Chapitre 13

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Aliza et Maya passèrent énormément de temps avec Liséfan. Elles découvrirent d'autres pièces qu'elles n'avaient encore jamais visité comme l'observatoire, l'armurerie et les différents salons où l'on pouvait discuter et jouer sans être déragé. Il faut également dire que, depuis leur petite escapade dans les jardins, elles s'étaient rapprochées de Denzel. Le jeune homme discutait avec elle et il avait un côté moins soldat que celui qu'elles lui connaissaient. Il leur appris à jouer aux échecs, il participa à certaines de leurs autres ''sorties''... C'est pourquoi, à peine deux jours après leur premier coup fourré, elles eurent de la peine à le voir partir participer aux patrouilles frontalières. Estëfan et Araell aussi suivraient et dirigeraient les équipes. Le temps de leur absence ne serait que d'une semaine mais cela pouvait paraître une éternité lorsqu'on se retrouvait avec des activités limitées.

Les filles passèrent beaucoup de temps à la bibliothèque. Maya remarqua rapidement que le regard de sa meilleure amie allait vers le fond. Elle voulait lui en demander la raison mais elle tombait toujours sur un rayon qui l'intéressait particulièrement. Entre l'histoire, les contes pour enfants et la botanique, elle ne savait plus où donner de la tête. Les deux amies épluchèrent leurs rayons favoris pendant de longues heures jusqu'au jour où l'impensable se produisit.

Liséfan, Maya et Aliza jouaient aux échecs dans leur nouveau lieu favoris durant une magnifique matinée. Tout se passait parfaitement bien. Aliza, mauvaise joueuse, accusait encore Maya d'avoir triché quand le sol vibra. Les trois filles se regardèrent, des questions dans les yeux. Le tremblement s'accrut puis, aussi soudainement qu'il était venu, disparu. Quelques secondes puis une grande détonation retentit. Elles se couchèrent à terre en hurlant (soit dit en passant, un réflexe tout à fait humain). Une deuxième explosion fit trembler les étagères et tomber au sol les pièces de l'échiquier. Les filles levèrent la tête vers le plafond de verre et virent que, durant la troisième déflagration, le ciel se colorait de couleurs indéfinissables. Des cris dans les couloirs s'étaient très rapidement mêlés à ceux des filles terrorisées.

Lors de la quatrième explosion, encore plus violente que les autres, la vitre du plafond éclata et retomba en pluie dans la bibliothèque. Pour se protéger de cette folie, les trois amies s'étaient recroquevillées sous un bureau en attendant que les choses se calment un minimum.

La folie à l'état pure régnait au palais. Des soldats elfes couraient en tous sens pour tenter d'apercevoir leurs agresseurs et les serviteurs qui traînaient auparavant dans les couloirs s'étaient tous réfugiés sous des meubles. Les livres étaient tombés de leurs étagères et les encriers se vidaient lentement sur le sol. Les parchemins finissaient leurs chemin vers le parquet en glissant sur l'air.

La première à se relever fut Maya. Passé la surprise, elle voulait assouvir sa curiosité et son incompréhension. Elle s'était levée puis dirigée vers la porte. Elle remarqua la vive agitation des soldats puis entendit les bribes d'ordres et d'informations lancés à la volée.

Aliza et Liséfan sortirent à leur tour de leur repaire et questionnèrent leur amie du regard. Maya, une lueur inquiète dans les yeux, leur répondit :

- L'entrée s'est écroulée. Il y a des blessés et il y aurait même des morts...

A cette annonce, Lise blêmit. Elle savait que son père et son frère étaient en patrouille aux frontières mais elle connaissait tout le monde dans la grande Maison. Pour la rassurer, Aliza lui prit la main et la serra gentiment. Elle demanda ensuite, inquiète :

- Mais que se passe-t-il ?

Maya la regarda gravement et lui dit sans tenter de dédramatiser la situation :

- Les sorciers de Krumbratur ont attaqué la Maison Grise.

La peur se lut immédiatement sur les visages de Liséfan et d'Aliza. La Maison Grise attaquée ! Qui aurait pu l'imaginer.

Les trois filles sortirent de la bibliothèque, profitant que les bombardements aient cessés. Elles se dirigèrent vers la chambre de Maya. C'est d'ailleurs celle-ci qui menait le groupe. Liséfan était complètement terrorisée et Aliza tentait tant bien que mal de la réconforter. Elle jetait des regards inquiets à chaque intersections de couloirs.

Elles ouvrirent la porte à la volée et se réfugièrent sur le lit. Les couvertures sur la tête, elles tentaient de se réconforter mutuellement. Liséfan entendant toujours les cris qui rugissaient depuis les couloirs, porta ses mains à la tête pour se boucher les oreilles. Des larmes de terreur se mirent à couler à flot sur ses joues. La jeune Elfe se recroquevilla sur elle-même et la seule chose que purent faire ses deux amies se fut de la prendre dans leurs bras et de la bercer. Elle jetait pourtant de temps à autre un coups d'œil hors de leur cachette vers la fenêtre pour voir si la folie qui régnait prendrait fin un jour.

Les Deux Mondes - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant