CH 1

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Le jeune homme finit son cercle de sel. Il attrapa les quatre bougies noires et les plaça aux quatre coins cardinaux. Il plaça le bol remplit d'herbes à un endroit simple à atteindre puis sortit une feuille A5 et recopia le pentacle qu'il avait trouvé.

Il grimaça à son imitation désastreuse et haussa les épaules. De toute façon c'était l'intention qui comptait sa grand-mère lui répétait toujours. Et Cecil savait ce qu'il voulait, son intention était parfaitement claire.

Il tira les rideaux. Il faisait encore jour mais il ne voulait pas entamer son rituel en pleine nuit quand un voisin pourrait se plaindre et briser sa concentration. Là il risquerait gros.

Finalement il plaça son pentacle gribouillé sur le papier au centre du cercle de sel. Si jamais cela tournait mal le familier serait coincé dans le cercle. Cela protégerait Cecil et toutes autres possible proies, lui permettamt de chasser le démon sans danger.

Il avala sa salive, inspira puis expira et enfin commença le rituel. Il alluma les bougies une à une en se connectant à sa magie puis à la magie traversant la terre. Se centrer puis se connecter.

Sa respiration se calma alors qu'il entrait dans une légère transe.

Il entama le chant pour appeler le familier. L'air devint plus frais autour de lui, lui donnant la chair de poule. Il tourna autour du cercle, ses mains bougeant dans une suite de mouvements qu'il avait mis du temps à apprendre. Il avait répété tant de fois que ses mains dansaient.

Les yeux fermés ses poils se hérissèrent alors que l'air devenait gelé. Un courant électrique partant de son torse lécha ses bras. Des bruits pointues et vifs de 'pop' et 'click' résonnèrent à la base de sa peau jusque dans son crâne. On aurait dit des bruits de fritures sur une vieille télé.

Le frémissement disparu d'un coup pour être remplacé par un son statique où seule sa voix perçait. Le jeune homme avala difficilement sa salive, une sourde anxiété montant en lui. Il inspira en tremblant entre deux phrases, hésita, puis entama la dernière phrase.

Un râle venant de ses pieds le fit sursauter. Il ouvrit les yeux pour aussitôt les fermer de douleur. Une lumière aveuglante venait de sa feuille A5.

Un tremblement, un seul, parcouru la pièce et Cecil se retrouva sur les fesses. Il rouvrit les yeux avec hésitations.

Le jeune homme observa le nouveau venu sous le choc.

Le familier que Cecil venait d'appeler était grand. Bien, bien plus grand que Cecil c'était imaginé un familier. Il devait faire une ou deux têtes de plus que Cecil. Il était très musclé. Et aussi très humain. Sa peau brune semblait toutefois rayonner d'un éclat doré.

Un énorme tatouage avalait son dos et revenait se nicher sur une partie de son ventre et ses hanches. Cela représentait des symboles inconnus mais Cecil les trouvait magnifique.

Le corps sur lequel ces tatouages s'étalaient aussi.

Cecil avala sa salive et fit redescendre son regard. Le familier n'était fait que de muscles. Sa longue jupe d'un jaune vif se collait à ses jambes vigoureuses et s'arrêtait juste au-dessus de pieds nus. Ses chevilles étaient ornées de lourds bracelets d'or.

Le familier grogna et bougea pour s'étirer. Le regard de Cecil suivit le mouvement et il se pencha légèrement sur la droite pour admirer les muscles du dos.

Des yeux d'un vert tout à fait banal se tournèrent vers lui. La lumière des bougies redevint normale et ses pupilles se contractèrent, des pupilles de chat.

"Qui es-tu ?" le familier demanda en penchant la tête, ses cheveux noir soyeux glissant sur son épaule.

"Cecil ?"

"En es-tu sûr ?" interrogea le familier d'un ton amusé.

"Oui ?"

Le grand homme-démon-familier ? fronça les sourcils.

"Je vois, c'est une sorte de tic de répondre aux questions par une interrogation chez toi, non ?"

Cecil haussa légèrement les épaules, "Oui ?"

"Soit," le familier soupira, fermant les yeux un instant avant de planter Cecil sur place par l'intensité de son regard. "Je suis Arel."

"Arel ?"

"Cesse donc ces interrogations !"

Cecil couina mais hocha furieusement la tête. Arel ne ressemblait pas à l'idée d'un familier qu'il c'était faite. Arel était bien plus imposant. Et séduisant.

"Alors, que veux-tu de moi ?"

"Je voulais... juste un ami."

"Un ami ?"

Cecil hocha la tête.

Cela disait quelque chose à Arel. Un incube ou succube, passant entre les mondes plus souvent, devait avoir parlé de ce mot.

"Et que fait un ami ?"

"Euh ... on passe du bon temps ensemble ?" Cecil toussota quand le familier fit les gros yeux à son interrogation. "On se défend l'un l'autre, on étudie ensemble et ... et on est moins seul."

Oh, terrible, terrible description, bravo Cecil, tu es génial ! se fustigea le jeune homme.

"Un ami," répéta Arel. Cela ressemblait terriblement à un Ovaï, un partenaire en temps de guerre comme de paix, un frère d'arme. Si ce gamin était pris dans une guerre il avait vraiment besoin d'un Ovaï.

Arel était quand même concerné que le garçon ait pensé qu'un familier ait été suffisant pour être un 'ami'. Ces choses étaient petites, faibles, pitoyables même. Elles n'étaient bonnes qu'à faire des animaux de compagnie. Ou faire des corvées.

"Bien," il posa ses mains sur les épaules du garçon qui sursauta. "Tu es malingre et maladroit mais je serais ton Ovaï, ton 'ami' le temps nécessaire."

Cecil balbutia, ne sachant pas quoi répondre. Il s'attendait à un familier ne parlant peu, voir pas du tout. Une petite chose se rapprochant plus d'un animal de compagnie que d'un homme.

Un homme ! Il y avait un démon à taille humaine dans son salon qui acceptait d'être son ami. C'était stupéfiant. Cecil en avait la tête qui tournait.

Arel fut content du sourire plein de joie de l'humain. Il était un peu moins content de la sensation du contrat. C'était comme si une chaîne avait été serrée autour de son poignet. Il tenta de la desserrer mentalement et sentit une craquelure.

Oups, mauvais mouvement. Un peu plus et il aurait brisé le lien. Il ne voulait pas rendre triste ce pauvre petit homme. Arel pouvait survivre avec un poignet magiquement serré.

Et puis ce n'était que pour le temps qu'il retrouve son énergie après être passé par une porte pas du tout faite pour lui. D'ici là il aurait déjà mis fin à la guerre du jeune Cecil. Ou pas. Il n'était pas certain de combien de temps cela prendrait. Ni comment les guerres humaines se faisaient. Peut-être allait-il simplement trouver un Ovaï remplaçant pour l'humain.

Oui, c'était un bon plan. Il ne voulait pas non plus laisser ce petit homme se faire massacrer.

Il lui avait été d'une assistance inouï en le faisant sortir de la dimension des daemons.

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Juste un ami- terminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant