Elora Tome 2 : Le Monde Perdu

Une réunion importante

Quand Elora entra dans la salle, les personnes présentent se levèrent en signe de respect. En face d'elle, la jeune femme reconnu Koldon, paré de somptueux habits rouge et or. Son port de tête, haut et fier, était réellement celui d'un roi. Respectueusement, la duchesse effectua une révérence avant de se tourner vers les autres. Koldon était encadré par deux personnes que la jeune femme connaissait également ; à sa gauche, une elfe en habits militaires (pantalon moulant de couleur brune, haut saphir à manches longues brodé d'arabesques blanches et chapeau de feutre noir orné d'une plume de cygne) et à sa droite, un homme assez vieux aux mains caleuses et au costume impeccable. La chef des Armées et le Conseiller de la Guerre. Surprise par la présence de ces importantes personnes, la jeune femme se figea quelques instants avant de les saluer à leur tour. Kalael, appelé à la dernière minute, côtoyait la chef, tandis qu'une dernière femme inconnue d'Elora se tenait près du Conseiller.

Prenant la dernière place libre, c'est à dire entre son fiancée et l'inconnue, Elora se retrouva face à Koldon. Très intriguée par cette réunion spéciale, dont elle comprenait l'ampleur sans discerner de raison à cela, elle attendit que le roi parle. Croisant les mains sur la table, il prit une grande bouffée d'air et se lança, faisant résonner sa voix grave à travers la salle.

- Bien, maintenant que nous sommes tous là, je vais pouvoir vous expliquer la raison de cette réunion extraordinaire. Vous savez je suppose que l'attaque de la Nerguozie il y a quelques mois a été brillamment repoussée grâce à notre armée...

Tout le monde fit un signe d'assentiment. Le font de la jeune duchesse se plissa. Elle pressentait qu'un important événement allait se produire.

- Or, continua le souverain, rien ne s'est produit depuis. Comme s'ils s'étaient volatilisés.

Alors là, Elora restait perplexe. Il ne les avait tout de même pas fait venir pour leur dire que tout allait bien ! Si ? Non, cela présageait certainement autre chose de réellement grave.

- Il y a donc deux possibilités : soit ils ont abandonné, soit ils préparent une attaque de bien plus grande envergure. Malheureusement, s'il s'agit de la seconde option, nous ne serons pas préparés. Nos soldats sont certes vaillants, mais cela fait trop longtemps que nous n'avons pas eu de guerre pour être convenablement équipés...

La jeune femme ne comprenait toujours pas. Il fallait simplement lever une armée ! Le trésor royal en avait largement les moyens. Qu'est-ce qui inquiétait tant le roi ? Elle allait donc lui poser la question lorsque le Conseiller intervint.

- Je vois... fit-il l'air songeur C'est un problème extrêmement complexe que nous avons ici...
- Excusez-moi, dit Elora, mais je ne suis pas. Pourriez-vous expliquer en quoi cette situation est si compliquée ?
- Eh bien réfléchissez, continua le Conseiller en la fixant, si nous préparons une armée et qu'ils n'ont pas l'intention de nous attaquer, les pays voisins prendront peur et se lèveront contre nous. Ce serait un carnage et pourrait même entraîner des conséquences à l'échelle universelle ! Nous serions réduits à néant. Et le monde aussi. Tout ne serait plus que chaos et mort. Il nous faut donc être absolument sûrs que la Nerguozie, ou plus exactement l'empereur Jukr III, désire nous attaquer avant de faire quoi que ce soit.

Choquée, l'elfe resta statufiée quelques instants. Effectivement, elle n'avait pas pensé à ça. Dans sa tête se forma l'image d'un champ de ruine, de cris d'enfants, de mères, de vieillards et de soldats blessés... Tout baignait dans le rouge du sang versé, un flot vermeil coulant de manière interrompue... Non, c'était impossible ! Elora ferma brièvement ses paupières, cherchant à chasser cette vision d'épouvante. Ainsi, même après avoir éliminé la déesse de la Guerre, celle-ci subsistait toujours. Kanouk avait déjà poussé trop de personnes à combattre. L'engrenage était enclenché. Si on ne l'arrêtait pas, le monde ne serait bientôt plus qu'un souvenir, qu'un tas de cendres fumantes. Mais le rouage semblait si parfait ! Comment l'arrêter ?