutumer rapidement à l'attention qu'elle recevait. 

Les tous premiers jours, elle ne prenait jamais la peine de saisir les stickers ainsi que le bâtonnet glacé posés sur le seuil, et au lieu de ça, elle les regardait, depuis son comptoir, avec envie. Les paillettes sous le soleil faisaient briller de mille feux les petits dessins à l'effigie de ses personnages préférés et attirait ainsi le regard de la jeune fille mais  malgré cela et en dépit de sa faim, elle persistait et endurait en ne cédant pas à la tentation.

Car, de l'autre côté de la rue, elle savait qu'une personne l'observait.

Sans même leur adresser un mot, l'habitant chinois avait fini par quitter leur modeste magasin pour aller se confiner dans la demeure de l'ennemi, la librairie. Il y restait nuit et jour et sortait uniquement à l'aube pour déposer son pot-de-vin à l'intention de la jeune fille.

Malheureusement, les résolutions de la brunette n'avaient pas tenu plus de trois jours. 

Sous le regard rieur de Luhan, elle finit par prendre son dû et s'abandonner entièrement. Car Luhan, devenu propriétaire de la vitrine à glaces avait l'honneur de distribuer à qui il voulait ses glaces à l'eau. Ainsi, Hyemin se trouva inconsciemment dépendante d'un chinois pour avoir droit à sa nourriture et ses coins. Son instinct de survie et sa volonté de posséder ses maudits autocollants prirent finalement le dessus sur sa dignité de jeune fille.

Et alors, l'accoutumance à cet intention s'installa et ne la gêna presque plus.

 Plus les jours avançaient, éloignée mais pourtant observée par un Luhan trop curieux, et plus les murs du Conbini se tachetaient d'autocollants, au point de ne plus pouvoir apercevoir le moindre centimètre de mur blanc.

Souvent, le soir avant de se coucher, Hyemin s'arrêtait devant certains choisis au hasard, et restait là à les contempler, parfois pendant un instant, parfois pendant des heures.

En les regardant, elle parvenait à tout oublier, tout effacer.

Elle oubliait le regard insistant posé sur elle, elle oubliait Cheonjin et ses habitants, Cheonjin et son ciel effrayant, Cheonjin et sa prison. Et au lieu de ça, elle voyait de ses yeux malades une chambre vide, une chambre blanche. Au lieu d'entendre la voix de son frère, elle parvenait à saisir des centaines de voix, presque inhumaines, trébucher contre ces murs blancs. Mais Hyemin apeurée, remplaçait vite ses visions étranges par son propre monde où elle avait un fantôme à la place d'une famille et un Luhan trop présent.

Car malgré tout, la prison de Cheonjin restait un précieux opium. 



La dépendance de Luhan était telle que bien souvent Hyemin se retrouvait contrainte à lui rendre visite pour ainsi demander l'aumône. Du moins, c'est ainsi que la jeunette voyait ses voyages vers le magasin  du sournois qui ne lui posait, devant sa porte qu'une ou deux glaces.

Pas plus.

La brunette, ne voulant pas le satisfaire davantage en lui offrant une vision d'elle faible et affamée, sacrifia le peu de dignité qu'il lui restait en rendant les armes.

(in)convenience store // [LUHAN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant