Troisième sünde.

334 48 13
                                    


Le jeune garçon au sourire confiant entra dans le Conbini en regardant la jeune et belle fille d'un tendre regard.

Son regard poursuivit sa promenade autour de la pièce. Hormis le comptoir des caisses, Luhan pouvait voir que le petit Konbini ne se différenciait pas tellement de ce qu'il avait dans son pays natal. Il y avait un étalage de fruits et légumes frais, et ses petits pieds le guidèrent entre les mini-rayons du magasin. Ses mains se baladèrent tout le long des produits et ramassaient par la même occasion toute la poussière qui les accompagnait. Tout semblait intacte, comme si personne n'y avait jamais touché, et le filet de poussière en était très certainement la preuve. La seule chose qui servait de décoration était un petit autocollant de princesse, collé sur le mur blanc derrière le comptoir.

Luhan se saisit de plusieurs paquets de chips et de boites de conserves, pris au hasard, et se dirigea vers les caisses. Il déposa ensuite ses articles face à la jeune brune et lui offrit à un nouveau un grand sourire.

La fillette ne répondit pas à son invitation et, à la place, saisit rapidement les articles déposés sur le tapis roulant (qui ne fonctionnait pas d'ailleurs).

Sa machine afficha alors le prix de 19 coins, mais la malicieuse Hyemin eut une idée.

A son tour, elle sourit au client et commença à le reluquer avec attention. Le jeune garçon semblait naïf et venir de loin. L'arnaquer ne lui ferait pas grand mal, si ?

- Ça fera deux-cents coins, Monsieur. Annonça-t-elle en lui tendant un sac plastique blanc, avec le logo du magasin.

- Luhan. Répondit le jeune homme avec un lourd accent chinois.

Indifférente, Hyemin hocha tout de même la tête en admirant le sourire devenu presque dérangeant de son client.

- Ça fera deux-cents coins. Répéta-t-elle sans faire attention au visage soudainement triste du client.

- C'est quoi des Coins ? Vous n'acceptez pas les Won, plutôt ?

- Non, la maison n'accepte que les coins. Répondit-elle automatiquement.

- Mais je n'sais même pas c'que c'est moi des coins. Il n'y a pas un endroit où je pou-

- Nan, il n'y en a pas. Deux-cents coins, Monsieur.

- La maison fait-elle crédit ?

- Sauve-moi ! Les interrompit Xing soudainement. Ce dernier fit même sursauter Luhan qui n'avait, jusque-là, pas remarqué sa présence. Il pût alors admirer avec effroi l'animal en cage.

- Tais-toi Xing, tu te mets à parler au moment où il ne faut pas. Soupira Hyemin en reposant le sachet qu'elle avait tenu dans sa main tout au long de leur "discussion".

L'étranger n'allait sûrement pas la payer. Elle pouvait encore une fois dire au revoir à son voyage qui n'allait pas arriver de sitôt.

- Pourquoi vous mettez un perroquet dans une cage ? Ces bêtes ne sont pas faites pour être enfermées, vous savez ? Elles doivent être libres, libres comme l'air, elles ne s'enfuiront pas. Avertit Luhan.

S'il ne comptait pas payer, alors il n'y avait pas de quoi être aimable avec lui.

- Bon écoute le chinois, c'est soit tu payes soit tu t'en vas. Annonça fermement la jeunette.

Luhan, à cette appellation, ouvrit grand les yeux.

- A vrai dire...je suis venue pour solliciter votre aide. J'ai entendu dire qu'une librairie recrutait tous près d'ici et je ne connais pas mon chemin. Annonça Luhan en changeant de stratégie.

Hyemin soupira une nouvelle fois.

- Dans cette ville, il n'y a que deux boutiques. Celle où tu te trouves actuellement et celle d'en face qui est la librairie. Mais pour le recrutement, tu repasseras.

- Pourquoi ?

- Parce qu'ils ne recrutent tout simplement pas. Répondit-elle de plus en plus excédée. Son fort accent chinois commençait à franchement l'ennuyer.

- Ah...et pourquoi ? On m'avait clairement dit que la librairie de Cheonjin recrutait ! Cria Luhan.

- Et bien on s'est foutus de toi, en même temps ce n'est pas difficile vu ta naïveté. La librairie est toujours vide, et sans gérant. Je te conseillerai de faire demi-tour, tant qu'il est encore temps.

- Sans gérant ? Mais comment est-ce possible ? Demanda de nouveau Luhan sans faire attention à son dernier avertissement.

- Elle est depuis longtemps sans propriétaire, mais elle reste ouverte. T'es vraiment long à la détente.

- Mais pourquoi elle reste ouverte s'il n'y a personne ?

Hyemin soupira pour la énième fois aujourd'hui.

- Tu poses trop de questions, si tu ne comptes pas payer alors sors d'ici. Siffla-t-elle.

Luhan revêtit une nouvelle fois une mine dépitée et la regarda avec des petits yeux de chiots. Si la librairie ne recrutait pas et s'il n'avait pas ces foutus coins, alors comment pouvait-il rentrer chez lui ?

- Dis, votre maison recrute ?

- Non, pars. Répondit-elle rapidement, dans un ton sec.

Elle avait déjà assez de mal à récolter des coins à elle toute seule alors si en plus elle devait partager sa paye avec un parfait inconnu, qui en plus posait des questions absurdes avec cette accent chinois tout aussi absurde, alors elle pouvait tout simplement dire adieu à son rêve !

- J'ai dit non, arrête de m'regarder comme ça.

- S'il te plait, j'veux vraiment trouver un travail. Supplia-t-il cette fois en rajoutant des larmes à faire pleurer la belle-mère de blanche-neige.

Luhan était un si bon comédien.

- Tu demanderas au responsable du Conbini. Soupira-t-elle en rendant les armes.

- Et qui est-ce ?

- Mon père, l'homme qui est juste derrière toi.

Luhan se retourna lentement et aperçut un vieil homme boiteux, au teint blafard et à la mine renfrognée, avançant dangereusement vers lui.

Dehors, le ciel changea subitement de couleur et devint blanc. Il rappelait étrangement le boiteux.


(in)convenience store // [LUHAN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant