La fin du destin

Partie deux

      La peur naquit au creux de mon ventre, comme une petite boule parasite qui m'instiguait à ne plus bouger, mais il ne fallut que quelques millièmes de seconde pour que je pousse la grande porte et pénètre le gouffre sombre et mystérieux de ces escaliers. Je dévalais les marches sans en connaître la fin. Mon souffle devenait haletant, saccadé. Jusqu'à ce point où je trébuchai. S'ensuivit alors une courte chute où je découvris la fin des escaliers: quelques mètres plus bas. N'osant ouvrir les yeux; ce qui, évidemment, n'aurait servis à rien puisque j'étais plongée dans le noir complet; je mis mon ouïe au travail. Mais rien. Aucun bruit. Le temps même ne semblait s'écouler au cœur de cet infini sombre. Combien de temps restais-je ici, recroquevillée sur moi-même? Je tentais délibérément de saisir le moindre son, la moindre information qui m'expliquerait mon environnement... En vain.

      C'est alors qu'un bruit fracassant m'extirpa de mon apparente surdité. C'était lui. Il venait de claquer la porte derrière lui et descendait maintenant. Au bruit des pas, je sus qu'ils étaient deux. Ces deux pas contrastaient. En effet, l'un était lourd et sûr de lui tandis que l'autre hésitait et posait le pied plusieurs fois avant de descendre une marche. Un pas léger, pur. Il ne me fallut que quelques instants pour comprendre que l'homme tenait Marie. Il tenait ma mère. Il avait dû abandonner ses sbires derrière lui pour m'affronter seule. De longues minutes s'écoulèrent avant qu'il ne soit là. Et quand enfin il se fut approché, il s'arrêta sur une marche à seulement quelques pas de moi et éclata d'un rire tonitruant:

«Anna! Quelle ironie ! Tu me fuis et vois où tu atterris!»

      Il claqua des doigts. La lumière m'aveugla quelques instants avant de me permettre d'observer mon environnement. J'étais tombée dans...