Acte III, scène 5

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Auriane, Marguerite, Agnès, Madeleine, Louise

Dans la chambre de Marguerite.

LOUISE – Commençons par Agnès. Pensée ou péripétie ?

AGNÈS – Péripétie.

LOUISE – Hum... Faites le tour de la chambre à cloche pied.

AGNÈS – Quoi, autour de vous ? Et avec ma robe ?

MADELEINE, riant – Oui.

Agnès s'exécute. Les jeunes femmes rient.

MARGUERITE – A votre tour Louise.

LOUISE – Pensée.

MARGUERITE – Racontez-nous la plus grande honte de votre vie.

LOUISE – Désirez-vous vraiment le savoir ? C'était dans la demeure d'une de mes amies, elle y donnait une réception à laquelle j'avais été conviée. Je me suis éclipsée un moment pour aller aux toilettes, et, dans ma précipitation, je n'ai pas remarqué que j'avais laissé un pan de ma robe dans mon jupon. Je vous laisse imaginer la réaction de ces gens, qui avaient déjà plusieurs verres dans l'estomac.

Les jeunes femmes gloussèrent gaiement avant de reprendre le cours du jeu. 

MADELEINE – A vous Auriane.

AURIANE, troublée – Hum...Péripétie.

LOUISE – Alors,... Vous devez prendre un vêtement au hasard dans la commode de Marguerite et vous en faire une coiffure avant de défiler devant nous.

Rires. Auriane s'exécute à son tour. Elles continuent de jouer gaiement. Musique.

MARGUERITE – C'est encore votre tour Auriane.

AURIANE – Pensée cette fois-ci.

AGNÈS – Avez-vous déjà été amoureuse ?

AURIANE, rougissant – Oui.

AGNÈS – Et peut-on savoir de qui ?

Auriane se cache dans les pans de la robe de Marguerite, à ses côtés.

MARGUERITE – Je crois que nous le savons toutes.

AGNÈS – Oui, en effet.

MADELEINE – Oui.

MARGUERITE – Disons le ensemble.

TOUTES – André de Nemours.

AURIANE, relevant la tête – Oui...

MARGUERITE – Ma pauvre enfant, la discrétion n'est pas votre point fort. Nous avions toutes deviné depuis longtemps déjà. Nous vous connaissons si bien, un pareil secret ne peut pas nous être caché. Mais, je suis heureuse que vous nous l'ayez avoué. Nous sommes vos amies, après tout !

AURIANE – Il est vrai que je me blâme moi-même du penchant que j'ai pour lui et j'avais peur de votre réaction, connaissant votre inimitié pour cet homme.

LOUISE – Que nous ne l'aimions pas ne signifie pas que nous ne le connaissons pas. Je sais très bien le pouvoir, l'emprise qu'il peut avoir sur la gente féminine et...

AGNÈS – Une jeune femme innocente telle que vous ne pouvait que succomber.

AURIANE – J'ai l'impression que vous savez lire en moi mieux encore que mes propres parents. Sans que je dise un seul mot, vous avez compris.

MARGUERITE – Ma chère, votre visage est un livre ouvert. Il vous faudra apprendre à le composer selon votre gré pour paraître en société.

AURIANE – Oui, je ne suis pas douée dans l'art des masques et de la dissimulation.

MADELEINE – Vous avez une âme de poète, qui ressent plus fort encore les émotions humaines. C'est un don qui ne doit pas être négligé. Mais nous vous aiderons à apprendre les coutumes de la Cour.

AURIANE – Merci. Mais... Continuons de jouer, voulez-vous ?

L'espoir fait vivre [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant