Chapitre 20: Aile de Colombe

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« - Et tu l'as laissé s'échapper ?!

Impassible, Connan restait à genoux, la tête baissée devant la fureur d' Eleïkhal, son père.

- J'ai simplement dit que j'ai cru l'apercevoir avec deux humains. Comment vouliez-vous que je sois certain qu'il s'agisse de lui ? Je le croyais mort !

Il releva soudain le visage et fixa ses prunelles flambantes dans celles de son père.

- Pourquoi ne m'as tu pas dit que tu l'avais laissé en vie ?!  Je coyais que vous l'aviez tué !

- C'est ton frère, tu aurais dut le reconnaître, répondit le roi Harpie avec un sourire mauvais.

- Mon frère, cracha Connan. Si vous voulez jouer à ça, c'est votre fils et moi aussi. Vous me repprochez de l'avoir perdu de vue alors que vous l'avez épargné ?!

- Ce... Cette chose possède une constitution plus solide que je ne l'avais imaginé je le croyais moi aussi mort.

Eleïkhal balaya l'air de sa main d'un geste de dédain.

- De toute façon que veux tu que ce déchu fasse ? Il est privé de ses pouvoirs et sera bientôt dévoré par son côté. Peu importe ce qu'il fera, il ne pourra jamais le contenir complètement, et plus il essayera, plus la bête captive se déchaînera pour prendre le contrôle. Il tuera de ses mains les quelques misérables humains qui ont survécus avec lui. Notre priorité, c'est les Anges. Il sont venus cracher leur venin jusqu'ici, gronda la Harpie. Ihon veut nous détruire. Mais les Harpies vaincront !

Les quelques hommes et femmes aux larges ailes noires rassemblés autour d'eux poussèrent des cris de rage. Eleïkhal attendit que la clameur redescende pour ordonner à son fils :

- Retourne à Ergeroth, Connan. Gouverne le Sud de la ville d'une main ferme.  Moi j'irai voir Ihon... On a à parler, ajouta-t-il d'un sourire carnassier ressemblant fort à celui de Gabriel lorsqu'il se laissait submergé par son pouvoir.



Connan se releva hocha la tête avec dureté et tourna le dos tendant légèrement le bout de ses ailes de plumes. Aussitôt suivit par deux Harpies mâles dont les ailes de chauve-souris trainaient sur le sol en signe de soumission, il prit la direction de la sortie du palais où son père avait élu domicile. Juste avant de passer la porte, il entendit le timbre sombre de la voix d'Eleïkhal dans son dos :

- Et si tu revois Gabriel... Tu le.





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Gabriel était sortit tôt ce matin là, et était venu s'asseoir sur une pierre à l'entrée de la galerie malgré les mises en garde du doyen sur les dangers de l'extérieur. Ces dangers il les connaissait. Il avait grandit avec. Certains d'entres eux avaient même été ses amis... Avant. Un brin de nostalgie le submergea, pourtant, il savait très bien que aucun d'entres eux ne lui manquaient, il avait toujours été solitaire et le seul ami qu'il eut jamais eu parmi son peuple avait été tué lors d'un entraînement. Trop fragile avait dit son père en haussant les épaules. Non, ce qui lui manquait, c'était ses ailes. Parfois la sensation de vide dans son dos le dérangeai, il manquait une partie de lui. Il éprouvait la constante envie d'étendre ses ailes mais plus jamais il ne pourrait le faire. Le souvenir de sa chaire se décomposant à un degré extrême de douleur tandis que les plumes brûlaient, mettant à vif la chair de ses ailes et de son dos lui donna envie de vomir.

Il se pencha écoeuré et se décida à rentrer avant de se faire surprendre par une Harpie. Il ne se sentait pas le coeur de combattre. Pas maintenant. Surtout que maintenant son père devait être au courant qu'il était encore en vie. C'était d'ailleurs déjà un miracle en soit qu'il ne soit pas venu le traquer par lui même. Cette « chance » avait quelque chose d'étrange... elle avait forcément été provoquée par quelque chose d'important, de plus important que lui aux yeux d'Eleïkhal... Cela avait peut-être un lien avec l'étrange frisson qu'il avait ressentit la veille au soir. Il n'en avait pas parlé à Héla et aux autres pour ne pas les inquiéter mais cette sensation avait bien ressemblée à l'arrivée d'un Ange. Alors qu'il relevait la tête pour partir en direction du sombre souterrain, un éclair blanc attira son attention. Sur un tas de ruines, un peu plus loin, une petite fille toute vêtue de blanc le regardait fixement d'un air curieux. Il aurait dû, il le savait très bien, mais il ne parvenait pas à être méfiant devant son visage d'une pureté extrême. Les larges ailes blanches qui lui sortaient du dos brillaient sous le soleil, comme les ailes d'une colombes, immaculées, supposées apporter la paix. Il connaissait les Ange, il savait qu'on ne pouvait s'y fier, qu'il pouvaient être bien pires que les Harpies, mais lui restait là, sans bouger. Il ne pouvait se résoudre à la tuer, mais elle risquait de révéler leur position à son peuple. Alors il décida de s'adresser à elle comme ce qu'elle était : une enfant.

Il lui fit un tendre sourire et posa son index sur ses lèvres en espérant qu'elle comprendrait le message. A son grand soulagement, elle lui rendit un sourire amusé en acquiesçant et posa à son tour le doigt sur ses lèvres. Elle étendit ses ailes, et partit au loin en quelques battements.

« -Et merde, gronda-t-il en se précipitant dans les souterrains. Ils nous ont suivis. »

VaylonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant