CH 3

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Le jour suivant Cecil fixa Rose rentrer chez elle dans l'immeuble de la rue d'en face. Ils étaient dans la même fac et avaient décidés de travailler ensemble sur un projet, mais ils n'étaient pas vraiment proche. Il ne lui avait pas demandé ce qui n'allait pas depuis des semaines comme elle avait gardé la bouche fermée à propos des derniers jours.

Il n'en restait pas moins qu'il était un peu inquiet pour elle. Cecil l'avait vu passer de la fille flamboyante à une ombre longeant les murs. De ses robes preppy avec veste en cuir elle était passée au vieux jean et sweat-shirt. Bien évidement cela se passa en plusieurs semaines.

Les gens disaient que Cecil ne remarquait jamais rien sur ce qui se passait autour de lui, avec les gens qu'il connaissait. Et il manquait des informations, il le savait, mais la plupart du temps il remarquait tous ces petits détails que d'autres manquaient. Il voyait et se taisait. Parce qu'il remarquait trop de choses et ne savait pas ce qui était acceptable d'amener dans une conversation, parce qu'il ne savait pas parler, parce qu'il ne savait pas quoi faire.

Peut-être qu'il aurait dû parler à Rose ? Peut-être qu'il devait défier Arel ?

Il soupira et rentra dans son immeuble seulement pour maudire le fait que l'ascenseur soit en réparation. Il prit les escaliers avec chagrin. Il avait du mal à monter les marches. Ses cuisses brûlaient, son dos le tuait et même respirer lui faisait mal quand ses poumons tendaient ses muscles courbaturés.

Ce matin-là Arel l'avait encore réveillé a pas d'heure pour il ne savait combien de temps de musculation.

Il devait avoir invoqué un coach sportif au lieu d'un familier, Cecil se dit en remontant difficilement la prochaine marche. Ça ne semblait pas trop rocambolesque. Il avait toujours pris les sportifs pour des démons.

Techniquement il aurait pu dire non à Arel. Arel qui faisait bien une tête de plus que lui et avait le double de sa masse corporelle. Techniquement Cecil aurait pu refuser l'entraînement presque militaire du démon. Mais Cecil tenait à sa vie.

Il suivait donc l'entraînement du démon qui en ressortait toujours très heureux. Cecil ne voulait pas le voir autrement que de bonne humeur. Arel était trop intimidant pour que Cecil ose se le mettre à dos, même pour quelques minutes.

Le blond fit une pause pour gémir de douleur. Pour Cecil, vivre avec Arel était presque aussi difficile que de vivre chez sa mère. Le démon envahissait son espace, désorganisait son emploi du temps et s'il ne le critiquait pas tout le temps il demandait toutefois beaucoup d'attention. Il était comme un chiot surexcité.

Au moins la télé le gardait occupée un bon bout de temps. Ça l'hypnotisait pendant des heures. Cependant ce n'était jamais assez de temps pour que Cecil puisse faire tous ce qu'il avait prévu et ait un moment à lui où il pouvait ne rien faire.

En rentrant Cecil vit la télé allumée à un volume qui l'agaça sur le champ. Des piles de livres étaient étalés sur la table base et le canapé. La table et les deux chaises que Cecil avait cherché la veille au soir, trouvées dans l'angle derrière la porte d'entrée et encore disparut ce matin-là étaient à leurs places habituelles. Mais une casserole sale et un bol tout aussi sale trainaient dessus.

À sa droite un bruit de casserole reposé sur la cuisinière lui fit tourner la tête avec crainte. Arel le salua d'un signe de main et un sourire. Il était toujours habillé simplement de sa jupe coloré et torse nue comme s'il ne ressentit ni froid ni embrassement.

"J'ai tenté de faire le repas," dit-il avec un ton amusé avant de regarder par terre et se frotter la nuque. "Je ne suis pas très doué. Même chez moi on ne me laissait pas dans la cuisine."

Juste un ami- terminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant