Les Deux Mondes - Tome 1

Chapitre 4

Durant toute l'après-midi, la monture de Maya fit tout son possible pour embêter sa cavalière. Au vingtième saut de mouton, la jeune fille hurla :

- Mais j'en ai marre de ce canasson !!!

Aliza éclata de rire mais Orain répliqua froidement :

- Ce n'est pas la faute du cheval mais celle du cavalier...

Bouillante de rage, Maya descendit en bougonnant :

- Je m'en fiche, je ne ferai pas un pas de plus sur le dos de cette bestiole. J'ai mal aux fesses moi !

Exaspéré, Orain soupira :

- Bon, nous allons faire un pause.

Il descendit de son cheval et tendit une main pour aider Aliza à descendre mais celle-ci ne prit même pas la peine de le regarder et alla rejoindre son amie. Elle s'approcha de l'autre cheval qui grattait le sol nerveusement et tendit sa main vers lui. Il avança les naseaux pour renifler la main de l'étrange personne au cheveux bleus. A la grande surprise des deux filles, l'animal émit un petit hennissement de joie et vint frotter sa tête contre le bras d'Aliza.

- Maya, tu as vraiment un problème avec les animaux !

La jeune fille grogna quelque chose en s'éloignant et en frottant ses fesses douloureuses. Au bout de dix minutes, Orain les exhorta à remonter à cheval mais Maya protesta vivement. Aliza lui proposa de monter elle-même la bête « indomptable ».

- Eh bien je te souhaite bonne chance alors, je vais prendre ta place avec ''notre Altesse bavarde''.

Orain soupira, las de devoir supporter cette fille :

- Et dire que je vais devoir me marier plus tard... J'espère avoir le choix.

Il laissa Maya monter la première et se retourna pour aider Aliza puis il monta derrière Maya, prit les rênes et partit. Le voyage se poursuivit sans aucun problème jusqu'à la tombée de la nuit. Le cheval restait calme et docile. Au bout d'un moment, la forêt s'arrêta brusquement pour laisser place à une vaste étendue d'herbe sèche.

Orain s'arrêta et balaya le paysage du regard, dubitatif. A leur gauche,un grand fleuve se jetait dans les flots sombres qui s'étendaient à perte de vue. Les vagues léchaient la plage rocheuse et les dernières mouettes piaillaient encore dans le ciel annuité. L'odeur du sel était portée par les vents du soir. Orain mit pied à terre,descendit la petite pente pour rejoindre la plage de galets et fit quelques pas parmi les cailloux pointus. Bouche bée, les filles regardaient autour d'elles, émerveillées. Tout ici était d'une beauté sauvage. Les vagues venaient se briser avec violence sur les rocs déchirés par les intempéries et le mistral balayait les environs, faisant frissonner les trois amis. Orain fini par articuler:

- Nous ne devrions pas nous trouver ici...

- Et c'est où ici ?

- Nous sommes à proximité du Château de l'Ombre.

- Mais qui vit dans un endroit pareil ? demanda Aliza.

- C'est lui.

- Qui, lui ?

- Krumbratur.

- Sa mère ne devait vraiment pas l'aimer pour lui donner un nom pareil, s'exclama Maya.

- Bon maintenant ça suffit ! Vous allez établir le campement pendant que je vais m'occuper de nos chevaux, dit Orain en s'éloignant, tendu.

Les filles regardèrent autour d'elles, découragées. Il n'y avait tout simplement rien à part des galets pointus et des rochers. Elles s'assirent sur le sol mais se relevèrent presque immédiatement :