sixième sünde.

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- Où...est-ce que je pourrais dormir ? Hésita Luhan à demander pendant que Hyemin éteignait les lumières du magasin.

- Suis-moi, je vais te montrer ta chambre. Soupira-t-elle en lui indiquant de sa petite main une
porte rouge au fond du Konbini.

Luhan toisa longuement la dite porte sans prononcer mot. 

Celle-ci venait soudainement d'apparaître. Son esprit lui jouait surement de mauvais tours mais il était certain de ne pas l'avoir croisé alors qu'il avait pourtant passé la serpillière dans tout le magasin.

- Alors tu viens ? Dit-elle une nouvelle fois, non sans soupirer.

Hyemin semblait étrangement si fatiguée alors que la jeunette n'avait pas levé une seule fois le petit doigt aujourd'hui.

La porte une fois poussée, un escalier étroit comme tombant presque en ruine se présenta à leur vue. Luhan déglutit avant de grimper ses marches non sans pour que celles-ci ne l'abandonnent pas. Hyemin, quant à elle, les escaladait, l'air serein.

Et ce soir-là, pour la première fois Dieu eut de la peine pour le jeune Chinois et décida de lui exaucer son voeu. Car après tout, Luhan méritait bien de rester auprès des vivants après la dure journée qu'il venait de passer. Dieu pouvait même lui pardonner tous ses péchés et lui accorder une dernière faveur : un bon bain, une bonne tasse de chocolat chaud, et un lit tout aussi réconfortant.

- Hé le chinois, tu veux que j'te fasse visiter ?Demanda ennuyeusement la brunette. 

- Je veux bien merci, je pourrais alors me familiariser avec mon nouveau toit. Répondit l'intéressé en souriant secrètement.

Hyemin, même fatiguée, parvenait à penser à lui. Cette simple idée fit bondir le grand cœur du jeune homme.

- Devant toi tu as la chambre de Papa, à ta gauche la mienne et la dernière t'appartient. Allez, bonne nuit. Annonça Hyemin avant de se diriger vers sa pièce.

Elle ne manqua pas de claquer la porte derrière elle.

Pauvre Luhan resta alors figé à sa place. Il fixa de ses yeux ronds, presque humides, la porte qui venait tout juste de se refermer.

C'était ça la visite dont elle parlait ? Elle n'avait pas même duré plus de dix secondes et elle ne lui avait rien présenté, rien expliqué, rien. Lui qui s'imaginait pouvoir se rapprocher un tantinet d'elle cette nuit-là, elle était partie sans même lui accorder un petit regard.

Et pourtant, Luhan ne perdait pas espoir, car après tout c'était ça qu'il venait chercher à Cheonjin. Le jeune homme fort déterminé  essuya, d'un geste de la main, son début de larmes et sourit finalement.

Quelle ne fut donc pas sa surprise en découvrant sa fameuse chambre.

La seule ampoule clignotait faiblement et mettait en lumière une petite et lamentable pièce. Les murs de celle-ci étaient recouverts d'un papier peint orangé complètement arraché et on pouvait voir les dégâts causés par l'humidité, le parquet était rongé par les termites, et le plafond, quant à lui, semblait vouloir s'effondrer. Le seul objet présent était un lit rouillé avec un matelas presque noir.

De sa main droite, Luhan saisit la couverture bleue le recouvrant et contempla, non sans répulsion, les centaines d'insectes qui défilèrent.

Dieu ne s'était pas donné la peine, cette fois, d'écouter ses prières.

Alors, Luhan décida de chercher son dû et à sa façon.

Il était hors de question qu'il se couche dans un trou pareil.



La première chose que l'étudiant remarqua était le contraste énorme entre les deux pièces. 

Tandis que la sienne était sombre, froide, et piteuse celle de Hyemin paraissait éblouissante, chaleureuse, et sublime comme l'élue des lieux. Luhan admira, depuis la porte, la splendeur de l'endroit. Plus surprenant encore était la décoration enfantine de ce dernier. Les quatre murs étaient tous peints en roses et recouverts de quelques beaux dessins, une veilleuse projetait sur le plafond un magnifique ciel étoilé, des jouets étaient présents par milliers, des peluches en forme de chat (Luhan était certain que ce chaton était populaire en Chine, mais il ignorait son nom), des poupées, des livres de princesses, en passant par les costumes d'une certaine (Il connaissait cette fois le nom de celle-ci, Blanche-neige). Mais, le plus bel objet de la pièce, le plus rare aux yeux de Luhan, n'était autre que la poupée de cire répondant au tendre nom de Hyemin, allongée sur son beau petit lit. Comme enveloppant son corps, ses longs cheveux étaient sa seule couverture. Certaines de ses mèches rebelles semblaient galoper sur son oreiller, et Luhan se forçait de ne pas aller les dompter. Elle avait les lèvres légèrement entrouvertes, une pointe de rose sur les joues, et les sourcils froncés, si bien que Luhan se demanda si la jeunette faisait un bon ou mauvais rêve. Elle tenait fermement ses jambes contre sa poitrine, et entre elles était coincée une peluche rappelant la couleur des murs. Elle était si belle sous ce ciel artificiel que Luhan en tomba une nouvelle fois amoureux.

L'étudiant ôta ses chaussures et s'allongea doucement sur son doux tapis blanc, placé tout près de son lit. A même le sol, Luhan réussit à dormir paisiblement, un sourire effrayant sur son visage.

Sans même l'avoir invité, l'étranger venait de pénétrer dans son monde.

Et avant de fermer les yeux, il ne se demanda pas pourquoi lui méritait une pièce aussi pitoyable, reflétant presque son âme, et l'innocente fille celle-ci. Non, l'idée ne lui avait pas même traversé l'esprit.

Ils n'appartenaient pas au même monde, et malgré tout, Luhan était venu la chercher à Cheonjin.


(in)convenience store // [LUHAN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant