Chapitre 2

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" 'Cause I may be bad but I'm perfectly good at it
Sex in the air, I don't care, I love the smell of it
Sticks and stones may break my bones but chains and whips
excite me"

" Je suis peut-être mauvais, mais je suis super bon là-dedans,
Il y a du sexe dans l'air mais je m'en fous j'adore l'odeur!
Des batons ou des pierres peuvent briser mes os, mais les chaînes et les fouets m'excitent"

Rihanna







Le mannequin bulgare erre dans mon salon vêtue avec une de mes chemises. elle a pris une bleue de chez Dior comme si c'était un peignoir TopShop. J'ai envie de lui crever les yeux avec le presse agrume Stark qui trône sur le plan de travail de la cuisine où elle boit son café. J'ai des goûts métalliques qui claquent sur ma langue. Je ne me souviens ni de son prénom, ni de l'endroit où je l'ai ramassée. Je ne me rappelle que de ses os qui craquaient à chaque coup de reins.

-Bonjour Patrick.
-Bonjour Solveig.
-Je m'appelle Sydney.
Ce type d'information provenant de la bouche de ce type de fille m'intéresse à peu près autant que le procédé de fabrication des capsules de bières. C'est trivial et ça n'a absolument aucune incidence sur mon karma.
-Il va falloir que tu t'en ailles assez vite Solveig car ma femme ne va pas tarder à rentrer et je n'ai pas assez de coke ce soir pour vous mettre toutes les deux. Sois aimable et rend-nous service à tous les trois et barre toi vite veux-tu?

  Elle n'a même pas la classe de finir son café avec élégance. Elle crache une insulte en serbe ou en croate -mais quelle importance!? Personne ne sait que ces pays existent!!- ou je ne sais pas avant de partir se changer en claquant toutes les portes sur son passage. Ce genre de putain gratuite me déçoit à chaque fois mais je ne peux m'empêcher d'y retourner. Quand tu veux un truc de qualité il faut y mettre le prix. Le discount aura toujours un arrière goût de mauvaise baise.
  Une fois Solange à la porte je pars me déshabiller pour accueillir Minha et son massage. Sur l'iPhone 7 j'augmente le thermostat du chauffage central pour le monter à 36°C. Les chakras s'ouvrent mieux ainsi. Elle arrive à l'heure avec sa table pliante que je ne l'aide pas à porter et son odeur pestilentielle de sorcière hindoue.

-Bonjour Patrick, comment allez-vous?
-Bonjour Minha, je reviens d'un brunch à l'Aquanid. Je suis dans une forme splendide comme vous pouvez le voir. Je mange des graines germées une fois par jour et mes cheveux sont bien plus forts -vous pouvez les toucher pour vérifier- comme mes ongles, regardez! Vous portez un nouveau parfum? J'aime la soie de votre chemise. Hier j'ai beaucoup transpiré j'espère que ça ne vous gênera pas. Gwyneth et les enfants vont bien? Vous buvez du vin? Il faudra le dire n'est-ce-pas? Vous savez que c'est mon domaine!
-Oui monsieur Patrick, oui, on va voir tout ça, mais allongez-vous pour le moment monsieur Patrick.
-Il faudra m'appeler Pat, Minha, lui dis-je dans un reproche cabotin.
-Allongez-vous s'il vous plaît.

Pas de musique Hare Krishna ni de bol tibétain. Je lui ai interdit toute forme de bruits irritants. Comme je sais que ça va l'agacer je choisis moi-même la playlist. C'est donnant-donnant : le jour où elle ne sentira plus je ne lancerai plus les Marron5 sur l'enceinte Bang et Olufsen. Elle masse chaque parcelle de mon corps. Fait craquer les os de mes orteils et ceux de mes pieds, vérifie la qualité de mes articulations et la souplesse de mon cartilage. La tête enfoncée dans le trou de la table de soin je ne me gêne pas pour donner des ordres. Je paye, je veux donc être satisfait.

-Insistez bien sur mon bras droit Minha, ma tendinite ne me laisse aucun répit en ce moment.
-J'y veillerai Monsieur Patrick.
Mais qu'est ce qu'elles ont toutes avec mon prénom? C'est si dur de m'appeler "Pat"?
Je m'octroie alors une vraie sieste entre ses mains expertes et noueuses qui tempèrent les petits cliquetis métalliques qui grésillent dans mon oreille. Quarante-cinq minutes et 185$ plus tard je prends ma douche et reste un bon moment à fixer la saleté s'échapper dans le siphon. Je n'aurais peut-être pas du jeter la fille comme ça, on est dimanche et je vais m'ennuyer cet après-midi. J'envisage de sortir m'acheter quelque chose pour ce soir, et puis il va me falloir une bouteille ou deux pour aller dîner chez les Price. Je sors de la salle de bain et reste un peu en peignoir Hermès vintage, acheté chez Drouot selon mes directives par mon assistante à Paris. Je passe un T-Shirt et tourne en rond le temps d'écouter la fin de l'album pop en m'improvisant batteur mais cela réveille ma tendinite et me met en colère sans que je ne sache vraiment pourquoi. Mon coude semble rouillé, j'ai peur que des particules de métal oxydé se répandent dans mes tendons et que le mal s'étende jusqu'à l'épaule. L'indienne n'a pas bien travaillé sur mon bras et ça accentue un peu plus ma colère. Je me calme en préparant un thé vert. Je le bois.


La psychanalyse de PatrickOù les histoires vivent. Découvrez maintenant