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c h a p i t r e . 3

Desserrant sa cravate dans un soupir de frustration, YoonGi s'affala sur le fauteuil en cuir de son bureau. Il venait de passer une journée complètement pourrie. Il avait passé sa matinée à courir après le nouveau duo de chanteurs à qui il avait pourtant donné rendez-vous dans la salle d'enregistrement de la boîte.

Il devait se charger de la production musicale de leur tout premier disque, mais pourtant, la seule réelle chose qu'il avait l'impression de devoir faire, c'était du baby-sitting. Il s'était littéralement fait chier à courir derrière tels ou tels employés dans le but de les localiser, vidant son énergie dans des investigations aussi ridicules que fatigantes, pour finalement les retrouver affalés dans leur hideuse salle de danse secondaire, faisant probablement mumuse avec tous les accessoires qui s'y trouvaient.

- Vous vous foutez de moi ?! Avait presque hurlé YoonGi, rendant leur jolis visages d'enfants aussi blancs que sa chemise. Ça fait presque trois heures que je vous cherche bordel ! Vous croyez que c'est mon job de courir après votre arrière-train toute la matinée alors que j'ai du travail à ne plus savoir qu'en faire ?! Alors maintenant, quand on vous donne un horaire pour bosser, vous avez intérêt à être à l'heure si vous ne voulez pas que je fasse de votre vie un enfer sur terre ?! Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?!

À voir la tête qu'avaient tiré les gamins le reste de la journée, YoonGi était au moins certain qu'il ne risquait pas d'avoir à nouveau un problème de ce genre. Cependant, quand ce n'était pas les idoles, c'était le matériel qui lui faisait faux-bon. Les micros et instruments semblaient étrangement avoir pris la fuite, au plus grand malheur du producteur et de ses pauvres ''protégés''.

Rendant son humeur bien plus morose qu'elle ne l'était déjà, la désorganisation de cette journée déjà bien merdique rendait le pauvre producteur à deux doigts de l'implosion cérébrale.

Oui, il passait définitivement une journée pourrie.

Et pourtant, être à fleur de peau, ce n'était franchement pas dans ses habitudes. Lui qui, souvent, était une personne plutôt passive et calme, se retrouvait à hausser la voix et râler sa colère au monde entier à tout va. Hors ça ne lui ressemblait pas. Pas du tout même. YoonGi, c'était la sérénité même. Un mur de silence, vierge de toute intempestivité. Et pourtant, aujourd'hui, il était son contraire. Il était détestable au plus haut point.

D'un geste las, il passa une main devant ses yeux pour se les frotter doucement dans un énième soupire rauque.

«T-Ton père... Est carrément homophobe YoonGi...»

Cette phrase passait en boucle dans la tête du brun. Elle passait sans interruption, sans prévenir. Elle hantait son esprit depuis que son meilleur-ami avait prit la peine de la formuler. Et honnêtement, YoonGi était terriblement épuisé de la réentendre toutes les minutes de sa journée.

Le visage de ce fameux ''Jimin'' lui apparaissait continuellement aussi. À tel point que le jeune producteur aurait pu en faire un portrait-robot détaillé sans le moindre soucis. Cette histoire tournait presque à l'obsession, et bien malgré lui, YoonGi se retrouvait à n'avoir rien d'autre à penser que ça. Le danseur, l'homophobie de son père, les mélodies de Vivaldi... Tout se mélangeait dans sa tête pour n'être plus qu'un flux incontrôlable de pensées bruyantes. Trop bruyantes pour lui.

Zieutant rapidement sa montre excessivement chère - cadeaux d'un cousin éloigné -, YoonGi pris la sage décision de quitter le bureau malgré ses 10 minutes d'avance. Étant donné les heures supplémentaires innombrables qu'il avait offertes à l'agence, il ne se sentait aucunement coupable de sa sortie légèrement avancée.

Le froid agressa immédiatement ses pauvres joues palotes tandis qu'il sortait enfin du grand hall des locaux de l'immeuble. Le mois de décembre attaquait Séoul avec violence, faisant baisser les thermomètres dans le négatif sans pour autant lui offrir le réconfort d'un paysage blanc et immaculé. Et cela rendait YoonGi presque morose.